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  • : Le blog de Jean-Loup
  • : Engagé, depuis plusieurs décennies dans une démarche visant à lutter contre tous les processus d'exclusion, de discrimination et de ségrégation socio-urbaine, je suis persuadé que si nous voulons « construire » une société reposant sur un véritable Vivre Ensemble. Il nous faut savoir, donner du sens au sens, prendre le temps de la concertation et faire des propositions en adéquation avec les besoins de nos concitoyens.
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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 12:18

Parce que c’est facile, parce que c’est à la mode et parce que la pression sociale est maintenant immense, l’écologie est trop souvent l’occasion de s’abandonner à la peur, la culpabilité et l’idéologie décroissante anti-capitaliste dans laquelle l’humain est une toute petite variable d’ajustement. Or, une autre écologie est possible, qui envisage le rapport entre l’homme, les autres êtres vivants et notre milieu de vie sans mépriser une saine rationalité, les études scientifiques et les progrès techniques dans le domaine de la protection de l’environnement et de la santé.

Et alors que la Conférence Climat COP21 s’ouvre aujourd’hui à Paris avec pour modeste objectif de sauver les fleurs, les koalas et toute la planète sous les rires des enfants, peut-être serait-il bon de rappeler que toute nouveauté, toute évolution technique ou technologique n’est pas forcément à écarter d’emblée en dépit du principe de précaution inscrit depuis 2005 dans notre Constitution.

Or, s’il devait y avoir un bingo des technologies honnies par l’écologie médiatique, les organismes génétiquement modifiés (OGM) le remporteraient haut la main : ils font peur pour l’environnement et pour la santé, ils sont mis en œuvre par des groupes internationaux tels que Monsanto (USA) ou Limagrain (France) dont la soif de profits les protège d’absolument toute probité (c’est évident). Il importe donc de les détruire ou de les faire interdire, quitte à s’appuyer sur des études absurdes, des photos dramatiques et des déclarations à l’emporte-pièce se terminant sur le mode « Et les enfants, vous y pensez, aux enfants ? »

Pour la destruction, on pourra faire appel à José Bové, syndicaliste de la Confédération paysanne, qui a été condamné pour l’arrachage en 2008 de plants de maïs transgénique expérimental. Et pour l’interdiction, on pourra toujours s’appuyer sur l’un ou l’autre bricolages spectaculairement approximatifs de Séralini, qu’il avait réalisés en 2012 sur des rats nourris avec du maïs transgénique NK603 de Monsanto présentant une bonne tolérance aux glyphosates (herbicides).

En tout cas, si les OGM sont toxiques, à ce jour pas une seule plainte en ce sens n’a été relevée. Ce qui n’a pas empêché leurs opposants d’installer durablement dans l’opinion publique un certain nombre de mythes comminatoires pour nous les faire abandonner.

L’un des plus célèbres reste la stérilité des semences, volontairement programmée par Monsanto afin d’obliger les pauvres agriculteurs à racheter des graines chaque année. En réalité, ces semences ne sont pas du tout stériles. Il existe bien une technologie dite « Terminator » qui impose cette stérilité, mais elle n’est pas utilisée. Quant à l’habitude de racheter des semences chaque année, elle est bien antérieure aux OGM et remonte au début du XXème siècle avec l’apparition des céréales hybrides, qui ont apporté de meilleurs rendements et une plus grande résistance des cultures. Les graines issues de ces hybrides ne conservant cependant pas ces bénéfices, des entreprises spécialisées dans la sélection des semences se sont développées et les agriculteurs ont pris depuis longtemps l’habitude de s’approvisionner auprès d’elles.

Il en va de même avec les semences des OGM, résultats d’une sélection rigoureuse et qui proviennent d’une modification sur un gène ciblé. En réalité, ces modifications ne sont pas nouvelles ; c’est leur type qui a changé.

Le blé actuel, par exemple, est le résultat de nombreuses hybridations qui ont vu l’incorporation de dizaine de milliers de gènes dans le génome des espèces parentes. Il y a 500 000 ans, le blé sauvage d’origine possédait 7 paires de chromosomes alors que sa domestication, il y a environ 10 000 ans, l’amène à en posséder 21.

Plus récemment, il était également possible d’obtenir de nouvelles variétés de plantes par la technique de la mutagénèse : les semences sont exposées à des produits chimiques ou à des radiations massives qui entraînent des mutations variées dans le génome. Les entreprises productrices opèrent ensuite une sélection pour garder les caractéristiques qui les intéressent. On peut citer par exemple le cas du riz basmati produit au Pakistan, principal producteur mondial, qui a été obtenu par ce procédé (basmati 370). Étonnamment, on n’entend pas trop José Bové monter à l’assaut des rizières, ni les éternels contempteurs des OGM livrer bataille contre les importations de ce riz qui s’accommode même de l’imagerie écolo actuelle.

Partant de là, on se demande bien pourquoi l’opération sur un seul gène serait plus nocive pour l’Homme et la Nature que les hybridations successives qui se produisent naturellement depuis des milliers d’années ou que les produits obtenus par mutagénèse qui affectent largement plus d’un gène. On se le demande d’autant plus que les OGM concernent finalement assez peu de plantes : maïs, soja, colza, coton, betterave à sucre, papaye et courge, et quelques tentatives sur des tomates, du riz et des pommes de terre. Et d’autant mieux que, loin de porter atteinte à l’intégrité humaine — pour rappel : toujours pas de plaintes déposées — ces OGM permettent au contraire de résoudre de nombreux problèmes de santé, de développement et d’environnement.

Par exemple, dans la résistance et l’éradication d’un virus.

À Hawaï, la culture de la papaye était menacée de disparition en raison d’un virus, le ringspot(PRSV), apparu de façon sévère au début des années 1990. Il se propage très rapidement via des pucerons, provoquant la déformation des fruits et la mort des arbres, la seule façon d’en éviter la diffusion consistant d’ailleurs à les abattre. Pour une île dont la deuxième production agricole est, après celle de l’ananas, celle de la papaye, ce fut une véritable catastrophe économique.

Aucune variété naturelle de papaye ne présentant une résistance au ringspot, des chercheurs de l’Université de Cornell (New-York) dont Dennis Gonsalves, ont mis au point une papaye transgénique résistante en insérant dans le génome du fruit une séquence d’ADN provenant du virus PRSV. Après de nombreux tests, elle est cultivée à Hawaï depuis 1998 et commercialisée aux États-Unis et au Canada. Cette papaye a mis un terme à l’épidémie de ringspot et a même permis par la suite un retour de la culture de papayes non transgéniques.

Par exemple, pour la résistance à une bactérie

Le cas des oranges de Floride est assez similaire à celui de la papaye, si ce n’est qu’il s’agit ici de résister à une bactérie. Les fruits sont atteints d’une maladie mortelle dite du « dragon jaune » (citrus greening) transmise par des insectes. Il n’existe aucun traitement curatif, mais des chercheurs ont imaginé introduire un gène d’épinard résistant à la bactérie mortelle afin de doter ces oranges d’une bonne immunité.

Par exemple, pour la santé publique et la lutte contre la cécité

Selon des chiffres publiés par l’OMS en 2013, 250 millions d’enfants de moins de 5 ans dans le monde ont des carences en vitamines A, 250 000 à 500 000 deviennent aveugles, la moitié d’entre eux mourant dans les douze mois après la perte de la vue. Il existe bien sûr plusieurs méthodes conventionnelles pour leur fournir de la vitamine A, comme la distribution de suppléments en capsules trimestrielles, mais elles se heurtent à des problèmes lourds de formation du personnel médical et de logistique de diffusion notamment.

La solution élégante consiste à doter le riz, alimentation principale de plus de trois milliards de personnes dans le monde, de β-carotène dans la partie comestible de son grain par modification génétique, ce qui aboutit en 1999 à la création du riz doré.

Cette idée ô combien humaniste fut cependant l’occasion pour Greenpeace, pieux opposants des OGM, de faire éclater une controverse. Suite à une étude conduite en Chine auprès d’enfants sur l’efficacité de l’apport en vitamine A par le riz doré, l’aimable ONG, oubliant sans doute qu’on tentait ici de sauver des vies humaines, préféra mettre en avant une hypothétique dangerosité et, plus encore, l’aspect scandaleux de l’expérience (les enfants étaient traités comme des « cochons d’Inde » selon le point de vue nuancé de l’organisation).

Bizarrement, l’enquête diligentée par les autorités compétentes montra que s’il y avait bien eu quelques manquements dans l’information et le consentement des familles, les enfants n’avaient en revanche jamais été en danger et le riz doré n’était pas en cause lui-même.

Par exemple, pour la santé publique et la lutte contre la malaria

Cette maladie, transmise par les moustiques, affecte tout particulièrement les enfants et les femmes enceintes. La plupart des cas surviennent en Afrique subsaharienne et se soldent chaque année par plus de 400 000 décès. Les traitements habituels à base d’insecticides commençant à montrer des signes de faiblesse, des chercheurs de l’Université de Californie ont mis au point par génie génétique une variété de moustiques inaptes à répandre la malaria. Les tests en laboratoire montrent que les gènes anti-malaria de ces moustiques sont transmis à 99,5 % de leurs descendants.

