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  • : Le blog de Jean-Loup
  • : Engagé, depuis plusieurs décennies dans une démarche visant à lutter contre tous les processus d'exclusion, de discrimination et de ségrégation socio-urbaine, je suis persuadé que si nous voulons « construire » une société reposant sur un véritable Vivre Ensemble. Il nous faut savoir, donner du sens au sens, prendre le temps de la concertation et faire des propositions en adéquation avec les besoins de nos concitoyens.
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4 mars 2018 7 04 /03 /mars /2018 18:28
Le sinologue François Godement a remarqué que Xi Jinping ne s’embarrasse plus d’allusions aux réformes démocratiques ni au libéralisme du marché : « Grâce à Internet et au big data, son ambition dépasse Orwell ».

 

Ça n’a pas traîné : 6 mois après sa prise de pouvoir, le président Xi faisait disparaître de la constitution la limite des deux mandats. Une illustration supplémentaire de la montée de l’autoritarisme, voire du despotisme qui gagne le monde depuis quelques années, après l’espoir de la généralisation de la démocratie qui avait suivi la chute du mur dans les années 1990.

Mais, dira-t-on, c’est faire du mauvais esprit que de comparer le dirigeant d’un grand pays en voie de modernisation rapide avec tel dirigeant africain laissant croupir son pays dans la misère au bénéfice de sa fortune personnelle.

Cela nous mène à la nature du développement chinois, mais aussi d’abord à sa tradition du pouvoir absolu

UNE TRADITION IMPÉRIALE

Pendant des millénaires, les empereurs chinois avaient un pouvoir absolu en tant que représentant du ciel sur la terre. Mao également, le ciel étant remplacé par le parti.

Et justement Xi Jinping vient de décider un renforcement supplémentaire du rôle du parti. L’article 1 de la constitution définit désormais « le rôle dirigeant du parti comme le trait le plus essentiel du socialisme aux couleurs chinoises ».

Les entreprises étrangères ont d’ailleurs noté la multiplication et surtout des interventions dans la gestion des cellules d’entreprises du parti.

ORWELL L’AVAIT RÊVÉ

Le projet de présidence à vie de Xi Jinping a suscité critiques et moqueries sur les réseaux sociaux. Une image sur WeChat montre le portrait de Mao sur la place Tiananmen remplacé par celui de XiTout cela a bien sûr été rapidement censuré tandis que les médias officiels lançaient une campagne de propagande en faveur du chef de l’État.

Une armée de fonctionnaires contrôle l’internet chinois qui est coupé du monde. Comme il faut bien des passerelles vers l’extérieur, les logiciels pour cela doivent être déclarés et on pourra vérifier que vous « ouvrez la fenêtre sans laisser passer les mouches ».

Le sinologue François Godement a remarqué que Xi Jinping ne s’embarrasse plus d’allusions aux réformes démocratiques ni au libéralisme du marché : « Grâce à Internet et au big data, son ambition dépasse Orwell« .

Il a surpris la planète entière avec la mise en place d’un Super Big Brother, avec la reconnaissance faciale pour tous d’ici 2020, et la notation de tous les citoyens chinois à partir de leurs bons ou mauvais comportements, recensés à partir de leurs pratiques numériques observées 24h/24.

LE POUVOIR, C’EST AUSSI POUR L’ARGENT

Xi ainsi que de nombreux hauts dirigeants actuels sont des « princes rouges » c’est-à-dire les descendants de proches collaborateurs de Mao. Ils ont un pouvoir politique qu’ils peuvent monnayer. Par ailleurs le parti est maintenant ouvert aux « capitalistes », princes rouges ou pas, dirigeants de sociétés privées.

Il est donc tentant de s’aider entre camarades du parti, surtout si les intérêts sont complémentaires, par exemple une attribution de crédits pour les travaux publics d’un côté, la réalisation de ces travaux de l’autre, ou encore des renseignements sur de futurs classements de terrain de zones rurales en zone urbaine. Il est humain ensuite d’aider un camarade capitaliste malheureux en adaptant un marché en cas d’imprévu.

Bref le régime a certains défauts classiques des régimes autoritaires. Mais, disent ses admirateurs, cela pèse peu au regard de ses réussites économiques.

CE RÉGIME EST-IL AU MOINS ÉCONOMIQUEMENT EFFICACE ?

Un peu d’histoire peut éclairer le présent :

  • L’exemple soviétique

Le régime communiste chinois a été inspiré par l’URSS qui l’a soutenu jusqu’à la rupture des années 1970. On y retrouve certains traits de l’économie soviétique : succès dans le domaine des armements et de l’industrie lourde et plus généralement dans les productions « simples », c’est-à-dire ayant un petit nombre de clients contrôlés par l’État : production de charbon pour les aciéries, ventes des aciéries aux usines d’armement, ventes des usines d’armement à l’armée.

L’économie soviétique n’a pas été capable par contre de gérer une économie complexe au bénéfice des citoyens : « nos dirigeants mangent de l’acier, nous préférons la goulash ».

Le précédent soviétique, c’est aussi l’écroulement du régime suite au relâchement de l’autocratie par Gorbatchev. Le régime chinois y a vu à juste titre un danger mortel, et veille au contrôle total de la population, et surtout de tout ce qui pourrait générer un groupe. Une fédération d’associations de gymnastique apolitique en a fait les frais.

Instruite par les échecs soviétiques, la Chine a perfectionné le modèle économique communiste

  • L’ouverture à l’étranger pour éviter des erreurs de l’URSS

Inspiré par les succès japonais, coréen et taïwanais, la Chine a profité de ses très bas salaires de l’immédiat après Mao pour faire venir les industriels étrangers qui lui ont apporté argent, emplois et exemples. Puis, dans un deuxième temps, après avoir formé en masse techniciens et ingénieurs, elle a imité puis dépassé les entreprises étrangères en favorisant de mille façons les entreprises chinoises sous-traitantes puis concurrentes.

Il en est résulté une percée technique et militaire qui la met au niveau des meilleures entreprises mondiales notamment en numérique. Ainsi l’Institut d’études stratégiques (IISS), à Londres, estime que la Chine pourra bientôt déployer une aviation et des missiles au moins aussi performant que les meilleurs matériels occidentaux.

Mais le régime se résume-t-il à ses succès ?

LE RÊVE OCCIDENTAL, UNE VIEILLE LUNE ?

La montée de la Chine traumatise l’Occident, qui oublie qu’elle part de très bas et que c’est grâce à son appui technique et managérial qu’elle est revenue à un niveau normal.

On date souvent de Voltaire le début intellectuel du libéralisme politique occidental, lui-même source du libéralisme économique inventé par Turgot. Depuis que, pour flatter les dirigeants européens, Voltaire inventa la notion de « despote éclairé » agissant pour le bien de son pays, le rêve demeure d’un dictateur bousculant les traditions dans l’intérêt général. De nombreux militaires sud-américains et aujourd’hui le président Xi en bénéficient.

Mais là aussi il faut regarder de plus près si les valeurs sous-tendues sont bien celles des Lumières.

VALEURS OCCIDENTALES ET VALEURS ASIATIQUES

L’Occident s’est bâti sur un socle gréco-romain, qui a notamment introduit la notion de droit de la personne. Après 2000 ans d’évolution, il en est résulté la conviction que les libertés intellectuelles et politiques sont à la fois une valeur en elle-même et une condition nécessaire du progrès scientifique et économique. Cette conviction s’est diffusée dans le reste du monde, et « désoccidentalisée » par l’Indien par Amartya Sen.

En réaction à ces valeurs occidentales ont été proclamées les « valeurs asiatiques » dérivées de Confucius avec le respect quasi absolu de l’autorité politique et familiale. Dans un tout autre contexte, l’autorité en pays musulman participe de la même idée, puisque qu’elle rappelle que « si le chef est en place, c’est que Dieu l’a voulu ».

Un profond conflit de valeurs divise donc les sociétés non occidentales :

  • Leurs élites constatent que c’est l’apport de l’Occident qui permet la liberté et le développement, mais ces élites font face à une majorité traditionaliste instrumentalisée par les pouvoirs en place.
  • Les modernistes sont affaiblis par les doutes de l’Occident sur lui-même, doutes nourris par le marxisme qui a engendré les partis communistes, puis par un désenchantement récent envers la démocratie, « le pire des régimes à l’exception de tous les autres » d’après Wilson Churchill.

Ce sont ces idées occidentales que combat ouvertement le régime chinois. Mais il oublie qu’elles ont permis le redressement du pays. L’histoire nous rappelle les dégâts de l’ubris , orgueil du succès, et que « le pouvoir absolu corrompt absolument ».

 

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2 mars 2018 5 02 /03 /mars /2018 16:47

Il est des associations qui méritent d'être  soutenues.

L'association l'Un et l'Autre en fait partie en lisant le communiqué de presse ci-dessous vous comprendrez pourquoi. 

Force est de constater, que nous nous devons d'être, de plus en plus,  vigilant et soutenir tous les bénévoles qui quotidiennement lutte contre l'exclusion. 

Jean-Loup Dujardin 

 

 

 

Communiqué de Presse

du jeudi 1 mars 2018

Pour un appel à l’aide d’urgence !

AURORE C’EST L’HORREUR !

Après s’être fait confié la gestion du site de Saint-Vincent de Paul par la Mairie de Paris après le départ de l’AP-HP fin 2014, l’association Aurore s’est présentée comme « opérateur de confiance » auprès des +260 associations accueillies progressivement de 2015 à 2017 sur le site devenu « les Grands Voisins ». Sauf que si le programme des travaux envisagé par Paris-Batignolles Aménagement était prévu pour démarrer en juillet 2018, ce n’est que fin juin 2017 que le compte à rebours est passé soudainement de 12 mois à 6 mois !

Quand on a un espace cuisine de 240 m² avec un espace de stockage des denrées alimentaires dont une chambre sèche, une froide et une négative, pour préparer, 3 fois par semaine tout au long de l’année, plus les jours fériés, +750 repas, soit + 106 000 repas servit en 2017, un espace identique à louer ne se trouve pas en claquant les doigts, surtout quand on est bien seul pour chercher. Et c’est d’autant plus compliqué à trouver quand on doit être proche d’une station de métro pour s’assurer d’avoir des bénévoles et des probationnaires.

Malgré tout, le 5 janvier dernier le maire d’une commune proche du périphérique et président du Forum métropolitain du Grand Paris nous offre spontanément et sans condition l’opportunité de nous accueillir dans un local de 172 m² disponible dans le parc immobilier de son OPHLa Mairie de Paris nous confirme son soutien dans les semaines suivantes pour les 120 000 € de travaux d’aménagement. Reste la confirmation imminente du soutien de notre banque pour assurer la trésorerie, le temps que la subvention des travaux soit versée en juillet prochain. Nous devrions donc pouvoir emménager fin mars - tout début avril grand maximum.