Ces bons résultats, qui doivent encore faire l’objet de contrôles aussi bien en laboratoire que dans la nature, permettent d’envisager une alternative appréciable dans la lutte contre cette maladie. Soyez certains cependant que les habituelles organisations anti-OGM se lèveront comme un seul homme (pas mort de malaria) pour fustiger cette abomination : la nature, à l’évidence, ne pourra supporter ces modestes changements génétiques et l’humanité pourra certainement bien compter quelques millions de morts supplémentaires (notez au passage que l’argument ne marchera pas pour le Réchauffement Climatique où des millions de morts hypothétiques justifieront toujours tout).

Par exemple, dans des applications industrielles

Les pommes de terre classiques contiennent de l’amidon réparti à 20% en amylose et à 80% en amylopectine. Ce dernier composant est celui qui est recherché par l’industrie dans certains traitements alimentaires ou dans la productions de pâtes industrielles (papier). Les procédés actuels qui permettent de séparer l’amylose de l’amylopectine sont complexes et coûteux en énergie et en eau.

Grâce à la transgénèse, BASF a pu développer la variété Amflora qui produit 100% d’amylopectine, supprimant ainsi ce besoin de séparation (ce qui diminue les coûts de production, et les coûts environnementaux — eh oui, c’est écolo !). En 2010, le groupe chimique allemand obtient les autorisations de l’Union européenne pour cette pomme de terre. Malheureusement, lobbies anti-OGM aidant, le cadre règlementaire n’arrête pas de fluctuer et BASF, devant les risques d’arrachage des cultures expérimentales, décide d’abandonner tous ses projets de recherches en Europe pour les déplacer aux États-Unis. Bien joué.

Conclusion

À moins de limiter notre nourriture à des baies sauvages, de chasser du gibier ou de pêcher du saumon sauvage, nous mangeons tous et depuis longtemps des aliments qui ont subi des altérations génétiques, que ce processus se soit fait naturellement depuis des millénaires ou plus récemment par la main de l’homme à travers les hybridations, la mutagénèse ou le génie génétique.

La véritable phobie qui s’empare d’une majorité du public dès qu’il est question d’OGM tient plus à une peur liée à l’incompréhension des réalités, à une méconnaissance parfois sévère de la science sous-jacente, qu’à une peur rationnelle basée sur des faits objectifs. Obligeant l’abandon de réussites technologiques résolvant pourtant de véritables fléaux, ces peurs finissent par coûter très cher à la fois à notre santé et à la qualité de notre environnement. Elles occultent ainsi que ces OGM permettent de résister à des virus et des bactéries, de lutter contre des maladies graves ou mortelles, de limiter les utilisations de pesticides et herbicides, en principe fort mal vues des écologistes. Et pire encore sur le plan idéologique, ces peurs en viennent à lutter contre des améliorations pourtant visibles de notre impact environnemental.

En réalité, des milliards d’Indiens, de Chinois, d’Africains, d’Américains du Nord et du Sud savent déjà qu’en maîtrisant le génie génétique, l’Humanité a beaucoup plus à gagner qu’à perdre. Les Européens, vieillissants, l’apprendront peut-être à leurs dépens.

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 21:01

Ça y est, la COP21 va démarrer. Le niveau de propagande écologiste, dont le curseur était bloqué sur « étouffant » jusqu’au 13 novembre et qui avait été descendu au niveau « modérément grotesque » ces derniers jours à la suite des attentats, va maintenant pouvoir gagner un cran et passer à « hystérique » . Et si tout se passe bien, la COP21 ne sera qu’un échec de plus sur la longue ardoise du pédalomane.

Bien sûr, cet échec inévitable est déjà digéré par une presse obséquieuse qui a préparé ses nombreux articles sur l’aspect décisif de cette réunion, sur la fermeté des décisions prises et sur les grandes avancées que notre immense président aura su négocier d’âpre lutte ; en bref, cet échec sera une réussite programmée.

Maintenant, rien n’interdit d’imaginer qu’à cette faillite prévisible ne s’ajoutent d’autres déboires et accidents, nettement moins gérables par toute l’intendance éco-consciente rassemblée autour du grand raout de fin d’année.

Par exemple, il pourrait y avoir une facétie météorologique qui ne manquerait pas de sel : si, par malheur, le mois de décembre parisien devait enregistrer des chutes de neige, on peut penser que les autorités, en temps normal passablement désorganisées par quelques flocons (au point de pousser certains députés à des gestes tragiques comme celui de pondre des projets de lois comiques), seraient pour le coup complètement dépassées et transformeraient cette COP21 en fiasco d’ampleur internationale, voire olympique si, dans un sursaut d’incompétence frénétique, nos ministres venaient à s’en mêler directement.

Par exemple, le début des réunions de travail et l’inauguration de cette grande conférence des Nations Unies sur le changement climatique aura lieu ce lundi 30 et tout indique déjà que ces événements vont sérieusement modifier les petites habitudes des Franciliens. Et par « sérieusement modifier », on comprend qu’il va y avoir une belle foire d’empoigne sur les routes et dans les transports en commun que le tout Paris s’est entrepris à généreusement réorganiser pendant cette période.

Autoroutes (A1 notamment) fermées le dimanche soir et le lundi aux heures de pointe, périphérique ouvert, fermé, découpé et réorganisé à coups de barrages policiers le dimanche et le lundi, à différents endroits, et à différents moments, de nombreuses voies fermées pendant plusieurs heures dans Paris intra-muros, messages du maire, Anne Hidalgo, enjoignant les Franciliens d’aller voir ailleurs s’ils y sont (en espérant les y trouver le plus longtemps possible), bref, tout est rassemblé pour qu’un individu, normalement constitué, fasse absolument tout pour éviter la capitale française ces prochains jours.

À l’évidence, ceux qui le peuvent poseront une journée de vacance, de RTT ou de maladie. Et ceux qui ne le peuvent pas (notamment les plus pauvres, les salariés non fonctionnaires, les professions libérales et les artisans) et qui devront, coûte que coûte, aller dans ce petit enfer que sera devenue la capitale française, se retrouveront ou bien dans des transports certes gratuits mais surtout très probablement bondés, soit sur ces tronçons de route encore ouverts et fort probablement tout aussi gavés de véhicules.

Dans leur grande lucidité (et au milieu du nuage vaporeux qui leur sert de cortex), les autorités se doutent bien qu’une ou deux difficultés risquent bien de pointer leur nez dans les heures à venir. C’est pourquoi elles ont pris la courageuse décision de rendre les transports en commun payants par tous les contribuables et non plus par ses seuls clients. Dans la novlangue collectiviste de la région Île-de-France, cela se transforme en une agréable gratuité des transports pour le 29 et le 30 novembre. Le contribuable, même tondu ras, a bon dos. Dans le même temps, histoire d’ajouter un minimum de confusion à une situation déjà passablement bourbeuse, la préfecture a incité les usagers à ne pas utiliser ces transports payés par tous.

Comprenne qui pourra et démerdez-vous.

Bonne nouvelle dans ce concentré de migraines, toutes les GrrRrrandes marches citoyennes, festives et écobulleuses de ce dimanche sont annulées. Les Franciliens auront au moins le petit plaisir, entre deux bouchons et des métros pleins à craquer, de ne pas supporter les flonflons entêtants et les slogans agressivement niais que ces marches nous promettaient sûrement.

Malheureusement, la raison pour laquelle ces marches sont annulées rendront ce plaisir assez fugace : les récents attentats qu’a subi Paris ont assez logiquement entraîné une petite nervosité des autorités à l’idée que de gros amas touffus de mammifères viennent trottiner en cœur sur les boulevards de la capitale, offrant ainsi leurs masses dodues à la convoitise terroriste. Or, si le raisonnement se tient pour ces marches, il semble se diluer subitement dès qu’on aborde les transports en commun qui, selon toute vraisemblance, seront bien pleins pendant la douloureuse période de gestation taxophile de la COP21 ; autrement dit, on interdit les rassemblements joufflus d’imbéciles biberonnés à la propagande réchauffiste, mais on autorise les quidams apolitiques à se faire éventuellement éparpiller en groupe dans les caisses à sardines de la RATP.

La logique m’échappe, mais baste, passons.

Et elle continue de m’échapper lorsqu’on apprend aussi que cette même manifestation grandiose au budget « no limit » se verra dotée de 2800 policiers et gendarmes postés au Bourget (Seine-Saint-Denis), où va débuter la conférence lundi. Dans le même temps, les aimables petits chalets du marché de Noël installé au Trocadéro, qui accueilleront les milliers de Parisiens et de touristes en quête de cadeaux et de produits du terroir, pourront bénéficier d’un triplet de roulottes de surveillance, de caméras vidéos et d’une petite brochette de vigiles. Ça suffira bien. Il ne faudrait pas dépeupler les forces de sécurité présentes à la COP21 et ce d’autant plus qu’on a judicieusement choisi la Seine Saint-Denis pour le happening (Molenbeek n’avait pas été retenu car malheureusement en Belgique).

Mais tout ceci nous fait oublier l’essentiel.

Après tout, cette COP21 est tout de même l’occasion de parler écologie, réchauffement climatique et solutions pour nous sortir d’une ornière dont rien n’indique qu’on soit tombé dedans. Or, côté solutions, pour le coup, on sait que ce ne sera pas un échec puisque, quoi qu’il puisse arriver et quelle que soit l’issue des âpres négociations internationales, la France se fera un devoir de tout signer, tout appliquer scrupuleusement et plutôt deux fois qu’une. Et comme l’unique moyen opérationnel de nos politiciens consiste à faire s’abattre des taxes vexatoires sur le contribuable, on sait aussi, d’ores et déjà, que ce pays va se prendre une avoinée fiscale mémorable.

D’ailleurs, le gouvernement prépare déjà psychologiquement le moutontribuable à une tonte des plus sévères : des articles de presse sont déjà sortis pour bien expliquer qu’il faudra s’attendre, dans les prochaines années, à un quadruplement de la taxe carbone. Oui, vous avez bien lu, quadruplement. Et l’augmentation, progressive mais soutenue, commencera dès 2016.

Si, à ces taxes en folie, on ajoute toutes les idées géniales de nos élites en roue libre (et en état d’urgence), on comprend que ce sont de véritables tsunamis vengeurs de taxes, de ponctions et de contributions délirantes qui vont déferler sur le peuple français. Bref, exactement ce dont le pays avait besoin.

Décidément, cette COP21 s’annonce bien !
—-

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22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 15:58

On m'a "poussé" cet article de Nathalie MP, je le soumets à votre sagacité

À la suite des attentats terroristes du Vendredi 13, indiscutablement perpétrés au cri d’Allahu akbar, c’est-à-dire « Dieu est le plus grand » dans la religion musulmane, on a vu refleurir un autre cri bien de chez nous : « Pas d’amalgame ! », ainsi que toutes les réactions ironiques orthographiées Padamalgam qu’il ne manque jamais de susciter tant il est devenu une formule automatique de la bien-pensance sociétale de gauche. Mais à l’instar de cette dernière, l’ironie sur le Padamalgam, qui se veut clairvoyante, tend aussi à tomber dans l’automatisme, celui de la mal-pensance réactionnaire et identitaire fièrement revendiquée. C’est en pensant à deux jeunes chauffeurs musulmans d’Uber avec lesquels mon mari et moi avons eu l’occasion de discuter hier et avant-hier, l’un originaire du Mali et l’autre de Tunisie, complètement démolis par les actes barbares de leurs coreligionnaires et en totale union avec le deuil de la France, que j’aimerais essayer d’entrouvrir une troisième voie, celle de l’accueil dans le champ de la liberté.

Indépendamment de tout contexte politique, ne pas se livrer à l’amalgame, c’est éviter de tomber dans des rapprochements faciles, c’est résister à la tentation des insinuations douteuses qui visent à créer artificiellement, par seule juxtaposition, des causes et des conséquences infondées. Ne pas se livrer à l’amalgame, c’est entreprendre une réflexion en laissant préjugés et mauvaise-foi derrière soi. Ne pas se livrer à l’amalgame, c’est faire l’effort de discerner, c’est faire l’effort de voir les différences, c’est faire l’effort de distinguer toutes les nuances du monde.

Dans cet état d’esprit, ne pas faire d’amalgame, c’est reconnaître en Kerviel un escroc, mais ne pas voir dans tous les Bretons ou dans tous les salariés de la Société générale des escrocs ; c’est reconnaître en Madoff un escroc, mais ne pas voir dans tous les juifs ou dans tous les financiers des escrocs ; c’est reconnaître dans le fils Fabius un escroc, mais ne pas en faire un argument contre son père dans ses fonctions de ministre ; enfin, c’est reconnaître en Abdelhamid Abaaoud et ses comparses, responsables des attaques du vendredi 13, des terroristes, des assassins, des salopards immondes, mais ne pas voir dans tous les musulmans des terroristes. Ça parait évident.

Ça parait tellement évident qu’on se demande pourquoi, depuis des années, de Valls à Juppé et de Vallaud Belkacem à Douste-Blazy, on nous place en permanence face à l’injonction de ne pas faire d’amalgame chaque fois que des musulmans se livrent à des actes de terrorisme meurtriers au nom mal compris de leur religion, alors que des actes similaires commis par d’autres personnes dans d’autres contextes ne soulèvent pas autant de précaution, je pense par exemple au terrorisme corse ou aux règlements de compte marseillais :

Selon moi, l’explication vient de ce que, d’effort de discernement, ce « Pas d’amalgame » a progressivement glissé vers le « Circulez, y a rien à voir ! » Il a été dangereusement récupéré par nos dirigeants pour masquer, non seulement les échecs de leurs politiques d’intégration des immigrés de confession musulmane, mais également l’instrumentalisation qu’ils ont faite de ces populations dans un but entièrement électoraliste. Les petits problèmes, puis les plus grands problèmes s’ajoutaient les uns aux autres – voile islamique, burqa, menus dans les cantines, horaires de piscine pour les femmes musulmanes, esclandres à l’hôpital, criminalité et trafics en tous genres, « territoires perdus de la République » – mais les autorités publiques ont préféré jeter le voile d’ignorance du « Pas d’amalgame » sur tout cela afin de ne pas avoir à remettre en cause les grands principes de l’anti-racisme et du vivrensemble pourvoyeurs de satisfaction morale et surtout de votes, comme l’avait calculé le think tank du Parti socialiste Terra Nova.

Dans la vidéo en lien (2′ 21″), Zohra Bitan, femme politique issue de l’immigration et ex-membre du PS, explique à quel point elle trouve le combat anti-raciste de ce parti indécent et inutile. Et elle ajoute :

« Si moi, tous les matins, devant ma glace, je m’étais arrêtée à ma tête d’arabe, je n’aurais pas avancé, je ne me serais pas intégrée et je n’aurais pas aimé ce pays. »

De son côté, Mohammed Sifaoui, rappelait hier par tweet combien les pouvoirs publics locaux avaient de responsabilité sur les compromissions au quotidien avec l’islamisme :

Le « Pas d’amalgame » ressassé en permanence par nos dirigeants appelle d’autant plus la critique qu’il est clairement à géométrie variable. Dans le joli manège du vivrensemble, quiconque n’est pas l’enthousiaste partisan du Mariage pour Tous est immédiatement taxé d’homophobie, quiconque n’est pas le généreux défenseur de la dépense publique et de l’État providence est un ultra-libéral au coeur endurci par l’avidité individuelle et quiconque n’adhère pas sans condition à la doxa migratoire du moment est un dangereux suppôt du Front national.

Une attitude tout en « deux poids deux mesures » si décalée par rapport à la réalité quotidienne des Français ne pouvait que provoquer à brève échéance une réaction. La réplique ironique du « Pas d’amalgame » n’a pas tardé à apparaître sous la forme Padamalgam. En voici un exemple entre mille, glané ces jours-ci sur twitter :

Comme beaucoup de réactions, celle-ci part d’une dénonciation légitime de la prise en otage du débat public et de l’action publique par nos ministres et beaucoup de nos élites télévisuelles sur les seuls thèmes de l’anti-racisme et du vivrensemble. Mais chemin faisant, la réaction Padamalgam, d’abord acte de clairvoyance dans le jeu trouble des dirigeants, se regarde elle-même, se trouve des raisons d’exister en tant que telle et se transforme en conviction aussi peu nuancée que le « Pas d’amalgame » détourné des socialistes. Si le tweet ci-dessus est censé être ironique, il reflète malgré tout le désir de ne surtout pas discerner, de ne surtout pas chercher à voir plus loin qu’un ensemble indifférencié et compact à base d’islam et d’Allahu akbar. Cette attitude trouve son accomplissement dans ce qu’Alain Finkielkraut appelle « l’indifférence » et « l’inhumanité revendiquée par le Front national », c’est-à-dire tout le discours comminatoire et globalisant anti-immigration et contre les réfugiés.

Il est parfaitement exact que les quartiers sensibles de nos banlieues abritent des foyers de prédication salafiste ou djihadiste, il est vrai que de nombreux jeunes sont travaillés par des imams qui jouent sur leur paresse, leur frustration ou leur crédulité pour les pousser à s’enrôler avec Daesh en Syrie, en cherchant à leur faire croire que l’Occident, USA et Israël en tête, est dégénéré et doit être combattu par tous les moyens. Mais il est tout aussi exact de dire qu’en France des milliers de familles musulmanes cherchent à vivre tranquillement, en bonne intelligence avec tous leurs voisins, en pratiquant leur religion sans esbroufe, en cherchant la meilleure éducation possible pour leurs enfants, comme en témoigne le nombre important d’enfants musulmans inscrits dans des écoles ou collèges catholiques, et en essayant de s’intégrer au mieux dans le monde professionnel.

Quel peut être l’effet du discours du Front national sur ces personnes ? Quel peut être l’effet d’un Padamalgam 5% ironique qui ne cherche plus à différencier ? À leur place, je me sentirais totalement et tout le temps remise en cause, jamais acceptée, jamais justifiée d’être là. Après ces attentats monstrueux, qui ont pour objectif de condamner l’art de vivre ouvert de l’Occident, de tuer l’esprit démocratique, et aussi de chercher à creuser un fossé irréparable entre la France et ses immigrés musulmans, le Padamalam ironique, le « chances pour la France » moqueur répété à tout propos par pur automatisme, ne sont plus seulement la preuve d’une quelconque clairvoyance à l’égard de la profonde incompétence de nos dirigeants. Ils prennent l’allure d’un rejet irrévocable.