Pendant ce temps, Aurore commence à nous mettre une grosse pression pour que nous libérions les locaux. Non pas parce que notre bâtiment va être démoli et que l’on retarderait l’agenda de l’aménageur, et donc générant des pénalités, pas du tout ! C’est parce qu’Aurore et Yes We Camp veulent le transformer pour faire leurs affaires ! Étant donné les millions de subventions que collecte Aurore en claquant des doigts chaque année, son compte d’exploitation ne peut supporter un retard de quelques semaines dans sa production de marge bénéficiaire dans le domaine de l’aide alimentaire, qu’il facture, lui ! Pour faire de notre cuisine un restaurant, les travaux sont quand même de +150 000 €.

 

Donc après nous avoir menacé de différentes manières tout au long du mois de janvier, nous avons dû déménager fin janvier, le couteau sous la gorge et sans aucun bail, dans un espace bureau, toujours sur le site des « Grands Voisins » devenu les « Greniers Malsains ». Mais quand vous branchez la 3e plaque chauffante, les plombs sautent. Donc au lieu de commencer à préparer les repas dès 8h du matin en cuisine, nous devons commencer à faire la cuisine dans ces « bureaux » dès 5h, trois matins par semaine, pour nourrir nos +750 hôtes par service avec un repas chaud, indispensable par ces températures proches de 0 degré depuis trop longtemps pour ceux qui vivent dans la rue.

Et le 27 février, nous sommes informés verbalement en fin de matinée sur le perron que nous avons 48h pour évacuer ce local car des travaux vont avoir lieu pour faire des douches ! ? ! ? ! Ce coup de poignard public est criminel, mais tout le monde s’en fou car nous sommes dans l’univers bienveillant et solidaire des associations humanitaires en pause hivernale !

Alors on fait quoi ? Devons-nous aller nous immoler sur les Champs Élysées pour défendre notre engagement bénévole pour continuer à servir les plus démunis, ce que nous faisons depuis 2003 ? Devons-nous aller porter plainte au commissariat pour « crime contre l’assistances à 106 000 personnes en danger ? » Doit-on se coucher devant ces dizaines de millions de subventions qui doivent être rentables à la semaine près ? Doit-on demander au GIGN de venir nous protéger contre l’absurdité, la suffisance et l’abus de pouvoir ?

Au nom des 106 000 hôtes nourris en 2017,

Au nom des +2 250 hôtes nourris chaque semaine :

À L’AIDE !

Tout appel téléphonique à qui de droit sera toujours ça de tenté

pour que la bêtise et l’argent ne gagnent pas un mois

face à l’aide humanitaire gratuite…

Jean-François HAREL

Président

 

www.lunestlautre.org

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7 février 2018 3 07 /02 /février /2018 17:12
Pendant que les ministres luttent âprement contre les promotions sur le Nutella, au moins la France peut-elle s’enorgueillir d’être bien gérée et que l’ordre, la justice et la loi y règnent sans conteste.

D’ailleurs, c’est avec une organisation ordonnée et bien encadrée que le trafic de drogue s’organise tous les jours dans les endroits les plus stupéfiants du pays, à commencer par certains domaines directement dépendant du ministère de la Justice sur lesquels se sont dernièrement développés de juteux points de vente.

Le fait divers est relaté dans les colonnes de La Provence où l’on apprend qu’un réseau de vente de stupéfiants a pris ses habitudes sur les 9 hectares du domaine de l’unité éducative de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), à Marseille (ville par ailleurs charmante) : dans un souci évident pour les commerçants de se rapprocher toujours un peu plus de leur clientèle, les dealers se sont installés, en toute impunité, au contact des délinquants en réinsertion.

L’article est édifiant puisqu’il ne fait pas mystère que la situation existe depuis longtemps, que l’impunité des dealers y est à peu près totale et que ce sont même ces commerçants alternatifs qui se chargent de la « sécurité » du site en contrôlant les allées et venues des agents de la PJJ, probablement afin de garantir que les transactions se passent dans des conditions optimales.

Rassurez-vous, tout est malgré tout sous contrôle. Ou à peu près. Ou vaguement, comme le laisse entendre Franck Arnal, directeur interrégional adjoint de la PJJ lorsqu’il déclare :

… nous n’avons pas la maîtrise de ces manifestations de violence et de territoire. Il nous faut pourtant réagir, sinon c’est l’État qui recule.

Oh, allons, Franck, qu’allez-vous imaginer là ? Comment croire que cette impunité et cette évaporation complète des forces de l’ordre et des principes de base de la justice seraient en quelque sorte illustratifs d’un énième recul de l’État français ?

Ce serait comme si… mmmh, voyons… comme si les fusillades continuaient de plus belle dans un pays où le port d’armes à feu est interdit et la détention lourdement règlementée ! Improbable !

Bien sûr, mon brave Franck, vous pourrez toujours pleurnicher sur l’une ou l’autre échauffourée survenue dernièrement à Calais dans lesquelles une petite brochette de migrants, assez peu inclusifs, ont fermement expliqué leur point de vue à une autre tripotée de migrants lors d’un échange de coups de feu peu règlementaires et pas du tout vivrensemblesques.

Ce genre de fusillades est fort regrettable puisqu’à force de se tirer les uns sur les autres, c’est un potentiel Victor Hugo en devenir qui finira par tomber un jour, c’est évident. Il semble aussi relativement évident que le message sécuritaire envoyé est plutôt confus puisqu’admettre ces fusillades, c’est admettre que des armes à feu circulent quasi-librement dans le pays (oh !), que les migrants sont peu ou pas encadrés du tout (oh !), que les forces de l’ordre sont complètement débordées (oh !), et que la gestion globale de tout ce foutoir est largement ouverte à discussion (oh !).