Pour ma part, je préfère me rallier à ce que disait la Reine Rania de Jordanie en ouverture de l’Université d’été du Medef en août dernier. Elle y appelait les musulmans modérés à travers le monde à s’engager sans tergiverser pour gagner la lutte idéologique contre Daesh. De la même façon, le maire d’origine marocaine de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, dans une interview donnée mercredi dernier, s’est adressé lui aussi aux musulmans modérés et il les a priés instamment de « faire entendre leur voix et rejeter cette violence ».

À leur suite, à la suite de Zohra Bitan et Mohamed Sifaoui, cités plus haut, qui ont signé cet été dans Marianne, avec de nombreux autres musulmans, un manifeste commençant par :

« Nous sommes des citoyens de culture, de tradition ou de confession musulmane (…) Nous sommes surtout – et avant tout – des démocrates attachés à la laïcité et aux principes de la République (…) »

à leur suite donc, je préfère inviter les Français musulmans à rompre totalement et clairement avec les barbares qui instrumentalisent et cryogénisent leur religion pour la priver de la moindre évolution, afin de rejoindre l’esprit des Lumières et le champ de la liberté. Si les musulmans de France, dans un mouvement de solidarité héroïque avec le pays, avaient l’élan de briser la chaîne de la peur dans laquelle Daesh veut les maintenir pour descendre en masse dans la rue afin de proclamer leur attachement aux principes de la démocratie française, ça aurait de la gueule et je serais la première à marcher avec eux.

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 17:12

La guerre !

Depuis plusieurs années, beaucoup s’attendaient à une implosion de la société française. Ce lent déclin, ce blocage systématique face à l’histoire, ne pouvait pas durer. Qui pouvait imaginer que le basculement viendrait à la fois de l’intérieur et de l’extérieur, de l’État Islamique au Moyen-Orient et d’actions terroristes sur notre sol ?

La Révolution qu’il nous faut n’avait probablement pas ce visage hideux dans l’esprit de ceux qui la souhaitaient ou la craignaient.

La guerre après l’angoisse du Grand Soir

Le Grand Soir n’est pas venu.

Il y avait ceux qui le voulaient. Le Front de Gauche, à coup sûr, même si on ne sait plus trop si le Parti Communiste partageait encore cette espérance. Les mouvements révolutionnaires d’extrême gauche.

Il y avait ceux qui le craignaient. Le gouvernement par exemple, obsédé par la transformation de la pétaudière française en champ de foire incontrôlable.

Finalement, les prolétaires français n’ont pas bougé. Ce sont les prolétaires issus de l’immigration, fixés dans les banlieues, qui passent à l’action. Le drapeau vert a vaincu le drapeau rouge.

La guerre et ses grandes peurs

Paris est à cran. Le moindre coup de pétard est comme une ombre projetée sur un mur lointain : il se transforme en canonnade immense, et la foule s’enfuit. On l’a vu place de la République aujourd’hui. La ville bruissait de fantasmes qu’on croyait impossibles de nos jours. La RATP elle-même a fait courir la rumeur de tirs dans le métro.

L’émotion est partout. L’émotion a pris le pouvoir. Tout est désormais possible, même le pire.

La guerre face à une France hébétée

La guerre est dans nos rues, mais personne n’a d’idée claire sur la façon de la gagner. François Hollande décrète l’état d’urgence mais pour quoi faire ? Il laisse les policiers agir. Et après ?

La France reste sur son absurde politique arabe, qui consiste, depuis plusieurs années, à remplacer les régimes laïques par des régimes musulmans sunnites. Nous avons commis cette folie en Tunisie, en Égypte, en Libye, en Syrie. Nous en payons le prix fort aujourd’hui. Non seulement aucun bilan critique n’est dressé, mais l’inversion complète de logique qu’il faudrait désormais n’est pas prête d’arriver.

La guerre et la dictature

François Hollande a annoncé devant le Congrès son intention de proroger pendant trois mois l’état d’urgence. Il aurait l’intention de changer la loi de 1955 qui lui donne pourtant beaucoup de pouvoir. La tentation autoritaire triomphe, sans aucune idée claire sur la politique à mener.

Il ne vient à l’esprit que de peu de personnes de constater le naufrage de la politique menée depuis les attentats de janvier : la surveillance généralisée des communications n’a servi à rien. Et comme le soulignait le commissaire Marion sur une radio publique, l’enquête avance vite grâce aux méthodes policières traditionnelles. Comme disait les Shadoks : plus on rate, plus on a de chance de réussir.

La guerre contre la majorité

Une fois de plus, la réaction de François Hollande touche la majorité : l’état d’urgence remet en cause les libertés de tous les Français. En revanche, il ne semble pas vouloir s’intéresser aux groupes spécifiques qui servent de terreau au terrorisme. Rien sur la montée de l’islamisme. Rien sur le rappel aux règles dans les quartiers où la haine du pays se transforme en doctrine officielle. Rien sur cette France des faubourgs qui remue aujourd’hui.

Le souci de François Hollande est-il de contrôler le pays, gens honnêtes compris, ou de gagner la guerre qui s’engage ?

La guerre aux fiches « S »

La question du sort à réserver aux radicaux musulmans marqués du « S » de la surveillance tarde à être discuté. Que faire de ces 3.000 ennemis de l’intérieur qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu dans la crainte d’un nouvel attentat ?

Nicolas Sarkozy propose de leur passer un bracelet électronique et de les assigner chez eux. C’est un début. Tôt ou tard, l’internement, ou la déportation comme pour les communards en 1871, viendra sur le tapis. L’urgence est de nous forger une doctrine du respect des libertés en temps de guerre.

La guerre en Syrie, mais pour quoi ?

Faute d’idée, faute de vision, la France entre dans la guerre en Syrie à reculons et avec un esprit de défaite. Il nous faudrait une idée du Moyen-Orient de demain, une cible à atteindre. En dehors de chasser le dictateur Bachar El-Assad et de mener des frappes aériennes, François Hollande n’en a aucune, semble-t-il.

L’intervention au sol est pourtant inévitable. Rien ne serait pire que de la déclencher avec aussi peu de certitudes sur la conduite à tenir. Il y a quarante ans, la main de la France tremblait moins : nous savions les bienfaits (et les inconvénients) du Baas et des mouvements laïcs en Syrie, en Irak, ou en Égypte. L’excès d’atlantisme nous a égaré sur une mauvaise pente.

La guerre et ses petits secrets

Les attentats de Paris ont eu une vertu : ils ont accéléré l’alliance russo-américaine pour intervenir en Syrie. Tout n’est pas encore réglé, en particulier le sort immédiat de Bachar El-Assad. Mais le reste devrait suivre : il y a aura bien cause commune pour écraser l’État Islamique.

La guerre et la Belgique

Plusieurs terroristes vivaient à Molenbeek, ou avaient des liens avec cette commune de la banlieue bruxelloise. La communauté musulmane y est importante, et relativement coupée du monde. Les services de renseignement belge ne la contrôlent pas. Le grand désordre belge y est à l’œuvre.

Les mois à venir montreront l’imbrication grandissante entre Belgique et sécurité de la France. Il faudra bien réagir tôt ou tard.

Revenir à la vie normale

Dans ce déluge de mauvaises nouvelles, qui rappellent que nous avons mangé notre pain blanc, qui laissent augurer des années noires après soixante-dix ans d’insouciance, il faut essayer de reprendre une vie normale et vaincre la peur de laisser derrière soi les siens qu’on ne reverra peut-être pas le soir venu.

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15 novembre 2015 7 15 /11 /novembre /2015 14:51

Nous n’attendons qu’une seule chose de nos hommes politiques : qu’ils nous évitent les dangers mettant en cause la sécurité nationale.

Les attentats qui ont frappé Paris et sa banlieue nord vendredi soir sont monstrueux, abjects, totalement injustes. Ils frappent des innocents qui n’ont rien à voir avec les pseudo-justifications médiévales d’un État Islamique qui veut soit-disant venger le crime des « impies ». Ceci étant clairement dit, avec près de 130 morts obtenus par le biais de multiples attaques simultanées, le mode opératoire de ces attentats fait froid dans le dos. Il pose une question particulièrement angoissante : la sécurité de notre territoire est-elle assurée ? S’il est si facile d’organiser de tels bains de sang, pourquoi cela ne se répèterait-il pas régulièrement, à Paris comme dans d’autres villes françaises ?

L’ampleur de cette opération, l’organisation qu’elle a nécessité, tout cela montre que nous n’habitons plus un sanctuaire. Notre pays est faillible, notre sécurité n’est plus garantie, si tant est qu’elle l’ait été depuis les attentats de Charlie et de l’hyper casher du début de l’année ! Car faut-il le rappeler, aucun de ces attentats n’a été en effet prévenu. Notre gouvernement, qui parle tant de menaces terroristes, qui ne cesse de jouer sur nos peurs, n’a rien vu venir !

Alors que les antécédents survenus au Danemark contre des caricaturistes avaient suscité des mesures de grande envergure, avec l’intervention de l’armée danoise, rien de tel n’avait été prévu pour sécuriser Charlie hebdo. Deux policiers en faction, c’était tout simplement ridicule. Et depuis janvier 2015, nous en connaissons le résultat. Il en est de même pour cette série d’attentats simultanés de ce vendredi 13 octobre 2015. Près d’une dizaine de terroristes ont pu préparer puis réaliser leurs coups d’éclat sans susciter la moindre anticipation de la part des services de renseignements. Au beau milieu de la capitale, un vendredi soir en pleine affluence.

Or, cette lacune est d’autant plus inquiétante que plusieurs détails du mode opératoire de ces attentats laissent penser que ces criminels ne sont pas parmi les plus expérimentés : rafales simultanées à la mitrailleuse au Bataclan (chacun rechargeait au même moment), dégâts relativement faibles au regard du potentiel au Stade de France comme au Bataclan (et heureusement !), il est évident que le carnage aurait pu atteindre d’autres proportions s’il s’était agi de professionnels. À l’identique des attentats de Charlie hebdo, tout laisse donc à penser que nous avons affaire à des terroristes de la dernière heure, à des jeunes français fraîchement recrutés, et rapidement formés par les cadres de l’État Islamique. Et c’est bien cela qui est dramatique ! Alors qu’il est nettement plus facile de prévenir des crimes perpétrés par des acteurs faiblement préparés et peu entraînés, force est de constater que notre gouvernement n’y parvient même pas ! L’État Islamique a frappé violemment en Turquie, en Arabie Saoudite puis au Liban. Et maintenant, en Europe, il a choisi la France. À croire que c’est un peu plus facile que chez nos voisins nettement mieux organisés… D’ailleurs, n’oublions pas que les auteurs de l’attentat de Charlie étaient connus des services de police !

Les auteurs des attentats de ce vendredi étaient-ils également connus ?

Peut-être payons-nous également le côté « va-t-en-guerre » de notre Président, qui, bien que totalement tétanisé à l’idée d’engager la moindre réforme désagréable sur le plan économique, n’a pas hésité une seconde à se lancer dans des aventures militaires au Mali et en Syrie… Des aventures d’autant plus dangereuses que la France s’y trouve plus ou moins seule…

Décidément, ce gouvernement aura échoué sur tous les plans. Il aura accéléré le déclin économique relatif de notre pays ; presque partout en Europe, depuis deux ans environ, le chômage a entamé sa décrue, et la croissance est revenue. Il nous aura continuellement menti sur son programme et sur ses réformes. Il aura abusé du Verbe pour masquer son inaction, il aura même abondamment utilisé les attentats de Charlie pour faire diversion… Et summum de l’inefficacité, il n’aura même pas été capable d’empêcher une série d’attentats sanglants sur notre propre sol : janvier 2015, octobre 2015. Faut-il tenir une comptabilité exacte du nombre de victimes de ces terribles attentats pour démontrer la faiblesse de l’action gouvernementale ?

Ces tueries soulèvent une émotion bien naturelle. La compassion pour les personnes et les familles touchées dans leur chair est totalement légitime. De tels événements sont d’une tristesse affligeante. Mais au-delà de tous ces sentiments d’impuissance et de révolte, une injustice encore plus pernicieuse se prépare, qui touche nos mentalités et nos réactions face à la peur : le resserrement de la Nation Française autour de ses leaders politiques dans une communion et une effusion dont le Président F.Hollande et son Premier ministre M.Valls sortiraient grandis.

Non ! Nos leaders politiques n’ont pas vocation à montrer qu’ils tiennent leur rang lors des cérémonies d’après attentats. Non ! Nos leaders politiques n’ont pas à être jugés sur leur façon digne d’assister à l’enterrement des victimes de ces attentats. Non ! Nos hommes politiques n’ont pas à être appréciés sur leur manière de déposer des gerbes de fleur, la mine déconfite, le regard brisé. Non ! Nous n’attendons pas de nos hommes politiques qu’ils conduisent une fois de plus les marches silencieuses dans les rues pour protester contre le terrorisme religieux qu’ils ne parviennent pas à circonscrire dans le cadre de leur fonction.

Nous n’attendons qu’une seule chose de nos hommes politiques : qu’ils préviennent les catastrophes, qu’ils nous évitent les dangers mettant en cause la sécurité nationale. Ils doivent ainsi faire preuve d’anticipation et de ruse. Ils doivent prendre de vitesse les organisations criminelles. Ils doivent se montrer plus roués qu’elles. Ils doivent engager les actions nécessaires au moment opportun.

En un mot, ils doivent faire leur job.

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12 novembre 2015 4 12 /11 /novembre /2015 08:05

Les mois de juillet et d’août en France sont facilement synonymes de repos pour le Français, qui goûte sans doute au bonheur de retrouver le fruit de son travail, une fois le jour de libération fiscal atteint. Ce repos ne s’étend malheureusement pas jusqu’au parlement et aux politiciens qui profitent justement de l’éloignement des Français de leurs centres habituels de préoccupations pour accumuler les petits coups en douce.

De ce point de vue, l’année 2015 ne fait pas exception, et se caractérise même par un cru particulièrement fruité (on ne sait pas encore pour le beaujolais), puisque le rythme des stupidités étatiques était déjà soutenu avant et, l’inertie aidant, on a donc conservé une vitesse de croisière stupéfiante dans l’amoncellement de lois, décrets et décisions farfelues. L’actualité récente suffit à s’en convaincre.

Il y a eu, bien sûr, la crise agricole qui a rapidement pris des proportions présidentielles dès que François Hollande a décidé de s’en mêler pour transformer, comme à l’accoutumée, une actualité déjà tendue et passablement engluée dans les mauvaises habitudes en situation inextricable, coûteuse pour le contribuable et qui aggrave le problème plutôt que le résoudre : alors que tout indique que l’ensemble de la filière agricole française souffre d’un interventionnisme catastrophique de l’État, alors que les solutions sont connues (et décrites par Vincent Bénard par exemple), alors même que d’autres pays ont déjà testé ces solutions avec succès, le factotum présidentiel aura décidé d’en remettre une couche (à 600 millions d’euros) qui a le mérite d’être à la fois mal calibrée (l’aide représente à peine plus qu’une aumône pour chaque agriculteur concerné), et parfaitement inutile voire contre-productive en ce qu’elle entretient un système d’assistanat délétère.

Parallèlement, on aura pu halluciner sur les gymnastiques statistiques parfaitement surréalistes qui nous furent offertes à l’occasion de la publication des chiffres du chômage de juin. Ce fut encore une fois l’occasion pour l’exécutif de se payer la tête des Français qui, trop nigauds de l’avoir posté là, doivent maintenant gober ses couleuvres de plus en plus épaisses. On ne peut bien sûr pas se réjouir de ce que ces chiffres camouflent (bien évidemment, le chômage augmente), mais au moins peut-on se satisfaire de la mise en péril de la candidature de Hollande pour 2017 : ce mollasson calculateur a choisi de la conditionner à l’inversion de tendance du chômage, ce qui place une pression énorme sur les frêles épaules d’un Rebsamen absolument pas à la hauteur. D’ailleurs, il se casse et ne plie pas, au contraire des prochaines statistiques, dont on pourra éprouver la souplesse prochainement, justifiant le maintien de la candidature hollandogène. Au pire, le petit François se déclarera indispensable pour lutter contre la bête immonde (qu’il aura tout fait pour faire monter) et le retour de l’ « excité » (comme il dit et qu’il s’escrime pourtant à saboter par voie de justice)

Mais en termes de petites ignominies aux effets catastrophiques, ces précédents exemples parviennent difficilement à la cheville de cette loi discrète passée dans la troisième semaine de juillet concernant l’obsolescence programmée.

Soigneusement évitée par la plupart des rédactions nationales (à l’exception du Figaro notamment), le sujet, effleuré par quelques sites technologiques, n’a semble-t-il pas passionné les foules. Il faut dire que la punition par deux ans de prison et 300.000 euros d’amende des faits d’obsolescence programmée a été habilement camouflée au milieu de l’imbuvable loi sur la transition énergétique, définitivement adoptée dans la semaine du 25 juillet dernier par un Parlement déjà largement en vacance intellectuelle.

Pour rappel, l’obsolescence programmée serait cette hideuse technique imputée aux producteurs et autres distributeurs consistant à réduire volontairement la durée de vie d’un produit afin d’inciter le consommateur à en acheter davantage, selon l’adage bien connu que lorsque ça casse rapidement ou que ça ne rend pas le service aussi bien qu’on le souhaite, on en rachète encore (le consommateur, dans cette intéressante vision du marché, est un être à la fois fragile, influençable et borderline idiot). Heureusement, cette technique qui, en réalité, n’existe pas, est maintenant un délit.

En effet, cette loi à base de poudre de licornes combat des gremlins et des leprechauns. C’est pratique de condamner sévèrement quelque chose qui n’existe pas : avec une définition suffisamment floue, cela permet de trouver de temps en temps de rares coupables fort pratiques pour une expiation médiatique, et cela assure, le reste du temps, que tout le monde va respecter la loi scrupuleusement.

Et si on dit que ça n’existe pas, c’est parce que c’est vrai : il suffira à ceux qui continuent niaisement de croire aux fadaises gouvernementales de se reporter à ces quelques liens pour vérifier l’écart à la réalité et comprendre que cette fumeuse obsolescence, non, ça n’existe pas, du tout.