Mais baste, il ne faudrait pas s’arrêter à ces petites anicroches ! La République saura survivre à ça (et à bien pire), notamment parce qu’en définitive, force reste à  la communauté la plus armée, n’est-ce pas.

 

Oh ! Comment peut-on écrire ça, en France, en 2018 ?

Peut-être parce qu’au lieu de prendre en compte les belles idées de nos politiciens, on se doit de regarder les choses en face pour constater que dans la vraie vie, les forces de l’ordre font de plus en plus souvent de la figuration ?

En effet, aux faits divers choisis précédemment, il conviendra d’ajouter ce dernier, très illustratif de la situation réelle du pays, loin des fantasmes de justice et d’ordre républicain dans lesquelles barbotent nos élus.

Les faits sont aussi banals que dévastateurs pour la Douce Socialie du Bisounoursland : un retraité propriétaire d’une maison à Garges-lès-Gonesse est informé par la police locale que son bien est squatté par une troupe de Roms qu’on ne pourra tout simplement pas déloger parce que… pizza !

Entregent du propriétaire malheureux, force des réseaux sociaux ou magie du communautarisme appliqué ? Toute une bande de joyeux « jeunes de cités », encouragés par un youtubeur influent, débarque alors et vire manu militari les Roms importuns, quasiment sous les bravos circonspects des médias qui se sont bien retenus de caractériser les actions des uns et des autres, au contraire d’un passé pas si lointain (deux ans) où de vilains  riverains avaient finalement expulsé des Roms un peu envahissants sans (oh mon Dieu !) en passer par la voie légale (gasp !).

Au passage, la police, essentiellement spectatrice, n’aura donc servi ni à empêcher que la maison soit squattée en premier lieu, ni à virer les squatteurs, ni à empêcher la venue d’une bande de jeunes, ni à empêcher l’expulsion des « occupants sans titre » (que la loi, fine et bien ajustée, semblait pourtant protéger parce que… pizza !).

L’efficacité du Service Public Régalien de Sécurité nous offre ici une publicité assez phénoménale de ses compétences et de son efficacité. Notons au passage que le Service Public Régalien de Justice n’est pas du tout étranger à cette incompétence, et que le sabotage consciencieux de ce dernier service doit à peu près tout au travail systématique de nos politiciens.

Certains, un peu trop enthousiastes, verront ici une sorte de libéralisme en application : après tout, ces jeunes actifs, n’hésitant pas à sortir pour déloger des indésirables, sont manifestement tout à fait d’accord pour faire respecter le droit de propriété, principe libéral essentiel. Si l’on ajoute la vente et le commerce libres de drogue ainsi qu’une largesse très grande pour la détention et le port d’armes que beaucoup de ces individus pratiquent, l’argument semble solide.

 

Il est vrai qu’à force de délitement et d’incompétence (voulue ou subie), les forces de l’ordre poussent bien à la constitution de milices qui est évoqué régulièrement . Malheureusement, bien loin d’un mouvement qui viendrait en appui des forces de l’ordre et sous l’œil bienveillant d’un législateur acquis à l’individualisme, cela vient en dépit des institutions qui partent en saucisse.

Du reste, le libéralisme n’a jamais pu prospérer autrement que lorsque l’état de droit est assuré. Or, ici et en pratique, c’est la déliquescence avancée de toute la société française qui s’illustre : un propriétaire, très probablement « encouragé » par un droit du logement invraisemblable, laisse son bien à l’abandon. Des Roms, rompus à l’occupation conflictuelle, utilisent les trous légaux béants pour y emménager. Suite à l’appel d’un gourou des interwebs faisant vibrer la corde identitaire, des jeunes de cités débarquent et virent les Roms. Pendant ce temps, la police compte les points.

En 2018 en France, en lieu et place du respect de la Loi et de la Justice s’installe progressivement des milices et des règlements de compte plus ou moins violents où se mêlent délitement social, pauvreté et replis communautaire.

Forcément, ça va bien se terminer.

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6 février 2018 2 06 /02 /février /2018 10:48

En rire ou en pleurer... Voilà la question 

Bon. Parlons d’un sujet sérieux en ce lundi et pour le premier édito de cette nouvelle semaine que nous allons passer ensemble.

Les émeutes du Nutella. Oui. C’est un sujet plus que sérieux et derrière cette simple pâte à tartiner se cache une symbolique profonde et de grands sujets philosophiques à mettre en lumière sur ce qu’est devenue notre société.

Autrefois réservées aux “forcément crétins” américains, les émeutes promotionnelles sont devenues en moins de 5 ans une réalité dans les rayons de nos supermarchés. J’en reste toujours sans voix et ébahi.

N’accusez pas le pourcentage de réduction ! Ils en profiteront pour nous réduire les réductions possibles et c’est d’ailleurs déjà annoncé !!!

N’accusez pas Intermarché, personne ne pousse les gens à s’entre-tuer pour 3,30 euros de réduction sur un pot de pâte à truc.

N’accusez pas la misère ou le chômage, c’est une insulte à l’égard des vrais pauvres, car un vrai pauvre véritablement pauvre et misérable n’ira même pas dans un magasin. Vous imaginez les migrants qui campent sous nos ponts se jeter sur une promo Intermarché pour du Nutella ? Sérieusement ? Non !

Les seuls à blâmer sont tous ces imbéciles décérébrés de “con-sommateurs” qui se laissent emporter par le désir de possession, par l’avidité. Par le “prix”. Le Nutella n’est pas un besoin vital, à peine superflu.

L’absence d’éducation !

Alors ils sont nombreux, les bêlants, à regarder les taux de chômage et à gloser sur le rapport évident entre “misère” et émeutes Nutella…

Personne pour parler de la vérité.

Personne pour dire la vérité.

Les émeutes Nutella, ce n’est ni le chômage ni la misère, c’est l’absence d’éducation, de courtoisie, c’est l’absence de maîtrise de ses émotions, de son avidité ou de ses pulsions.

Que l’on soit riche ou pauvre,

Que l’on soit à Roubaix ou dans le 16e à Paris, rien ne justifie que l’on se jette sur un bocal, parce que c’est une question de maîtrise de soi.

Être pauvre n’est en aucun cas une excuse pour s’exonérer de la nécessaire et indispensable maîtrise de ses pulsions. C’est la différence entre l’homme et l’animal dont nous parlons, pas de celle entre le “riche” et le “pauvre”.

Si l’on renonce à la maîtrise de soi, à la maîtrise de nos pulsions, alors nous justifierons, tôt ou tard, les viols, les vols, les pillages, les meurtres et les massacres… Finalement, c’est ce que nous sommes insidieusement en train d’accepter chaque jour un peu plus.

L’éducation, c’est la maîtrise de ses pulsions pour permettre la cohabitation en société et rendre les choses vivables.

L’éducation et la politesse, c’est ringard, c’est forcément de droite, c’est un tantinet fasciste même… sauf qu’une société sans éducation, sans courtoisie, sans politesse, sans règles de bienséance, ce n’est même plus la chienlit, c’est le bordel total, et ce pays devient un effroyable bordel.

L’intégration Nutella !

Autre remarque que les bien-pensants prendront bien comme ils voudront : force est de constater une parfaite et totale intégration dans la crétinerie et une toute aussi totale parité homme-femme dans la bêtise crasse de nos “foules” ou de notre peuple.

Nous voyons dans ces cohues indescriptibles autant de femmes voilées que de cheveux au vent.
Nous voyons autant de femmes affamées de Nutella que d’hommes décérébrés.

En un mot ? Tous unis dans la connerie, ce qui me fait dire que la connerie est paritaire. Quel beau programme. Quel bel avenir pour nos peuples.

Réduire l’homme à l’avoir plutôt qu’à l’être.

Blancs, noirs, jaunes et marrons, hommes et femmes, jeunes et vieux, voilées ou non, tous unis et intégrés au saint système capitaliste productif du toujours plus et de la “con-sommation” de masse.

Célébrons ensemble, la France black-blanc-beurre de cacahuète et huile de palme, vous savez cette huile de palme que l’on cultive et qui nécessite de détruire des milliers d’hectares de biodiversité pour que l’on se tape dessus dans les rayons de supermarchés à la moindre promotion.

Ne comptez effectivement pas trop sur moi pour trouver une seule circonstance atténuante à nos masses décérébrées qui doivent être désignées comme telles quelles que soient leurs origines ethnico-religioso-je-ne-sais-pas-quoi !

Le débat entre l’inné et l’acquis a été tranché depuis bien longtemps ! Pour 95 % des gens, c’est l’acquis qui fera de vous ce que vous deviendrez ! Pour une infime minorité, le poids des gènes ne pourra pas être compensé par l’acquis, c’est le cas, pour donner un exemple clair, d’une maladie génétique orpheline sans traitement ! Vous aurez beau être aussi intelligent et brillant que Stephen Hawking, vous serez dans un fauteuil roulant, mais vous serez tout de même, grâce à l’intelligence et aux savoirs, l’un des astrophysiciens les plus brillants de l’histoire de l’humanité.

L’acquis c’est l’instruction, c’est l’éducation, c’est la connaissance et les savoirs !

Oui les masses sont devenues terriblement stupides. Pas uniquement par leur seule responsabilité évidemment. C’est tout un système qui rend les gens crétins, à commencer par nos enfants, les vôtres comme les miens, et lutter contre ce système est, disons-le, très difficile !

Difficile de lutter contre la télé.
Difficile de lutter contre les jeux vidéo et tous les aie-pads et autres tablettes.
Difficile de lutter contre les téléphones portables et les smartphones.
Difficile de lutter contre les réseaux sociaux.
Difficile de lutter contre les émissions de télé-réalité,

Tout cela est très séduisant, très attirant. Très destructeur également.

Voilà à quoi ce relâchement collectif majeur aboutit.
Voici ce à quoi notre abdication collective à l’instruction vient de nous conduire.
Voici l’avenir de vos enfants.
Voici la vie en France en ce mois de janvier 2018.

Philosophiquement, politiquement, humainement, ne comptez pas sur moi pour me résoudre à considérer que cela est normal.
Que c’est bien.
Que c’est ainsi.
Qu’il n’y a rien à faire, et que l’on ne peut pas proclamer que c’était mieux avant !

Oui c’était mieux avant, mais pas pour tout !

Énonçons une évidence. Pour certaines choses, c’était mieux avant. Pour d’autres, c’est mieux maintenant !
Si nous n’étions pas devenus complètement stupides collectivement, si nous n’étions pas étouffés par les politiquement corrects, et le poids des lobbys qui ont tous un truc à vous vendre ou une position dominante à défendre, nous serions capables d’avoir une réflexion profonde sur les “progrès”.