… Enfin, presque pas du tout puisqu’en réalité, lorsque l’État se mêle de nos vies, l’obsolescence, parfaitement et ouvertement programmée, ne semble gêner personne, ce qui permet d’imposer au citoyen-contribuable de payer pour renouveler son passeport, sa carte d’identité ou tant d’autres papiers administratifs frappés d’une date limite de péremption. Cela permet d’imposer une obsolescence rapide de la voiture dans certaines agglomérations par interdictions successives ; cela autorise la disparition des méchantes ampoules à incandescence (qui ne produisaient, au pire, qu’un peu de CO2) au profit d’ampoules au mercure, terres rares et autres joyeusetés polluantes à des prix très supérieurs ; cela permet le vieillissement accéléré d’un peu tout et n’importe quoi par un incessant changement de normes (pour vot’sécurité, ma brav’dame). Quand c’est l’État, c’est permis, bien sûr.

Mais peu importe : la loi est votée, et tout le monde va s’empresser de l’appliquer, avec le même entrain que le principe de précaution devenu stupidement constitutionnel, et avec les mêmes effets délétères, durables et calcificateurs à moyen et long termes sur la société française.

De ce point de vue, cette loi – qui ne définit même pas ce que doit être une durée de vie normale d’un produit, comment on prouve qu’elle a été réduite, et comment on détermine que ce fut intentionnel – illustre fort bien la mentalité de nos dirigeants et dans une bonne part celle de ceux qui les soutiennent : pour eux, le consommateur est un enfant, niais et impressionnable, régulièrement floué par les producteurs qui, sans les bornes de la loi, s’organiseraient chaque jour pour le détrousser sur tous les chemins nationaux, à chaque commerce, à chaque vente et sur tous les rayonnages de supermarchés.

C’est parfaitement grotesque, mais le flou consternant de cette loi va donner une arme de plus à tous les pourfendeurs de l’entrepreneuriat pour attaquer les producteurs sur tout et n’importe quoi.

Forcément, cela va les inciter à venir vendre, produire et embaucher en France.

Forcément, cela va améliorer la situation.

Forcément, cela aboutira à d’excellents produits d’extraordinaire qualité.

Forcément, cela va bien se passer.

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11 novembre 2015 3 11 /11 /novembre /2015 16:47

Le professeur Charles L. Glenn1, professeur à l’Université de Boston et grand spécialiste de la liberté scolaire dans le monde, explique comment la revendication du libre choix de l’école par les parents est peu à peu montée en puissance en Occident. Elle a été longtemps en conflit latent avec la prétention des élites au pouvoir de remodeler selon leurs conceptions les enfants du peuple. Mais depuis quelques dizaines d’années, la capacité de l’État à satisfaire les besoins éducatifs véritables des enfants est fortement remise en question de tous côtés. La tendance est d’inciter la société civile, le « troisième secteur » à prendre ses responsabilités en matière éducative. C’est la théorie de « l’empowerment », qui n’a rien à voir avec une quelconque marchandisation de l’école. Par leur implication concrète dans les écoles libres, les citoyens passent du statut d’objet du pouvoir à celui de contributeurs actifs de la société, ce qui correspond à un processus de démocratisation véritable de la vie de la cité.

Bien que la liberté d’enseignement ait fait l’objet de protections dès le XIXème suite à des combats politiques dans quelques pays – notamment en Belgique, avec le mouvement d’indépendance de 1830, et plus tard aux Pays-Bas avec la mobilisation de Protestants et de Catholiques du « kleine luyden » – la protection de la liberté d’enseignement reste exceptionnelle jusqu’au lendemain de la deuxième Guerre mondiale.

Ce n’est qu’en réaction aux régimes totalitaires du XXème siècle que la communauté internationale prend conscience de la nécessité de protéger la liberté des familles de choisir une alternative aux écoles publiques. Les régimes communistes et fascistes ont cherché à mettre en œuvre systématiquement ce qui faisait partie implicitement des programmes éducatifs des gouvernements « doucement progressistes » de la fin du XIXème siècle. Ils l’ont fait d’une manière qui a démasqué la volonté des élites de remodeler selon leur conception, par l’éducation, les enfants du peuple.

Le mouvement d’après-guerre de définition des Droits de l’homme a inclus le droit à la liberté d’enseignement : « les États s’engagent à respecter la liberté des parents de choisir pour leurs enfants des établissements autres que ceux des pouvoirs publics […] et de faire assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants, conformément à leurs propres convictions. »

Ce droit est pourtant loin d’être évident, même dans les régimes démocratiques, où les élites « progressistes » peuvent juger qu’il est de leur devoir d’utiliser le système éducatif pour rendre les enfants meilleurs que leurs parents.

Le passage manquant de l’extrait du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels donné ci-dessus – à savoir « qui se conforment aux normes minimales qui peuvent être prescrites ou approuvées par l’État » – donne la possibilité aux gouvernements d’imposer des exigences aux écoles non gouvernementales (écoles privées), exigences qui peuvent conduire à rendre impossible le maintien du caractère propre et des spécificités éducatives en faveur desquelles les parents avaient pourtant fait leur choix.

Il y a clairement une obligation qui pèse sur les États contemporains de prendre les mesures nécessaires à la protection des enfants tout en faisant en sorte que l’intérêt public soit servi par toutes les acteurs, privés ou publics, du système éducatif.

L’éducation des générations futures est une question d’intérêt public et doit être guidée, dans un système démocratique, par des hypothèses partagées sur le bien commun… dans des limites qui reflètent la nature pluraliste de la société.

L’effort pour respecter le rôle des parents comme premiers éducateurs de leurs enfants et donc pour trouver le juste équilibre entre la liberté et la responsabilité en éducation – pour s’assurer que les objectifs nécessaires de la société soient atteints et que les individus et les groupes vulnérables soient protégés sans tomber dans ce que Kant appelait « le plus grand despotisme concevable »

La période allant de 1900 à 1945 peut être vue, rétrospectivement, comme celle du triomphe de l’école d’État dans la plupart des pays occidentaux. Alors que les écoles catholiques ou les autres écoles privées éduquent des millions d’enfants, elles jouent un rôle secondaire, comme une alternative ou, aux États-Unis et en Australie, comme le lieu réservé à la classe ouvrière immigrée. L’école publique représente alors la pierre angulaire de la société et n’a aucun concurrent sérieux.

L’école d’État a commencé à être concurrencée après la Seconde Guerre mondiale et la rivalité s’est accrue en particulier dans les années 1970.

2.0)

Dans le raisonnement politique qui a été formulé petit à petit dans un certain nombre de pays, des termes tels que « subsidiarité » et « champ de souveraineté » ont commencé à se faire entendre. On a fait valoir que l’État devrait créer activement dans tous les secteurs les conditions du développement d’initiatives entrepreneuriales selon un principe de libre entreprise, au lieu de vouloir occuper lui-même tout l’espace social.

La centralisation excessive a commencé à être considérée comme un problème. Alors que l’État-providence continuait de se développer et les activités du gouvernement de s’étendre à de plus en plus de domaines de la vie, il y avait en même temps un désenchantement croissant à l’égard de la capacité de l’État et de sa rationalité bureaucratique de répondre efficacement aux besoins de l’homme.

Dans ce contexte d’insatisfaction, certains ont appelé à un « retrait de l’État », pour « réinventer le gouvernement », en adoptant de nouvelles techniques d’organisation sociale qui conduisent à la prise en main par les gens de leur propre destinée ( cf. théorie de l’« empowerment ») dans des secteurs et des organismes éloignés du centre, et donc à la création d’institutions par les citoyens pour eux-mêmes.

Les autorités publiques de la Finlande à l’Australie, et les régimes politiques de gauche comme de droite, ont cherché des façons de maintenir les acquis apportés par l’État-providence sans avoir un monopole public qui fournisse services et prestations. Selon Peter Berger et Richard John Neuhaus :

« Le projet est que, si ces institutions (créées par la société civile) pouvaient être plus reconnues dans les politiques publiques, les individus se sentiraient davantage « chez eux » dans la société, et l’ordre politique serait mieux compris. Sans processus institutionnels fiables de médiation, l’ordre politique se détache des valeurs et des réalités de la vie individuelle. Privé de son fondement moral, l’ordre politique est « délégitimé ». »

Selon ces propositions, les citoyens sont conçus en de nouveaux termes par les décideurs politiques qui les percevront non pas comme des objets de l’action gouvernementale, mais plutôt comme des acteurs se caractérisant par la responsabilité, l’autonomie et le choix, et dotés de la ressource et des informations disponibles pour les finalités communes de la société.

Ces propositions ne doivent pas être confondues avec la « marchandisation » des services à la personne, dont l’éducation, car ils ne sont pas une manifestation du « capitalisme sauvage ». Ses partisans insistent sur le fait que ce qu’ils demandent, c’est l’utilisation d’un « troisième secteur » composé d’associations volontaires qui ne sont ni étatiques ni mercantiles mais qui relèvent simplement d’association d’intérêt général conclues sur la base du volontariat.

Les réformes proposées visent à renforcer les pouvoirs des citoyens en tant que membres actifs de la société, cherchant à améliorer leur qualité de vie et celle de leurs familles par des actes de choix.