Nous pourrions choisir ce que nous prenons de mieux, et ce que nous refusons pour conserver ce qui était mieux avant !

Navré de le dire, mais quand j’étais enfant, l’Éducation nationale c’était nettement mieux que maintenant et à l’époque de mes parents, c’était encore bien mieux. Je parle du niveau et du degré d’exigence.

Résister contre ce système, contre cette bêtise globale est encore une fois le devoir de chacune et chacun de nous, pour nous-mêmes et pour nos enfants.

Passons maintenant aux aspects concrets… Résister donc, survivre à cette ambiance de fin du monde intellectuel, certes… mais comment faire ? Voici ce que j’ai fait ce week-end avec mes enfants.

De façon pragmatique, comment survivre à une émeute de supermarché ? En n’y allant pas pardi !

Oui, mais… je veux manger du Nutella !!

Je viens donc d’adapter mes préparatifs à la fin du monde forcément de plus en plus proche quand j’observe sidéré le comportement de mes congénères.

En plus des boîtes de raviolis, je viens de rajouter le nécessaire du petit fabricant de pâte à tartiner que nous nous sommes empressés de tester avec les enfants. Cela permet, au passage, de faire un poil d’éducation !!

Pour fabriquer son Nutella en cas de crise de manque majeure, il vous faut :

1/ de la poudre de noisette ;
2/ du lait concentré sucré ;
3/ du chocolat noir.

1/ Préparez les ingrédients… enfin pas vous, les enfants (C'est mieux)!

2/ Profitez-en pour faire réviser les problèmes de math à celle de 8 ans, qui découvre comment on divise 200 grammes par deux vu qu’il faut 100 g de chocolat et que la tablette en fait 200 alors on compte les carrés… Pas gagné mais on y arrive !

3/ Une fois le chocolat fondu, rajoutez le lait concentré sucré… Bon, ne lésinez pas, videz le tube, ça va plus vite !!!

4/ Mettez une bonne grosse cuillère de poudre de noisette, allez-y franchement, en fait mettez-en deux !!! C’est meilleur et cela aura plus le goût de Nutella…

5/ Demandez au papa que je suis de faire cuire les crêpes, mais ne demandez pas à l’économiste de faire sauter les crêpes… Essai raté de la poêle d’en bas… Bon, tartinée, cela se mangera, rassurez-vous pour cette pauvre crêpe. Étalez votre pâte à tartiner faite maison et avec amour par vos enfants qui sont très fiers de leur œuvre. Profitez-en pour les féliciter et “travailler” l’estime de soi qu’ils peuvent avoir, car comme dit notre docteur, “si ce n’est pas vous qui leur faites des compliments, personne ne le fera…” (Pas bête le docteur.)

Savourez. Dégustez… 

Plutôt que de nous battre et de nous bousculer dans un supermarché pour un pot à 1,40 € au lieu de 4 et quelques, nous avons passé un bon moment avec nos enfants. Ils ont patouillé, découvert et goûté. Ils ont “fait”, ils ont “fabriqué”. Nous n’avons tué aucun singe en cultivant de l’huile de palme, nous avons limité notre impact écologique, nous avons vécu quelque chose, nous avons expérimenté, nous avons fait un poil de chimie et découvert que c’est le lait concentré qui permet d’obtenir une pâte qui se tartine et pas du chocolat fondu qui redevient dur en refroidissant…

Les enfants ont pu se rendre compte qu’il valait mieux que papa fasse de l’économie plutôt que de la cuisine… Nous avons donc résisté. Nous avons résisté sans pour autant choisir la misère, l’absence de tout. La simplicité et la frugalité ne sont pas l’absence de tout. Au contraire, c’est redonner la vraie valeur aux vraies choses et aux vrais moments.

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28 janvier 2018 7 28 /01 /janvier /2018 14:19

Après moultes semaines de silence…

Après avoir participé à la réunification de la famille RADICALE

Après avoir participé à la création du Mouvement Radical Social-Libéral

Étant maintenant à la retraite (dans quelques heures) je vais pourvoir reprendre la plume et d’exprimer épistolairement mes pensées

Cette expression se fera tant à partir d’articles que j’aurai rédigé ou d’articles choisis car proche de mes réflexions en cours.

Cette expression sera celle d’un Social-Libéral, Radical, d’un Humaniste donc la Parole d’un Homme Libre

Pour le retour, j’ai choisi un article de Sophie Bastide-Foltz

CC BY-NC-ND 2.0)

Les rivalités entre féministes trahissent un problème de communication, un manque de vocabulaire et de culture générale assez répandu.

La tribune des 100 femmes réunies autour de Catherine Deneuve, Catherine Millet et Peggy Sastre n’a pas inspiré de débat mais des invectives. Dans la presse et sur les réseaux sociaux, l’incommunicabilité règne. Un dialogue de sourdes de plus en plus envahissant, destructeur et préoccupant.

La confusion règne. Il semblerait que nous ayons de plus en plus de mal à parler ou écrire en français en France, donc à être compris. Nous sommes confrontés à plusieurs problèmes : le manque de précision du fait d’un vocabulaire de plus en plus restreint, le manque de culture générale, notamment en histoire, l’état émotionnel dans lequel se mettent les gens dès lors que, justement, ils n’ont pas les moyens de défendre leur point de vue.

Non seulement ils montent sur leurs grands chevaux mais ils vous taxent d’élitisme si vous essayez de leur démontrer votre point de vue à l’aide de connaissances ou de références qui leur font défaut.

PAS DE NUANCES SUR LE NET

Un vocabulaire imprécis et un déficit de références entraînent un manque de nuances et un abus de stéréotypes, lesquels viennent encore accroître ces prémisses. Sans parler de cette tendance à masquer les situations gênantes et le réel en général par des affirmations péremptoires, vides de sens.

Dans 1984, Orwell expliquait déjà fort bien que sa Novlangue était un mode d’expression basique propre à interdire la pensée abstraite, donc l’intelligence.

Le mérite de Catherine Deneuve dans sa lettre de mise au point est de dissiper l’une des nombreuses confusions qui en découlent : 100 femmes qui se réunissent pour signer une tribune, cela n’implique pas un raisonnement monolithique de leur part sur tous les aspects du sujet abordé.

LES BOBOS DES DÉMAGOS

À tout cela s’ajoute la démagogie ambiante qui conduit à multiplier les micros-trottoirs. Les lycéens sont interrogés sur la macroéconomie, les footballeurs sur la géopolitique et la ménagère de 50 ans sur le droit constitutionnel. Et le drame, quand on demande son opinion à un quidam, c’est qu’il se croit légitimé à la donner. Le plus inquiétant étant que ce phénomène ne pourrait être endigué que par un travail éducatif de fond qui, même s’il était résolument entrepris aujourd’hui, ne porterait ses fruits que dans une quinzaine d’années.

Le déni du réel vient encore aggraver cette situation. Depuis mai 68, il est de bon ton d’adopter la position bisounours qui, a contrario, stigmatise plus que jamais tout porteur de mauvaises nouvelles. Il s’agit aussi de ne pas manifester le moindre respect vis à vis des sachants, voire même de « se les payer » pour se valoriser.

LA NATURE EST UNE S…

Depuis mai 68 également, le monde n’est plus en adéquation avec la nouvelle doxa, donc il faut le changer, privilégier « l’alter ». Il ne s’agit plus d’améliorer une situation, mais de rebattre les cartes, y compris celles de la Nature. Et au passage, n’accorder que la portion congrue aux devoirs pour encourager la revendication des droits.

En conclusion

Ce n’est pas grave… nous vivons une époque moderne.

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16 août 2017 3 16 /08 /août /2017 12:49
Comment faire réfléchir en développant une analogie un peu rapide.

 

Pour ses opposants, le libéralisme est souvent comparé à une volonté de laisser le « renard libre dans le poulailler libre ». Cette comparaison simpliste est profondément fausse pour plusieurs raisons, qui tiennent à l’incompréhension du sens de libéralisme ou de liberté.

« L’un des mythes français les plus tenaces consiste à considérer que la coopération sociale, c’est-à-dire en fait la coopération entre les individus, n’est pas possible si elle n’est pas organisée par le centre, c’est-à-dire par l’État. Seul, dit-on couramment, l’État est capable d’avoir une vision d’ensemble, une vision à long terme, seul il peut concilier des intérêts qui sont opposés et promouvoir par conséquent une vision du « bien commun ». Sans son intervention la société serait anarchique, elle conduirait à la guerre de tous contre tous, à la domination des forts sur les faibles, à cette étrange liberté du « renard libre dans le poulailler libre ». Ces vagues idées, indéfiniment ressassées, véhiculées dans l’enseignement français, reproduites par certains journalistes en mal d’imagination, sont en réalité fondées sur une confusion intellectuelle si patente qu’elle ne peut être que malhonnête. Elle consiste à assimiler l’existence d’inégalités entre les individus à l’existence d’effets de domination. »(Pascal SalinLibéralisme, 2000)

 

Généalogie de l’expression

Malgré sa fausseté totale, l’expression du « renard libre dans le poulailler libre » a été employée par de nombreux auteurs en raison de son efficacité. Elle est attribuée à Henri Lacordaire. Parfois c’est, faussement, à Jean Jaurès, à Lamennais ou à Karl Marx qu’elle est attribuée.

De très nombreux auteurs de droite et de gauche reprennent cette expression à leur compte pour attaquer le libéralisme sous un angle (qu’ils croient) éthique :

« La liberté que l’État bourgeois est chargé de garantir, c’est la liberté laissée aux forts d’écraser les faibles, au riche de dire au pauvre : « tu gagneras mon pain à la sueur de ton front ». Un diplomate définissait admirablement ce libéralisme : la morale du renard libre dans le poulailler libre. » (Roger Garaudy, Le communisme et la morale)

« Les abus du capitalisme sauvage, les crises économiques, les affrontements sociaux ont suffi pour démontrer que le libéralisme à l’état spontané (« le renard libre dans le poulailler libre ») est générateur d’exploitation, d’injustice, de désordre et d’anarchie. »(Louis O’Neill, Initiation à l’éthique sociale, 1925)

Une confusion entre libéralisme et loi de la jungle

Le libéralisme, en tant que système politique, ne s’abstient pas de règles à faire respecter. Ces règles sont le respect de l’individu et de sa propriété. Un système fonctionnant selon la loi du plus fort, comme celui du renard dévorant les poules, n’est absolument pas libéral. Pour assurer le respect des droits de chacun, le système libéral fonctionne avec un droit et des tribunaux chargés d’appliquer ce droit.

Les antilibéraux confondent volontairement libéralisme et loi de la jungle dans laquelle par exemple, des multinationales, toujours en lien avec des représentants d’un État, spolient des individus de multiples façons (réglementations, protectionnismemonopoles, etc.). Et cela, ce n’est pas le libéralisme mais un système clientéliste et étatiste, fondé justement sur le dévoiement de l’autorité de l’État.