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9 novembre 2015 1 09 /11 /novembre /2015 12:35

Non seulement les pauvres sont de plus en plus pauvres, mais, rien que pour les narguer, les riches sont aussi de plus en plus riches. Et bien évidemment, si ces derniers s’enrichissent, c’est forcément sur le dos des premiers, pardi. Tout le monde le sait, bien sûr !

À lire les articles assez réguliers qui paraissent en France sur le délicat sujet du dernier décile voire du dernier centile (le dernier 10% ou le dernier 1% les plus riches), on comprend en tout cas que s’intéresser au sort des plus riches passionne les foules, d’ailleurs largement conditionnées à ressentir un mélange d’envie et de mépris pour ces gens qui ont su se détacher du gros milieu de la gaussienne où s’entassent, mollement, les classes moyennes, les semi-pauvres et autres classes laborieuses obligées de durement travailler pour croûter.

Ces articles marchent d’autant mieux qu’on est en France et qu’on les voit fleurir, à la suite de l’une ou l’autre enquête d’une institution statistique (INSEE ou société sondeuse quelconque). À chaque fois, la presse s’empare de l’affaire à bras-le-corps et entreprend d’exposer, avec de minutieux détails, à quel point justement ces riches sont à la fois plus nombreux et plus riches. Il y a quelques mois, Le Monde nous apprenait ainsi avec force graphiques colorés que les riches français se multiplient et, conformément aux habitudes, sont même de plus en plus riches. En témoignent les chiffres d’assujettis à l’impôt sur la fortune, qui montrent une progression de 6%, ainsi que de la valeur des patrimoines, qui bondissent de 10%.

Et les articles de continuer leurs analyses guillerettes des tranches d’impôts, des découpages de salamis foncier, immobilier ou mobilier, pour systématiquement terminer par la constatation, presque outrée, qu’avec ce fichu plafond de prélèvements, une partie de ces riches toujours plus riches parvient même à limiter son impôt, zut et zut, ce qui constitue une abomination : c’est un manque à gagner, mes pauvres enfants (ne l’oubliez pas !) car cet argent vous serait évidemment revenu si l’État n’était pas si méchamment stoppé dans son œuvre ponctionnaire.

Dans un magnifique retournement logique, le plafonnement devient alors coûteux : comme, dans la logique des scribouillards et des politiciens, tout appartient a priori à l’État, chaque gain qui, soit par fraude, soit par optimisation ou soit parce qu’une ponction à 100% est sottement inconstitutionnelle, ne lui tombe pas dans la poche devient un coût que la nation s’est imposé.

Bien sûr, à l’approche d’élections, on peut lire Valls, un Premier ministre un peu dépité, admettre que le tabassage était sans doute trop fort au début du mandat. Rassurez-vous : ce constat n’est évidemment pas partagé par tout le monde, à commencer par Sapin, le brillantissime ministre de la blague qu’on fait passer pour des finances publiques, qui, lui, trouve que « compte tenu du fait qu’augmenter les impôts ça rapporte beaucoup plus vite que de maîtriser les dépenses, je pense qu’en 2012 et en 2013 nous ne pouvions pas l’éviter ».

Bref, une conclusion s’impose : en France, cette étrange stratégie qui consiste à pourchasser les riches et à les tabasser fiscalement n’est toujours pas remise en question, ni au niveau politique, ni dans les esprits des journalistes, ni même d’ailleurs dans l’esprit des Français en général qui, à mesure que la situation se dégrade franchement et les entraîne dans les difficultés économiques croissantes, estiment qu’il faudra que les nantis paient d’autant plus qu’ils sont désignés comme coupables. Dans cette masse irréfléchie, aucun ne comprend qu’accroître les problèmes des riches, c’est augmenter homothétiquement les misères des pauvres.

Et à ce propos, les pauvres sont-ils de plus en plus pauvres ? Bien sûr, si l’on s’arrête à la France, on admettra assez facilement que le pays s’appauvrit et que, par voie de conséquence, le nombre de pauvres, de chômeurs, de miséreux sur le sol français ne cesse de croître.

Cependant, dès qu’on observe le tableau d’ensemble mondial, on constate qu’il y a en fait de moins en moins de pauvres.

Par exemple, on pourrait détailler les intéressants graphiques que Max Roser fournit régulièrement sur son site Our World In Data. On y découvrirait que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue n’a cessé de diminuer, au point, même, de s’effondrer.

Par exemple, on pourrait ressortir cet article de Slate (pas réputé pour être un repaire d’aficionados de l’ultralibéralisme galopant) qui, lui aussi, constate que « la part de la population de la planète vivant dans la misère est tombée en 2015, malgré les guerres et le ralentissement de la croissance, sous le seuil de 10%… ».

Dès lors, on serait aussi obligé de noter que l’augmentation du nombre de riches dans le monde coïncide aussi avec la diminution du nombre de pauvres. On serait probablement amené à se dire que la création de riches provient peut-être, allez savoir, de la création de richesses, et que ces créations de richesses sortent tous les jours plus de pauvres de la pauvreté. Ensuite, on irait même jusqu’à dire qu’en favorisant ces créations de richesses, et donc ces riches, on favorise la disparition de la pauvreté.

On serait ensuite enclin à regarder de plus près ce que tous ces riches font, effectivement, pour réduire la pauvreté et on pourrait alors trouver des exemples de ces riches qui œuvrent plus concrètement à la réduction de la misère dans le monde que tous les politiciens réunis ou non dans les COP21 et autres happenings de baltringues à roulettes. On parlerait par exemple de Manoj Bhargava, milliardaire indo-américain qui lance actuellement une initiative passionnante, décrite dans le moyen métrage ci-dessous :

Bref, on regarderait la situation et on verrait que finalement, lorsque les riches sont plus nombreux et qu’ils s’enrichissent, les pauvres s’enrichissent aussi et la pauvreté diminue. On se dirait tout ça.

Mais pas en France. En France, on continuera à dénombrer avec assiduité et précision le nombre de riches, de grands bourgeois et d’héritiers fortunés, on continuera de les conspuer tout en leur faisant fiscalement comprendre qu’ils ne sont pas les bienvenus et, lorsque ces riches partiront enfin avec leur fortune, on commencera à pleurnicher de voir la richesse nationale s’étioler.

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1 novembre 2015 7 01 /11 /novembre /2015 15:43

Nous devons aimer la liberté pour elle-même, indépendamment de ce qu’elle apporte concrètement. Développement libre d’une citation de Tocqueville : « Qui cherche dans la liberté autre chose qu’elle-même est fait pour servir. »


Le plus souvent, pour mettre en valeur le libéralisme, nous vantons les mérites de la liberté : grâce au libre-échange notre économie prospère davantage que dans un système protectionniste ; grâce à la liberté d’expression, les savants peuvent débattre sans censure et chacun peut élaborer sa propre opinion sur chaque sujet ; grâce à la liberté des mœurs, nous pouvons vivre comme nous l’entendons, sans nous soumettre servilement aux règles étroites de la tradition. Tous ces arguments sont bons et méritent d’être rappelés ; mais la citation de Tocqueville nous rappelle une autre exigence fondamentale : avant même de subordonner la liberté à ses conséquences bénéfiques, et d’en faire un moyen comme un autre pour parvenir au bonheur, nous devons aimer la liberté pour elle-même, indépendamment de ce qu’elle apporte concrètement.

Ainsi, plutôt que d’énumérer la longue liste des avantages qu’apporte la liberté, nous pouvons décrire notre amour pour elle et faire sentir l’intensité du sentiment qui nous pousse à la chercher, au point d’en faire le but même de notre existence. Une telle description de la liberté souffre forcément de son abstraction ; concept large, la liberté, tant qu’on ne la conjugue pas dans la variété de ses expressions et qu’on ne l’analyse pas dans une situation historique donnée, est avant tout une valeur et un sentiment ; elle ne mérite pas moins toute notre attention, nos pensées s’attachant quelquefois davantage à des valeurs qu’à des objets concrets.

La liberté, considérée en elle-même, c’est l’ivresse de savoir que nous pouvons déterminer nous-mêmes nos actions, notre manière de vivre, sans devoir nous justifier devant personne ; c’est le sentiment que notre avenir est ouvert, que nous ne nous mouvons point dans un système clos déterminé à l’avance, et que plus tard, nous pourrons, en fonction de nos instincts, de nos goûts, de nos croyances, prendre des choix sans craindre de subir une interdiction ou une limitation artificielle de nos possibilités. Peu importe que le libre arbitre, défini par la capacité d’un être à s’émanciper de ses déterminations ou à faire naître de lui-même une nouvelle chaîne causale, soit au fond une vieille illusion décriée déjà par Spinoza ou Schopenhauer et dont les analyses sont confirmées par les résultats de la psychologie expérimentale. La liberté entendue dans son sens politique, si elle nous est donnée, nous donne la joie inlassable de pouvoir accomplir notre volonté, que celle-ci soit déterminée par autre chose que nous-même ou pas. Quand nous vivons dans le règne de la liberté, nous sentons que si nous avons envie de faire telle ou telle action seules nos limitations personnelles et les inviolables lois du réel pourrons nous faire échouer et nous faire abandonner notre projet ; et il vaudra toujours mieux que ce soit le monde qui nous contraigne plutôt qu’une mauvaise organisation humaine qui se targue d’une légitimité contestable.

La liberté ne promet pas la satisfaction automatique de toutes nos aspirations ; libres, nous pouvons échouer, nous tromper, errer en pensée dans tellement de possibilités que leur contemplation nous donne un désagréable sentiment de malaise ou de désespoir. Mais là n’est pas la question. La liberté n’assure pas le bonheur, elle offre la possibilité de suivre nos valeurs, de tenter de réaliser nos plus ambitieux projets ; ce n’est pas la réussite qu’elle promet, mais la possibilité de l’action : réussite ou échec, ce qui nous importe, c’est que cette action est le fruit de la liberté, non de la contrainte. Tous les hommes seraient des libéraux enthousiastes si la liberté avait le pouvoir magique de prodiguer à chacun la béatitude ; mais la liberté se contente de nous donner un espace pour conquérir notre bonheur, et de laisser toutes les portes ouvertes pour que chacun puisse emprunter le chemin qu’il souhaite. Qu’il est plus facile de promettre le bonheur universel en promettant l’institution d’une société parfaitement ordonnée par des législateurs plein de bonnes intentions prétendant assurer la satisfaction de tous ! La liberté n’est pas aussi ambitieuse ; et cependant elle nous donne le plus essentiel, ce que pourtant tout le monde ne peut pas savourer : le sentiment que notre destin est entre nos mains, et que nos réussites comme nos échecs dépendent de nous-mêmes. Et si un régime étatiste nous permettait par miracle d’accéder à la satisfaction de tous nos désirs, nous n’en voudrions même pas ; plus que la satisfaction capricieuse de nos envies nous tient à cœur le sentiment que nous sommes la source de nos contentements.

Si vous ne ressentez pas cette ivresse joyeuse, cette fierté de soi, jusque dans les erreurs assumées et la peur face à l’immensité des possibles ; si vous rêvez d’une société parfaite vous livrant automatiquement et sans effort de votre part tout ce qu’un homme peut souhaiter ; et si vous n’avez pas le désir de tout faire pour répandre chez chacun le droit d’affronter le monde comme il l’entend – alors vous ne pouvez comprendre ce dont parle Tocqueville, cet inconditionnel amour de la liberté pour elle-même.

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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 13:32

Il y a vingt ans, les Inconnus nous apprenaient, en se dandinant sur un air de rap rythmé et rigolo, que « la banlieue c’est pas rose, la banlieue c’est morose ». Et vingt ans après le constat un peu amer du trio comique, il s’est passé beaucoup de choses. De ce point de vue-là, les gouvernements successifs n’ont pas chômé.

Oui, il fallait agir, absolument, d’une part parce que ne rien faire c’était laisser un boulevard aux critiques de l’opposition (quelle qu’elle fût) et d’autre part parce qu’un politicien qui agit existe, et ce d’autant plus qu’il crame un paquet considérable d’argent des autres. Il fallait donc bien consacrer un montant tous les ans plus grand de l’argent public à cet épineux dossier des cités-dortoir, des banlieues périphériques aux grandes métropoles régionales ou à la capitale qui sont devenues, d’année en année, ces zones difficiles percluses de chômage, de misère, théâtres de faits divers parfois sordides et de commerces aussi stupéfiants que la venue d’un premier ministre socialiste aux Mureaux.

Car Manuel a compris qu’on l’attendait tous sur le sujet : la discrimination sociale n’est plus possible dans ce pays. Et comme elle passe notamment par ces banlieues et leurs dérives, il était naturel que le ministre y aille s’encanailler pour montrer que non, non, non, la République n’a pas déserté ses missions essentielles que sont le logement social, le « testing », les caméras piétons sur les policiers et combattre l’ « apartheid social, territorial et ethnique ».

Il faut dire que tous les indicateurs pointent vers le même constat : la situation s’est dégradée. D’après les analyses minutieuses des journalistes, des experts, des philosophes, des sociologues-experts et autres philosophes-journalistes, dix ans après les émeutes qui secouèrent la France, « la situation des banlieues est encore plus mauvaise ».

C’est franchement étonnant. Mais si, admettez tout de même que vous êtes un peu surpris : normalement, cela fait des décennies que nos amis de tous les gouvernements qui se sont succédé aux commandes du pays travaillent à remettre les banlieues d’équerre. Cela fait des décennies que les experts / philosophes / journalistes / sociologues se relaient pour expliquer pourquoi ces banlieues sont en déshérence, pourquoi les habitants ne s’y sentent pas bien, comment il faut procéder pour aider les uns, secouer les autres, les employer et leur redonner de l’espoir, de la joie de vivre, du cœur à l’ouvrage et ce petit je-ne-sais-quoi qui fera revenir joie, bonheur, gaîté et subventions chez les habitants de ces quartchiers qui ont du talent. Normalement, tout devrait être bien carré, après toutes ces dépenses, toutes ces années, non ?

Eh bien non.

En bref, la banlieue est sans nul doute devenue le beau baroud de ce gouvernement de combat qui cherchait une guerre à sa hauteur. Comme dans tout combat, il y aura des cibles, clairement désignées, des objectifs, des forteresses à prendre et des sièges à tenir (notamment celui de Premier ministre qui est parfois éjectable). Les objectifs sont connus puisqu’il s’agit bien sûr d’égaliser à coup du bulldozer républicain anti-discrimination. C’est facile, c’est clair, c’est net, et la bavure ne lui fait pas peur.

Quant aux cibles, elles sont toutes désignées. Après quelques foulées athlétiques dans les rues des Mureaux vides d’habitants (qui avaient sans doute d’autres chats à fouetter que voir un clown parader), le Premier ministre a rendu publique une liste de 36 communes méchamment récalcitrantes à leurs obligations en matière de construction de logement social, quinze ans après l’adoption de la loi SRU imposant des quotas démocratiques et festifs. De façon toujours aussi stupéfiante, on découvrira dans cette liste une majorité de communes dont l’équipe municipale fricote avec les Républicains™® ou le Front National. Sur les 36 communes, seules 4 sont classées à gauche. C’est un pur hasard. Abomination supplémentaire : Neuilly (ex ville de Sarkozy) ou Fréjus (FN) ne respectent pas les engagements qu’on leur a imposés de construire du logement social. Flûte alors.

image: http://h16free.com/wp-content/uploads/2015/10/no-way-cat-250x168.jpg

Pourtant, tout le monde sait qu’une fois construit, c’est l’assurance d’un avenir florissant, comme l’ont justement prouvé les quarante années efficaces de politique du logement, de politique de la Ville ou de la gestion des banlieues en général. On s’étonne donc que certaines villes trouvent inadaptée la solution proposée par l’État et fassent bêtement de l’obstruction stérile à un programme dont tout indique qu’il va très bien se terminer !

Très concrètement, les maires de ces insupportables communes insoumises seront dorénavant remplacés par les préfets qui délivreront les permis de construire pour les charmants ensembles immobiliers prévus par la loi. Ça tombe bien : ces préfets ne sont pas sanctionnés par le vote démocratique, et n’auront donc aucun compte à rendre lorsqu’enfin, les communes désignées bénéficieront à leur tour du bon taux de HLM. C’est aussi ça, la Socialie détendue de l’autoritarisme, pas de quoi en faire un drame.

D’autant que le plan de Manu les HLM n’est pas vide de ces truculentes inventions qui savent donner tout son sel aux initiatives vraiment gouvernementables. Ainsi, lorsque la Commission Interministérielle à l’Égalité et à la Citoyenneté s’est réunie le 26 octobre, elle en a aussi profité pour renforcer le lien social, le vivrensemble et tout le tralala républicano-mixophile en instaurant, sous l’impulsion de la fine fleur sénatoriale socialiste et de Fleur Pellerin, l’actuelle excuse en charge du ministère de la Culture et de la Communication, un diplôme national supérieur professionnel de la danse hip-hop.

On appréciera toute la puissance de cette innovation au secours des banlieues qui s’inscrit d’ailleurs assez bien dans l’encadrement de l’État tous azimuts d’absolument tout et n’importe quoi pour gagner des ouailles. Dans le prolongement de ce diplôme officiel de hip-hop, on attend sans doute que des Tsiganes mettent le feu à l’une ou l’autre autoroute pour que soit enfin reconnue par un diplôme les spécificités de leur musique…

Tout ceci rejoint assez bien l’apparition, il y a quelques années, de la Tout Ce Qu’il Y A De Plus Officielle licence de clown, dont le diplôme, absolument nécessaire, a propulsé la clownerie française au rang d’art reconnu dans le monde entier.

Non, décidément, il n’y a pas à tortiller : la gestion des banlieues a été assez exemplaire les décennies passées et la façon dont le Plan Truc Machin est actuellement enquillé laisse présager du meilleur. Et cerise sur le gâteau : ce sujet ô combien délicat permet aussi à la fine équipe gouvernementale de bricoler des rétorsions politico-politiciennes en poussant ses basses œuvres idéologiques dans la foulée. Accessoirement, les précédents plans ont toujours été particulièrement efficaces pour diriger efficacement les sprinklers à pognon public vers les bons gosiers aspirants, et tout indique qu’on va continuer dans la même direction avec le petit dernier.

On le savait : ce pays est foutu. Mais au moins, nous aurons des clowns diplômés et des hip-hopeurs brevetés qui clowneront et hip-hoperont dans des cités subventionnées.


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