Le renard, pas plus que le politicien corrompu ne sont donc libéraux. La protection de l’individu et de sa propriété fait partie des fonctions régaliennes dévolues à l’État par les minarchistes et les libéraux classiques. Ainsi, le philosophe franco-suisse Benjamin Constant d’écrire à propos de ce rôle de l’État qu’il doit non seulement l’assurer mais aussi l’assurer efficacement : « Il ne faut pas d’État hors de sa sphère, mais dans cette sphère, il ne saurait en exister trop. »

Si l’on reste sur le plan métaphorique, au-delà du fantasme bien ancré dans les cerveaux sur le supposé pouvoir des riches, la comparaison faite par les antilibéraux est tout aussi absurde. Dans un poulailler, qui est le véritable ennemi si ce n’est l’éleveur qui engraisse ses poules pour mieux leur prendre le fruit de leur ponte ou les manger ensuite ? Cet éleveur, c’est l’État, et non autrui.

« La liberté [le laissez-faire] s’oppose explicitement et exclusivement à la seule méthode connue du renard dans le poulailler : la coercition, la contrainte physique. Dans le poulailler, le renard serait bien inoffensif, si ses moyens d’action se limitaient à la persuasion, à la publicité ou à « l’esclavage du salariat ». Qui est davantage renard dans le poulailler ? La poule qui devient chef d’entreprise, ou l’État dont la seule méthode propre d’action est justement celle des bêtes sauvages, la force ? Avec la plus méchante des multinationales, vous pouvez choisir de n’avoir aucune relation : vous vous passerez de ses produits et elle n’obtiendra pas un sou de vous. Puis essayez de faire la même chose avec l’État : refusez ses services et cessez de payer l’impôt. Vous verrez qui a le pouvoir dans le poulailler. » (Pierre LemieuxDu Libéralisme à l’anarcho-capitalisme)

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10 août 2017 4 10 /08 /août /2017 08:14
Dans l’état actuel des connaissances et des recherches en cours, le fonctionnement des IA peut-il provoquer des désordres ? des désastres ?  un Armageddon ?

ELON MUSK, VISIONNAIRE OU CASSANDRE DE L’IA ?

Elson Musk, entrepreneur visionnaire, fondateur de Tesla et de Space X, inventeur génial, développeur éclairé de l’innovation, futurologue, futur premier voyagiste du système solaire, communique de plus en plus souvent sur lintelligence artificielle qu’il considère aujourd’hui comme « le plus grand risque auquel notre civilisation sera confrontée ».

Ses interventions ne souffrent d’aucune ambiguïté, ne s’embarrassent d’aucune précaution pour affirmer que le genre humain est en danger, que le péril est parmi nous et que l’IA pourrait nous conduire prochainement à un Irrémédiable Armageddon.

Elon Musk n’est d’ailleurs pas la seule personnalité de dimension planétaire à donner l’alerte. Il partage ce rôle de lanceur d’alerte ou de Cassandre avec Stephen Hawking et Bill Gates qui tiennent en substance le même discours.

Les mises en garde ont réellement commencé en 2015 avec la publication d’une lettre ouverte devenue célèbre par le FHI d’Oxford alertant sur les risques de l’IA

.

Particulièrement pessimiste, Elon Musk affirme qu’il sera vite trop tard pour l’avenir de l’humanité si des mesures conservatoires et contraignantes ne sont pas prises dès aujourd’hui pour encadrer le développement de l’IA.

MUSK ACTEUR MONDIAL DE L’IA

On pourrait y voir un premier paradoxe ou une légère schizophrénie sachant qu’ Elon Musk est un acteur mondial de l’IA, qu’il contribue à ses progrès dans les différentes activités de R&D qu’il finance et dans les différents projets qu’il soutient.

Pourquoi ne met-il pas alors immédiatement un terme à toutes ses participations ayant de près ou de loin un rapport avec l’IA ?  Peut-on endosser le rôle de lanceur d’alerte en même temps que celui de générateur du péril que l’on dénonce ?

Une pirouette rhétorique pourrait faire dire à Elon Musk que c’est justement parce qu’il participe au projet global de l’IA qu’il bénéficie d’une vision privilégiée des dangers et des périls collatéraux qui nous menacent. C’est effectivement sur cette posture intellectuelle et ce prisme de lecture qu’il faut écouter et lire Elon Musk.

Écouter Elon Musk, c’est, en préalable, filtrer l’écume de son discours qui participe au solutionnisme ambiant en Silicon Valley. Lorsqu’Elon annonce l’homme sur Mars en 2024, il se laisse sept petites années pour résoudre l’ensemble des problèmes inhérents à cette future mission alors que la NASA vient de jeter l’éponge faute de crédits.

L’IA NUIRA-T-ELLE À L’ESPÈCE HUMAINE ?

Le tropisme solutionniste sous-estime la complexité de l’environnement et des processus, gomme les obstacles, nie les forces de l’aléatoire et de l’imprévisible et fait preuve d’une certaine arrogance face aux temporalités humaines.

Pour autant, une fois cette écume solutionniste évacuée, il reste des interrogations légitimes sur les capacités futures de l’IA dont celle de nuire à l’espèce humaine. Lors de ses mises en garde et alertes, Elon Musk se projette clairement dans un contexte d’intelligence artificielle forte disposant d’une forme de conscience de ses propres actions.

Sous l’hypothèse d’IA forte, la question de la dérive malveillante d’une IA prend alors tout son sens. Une IA forte pourrait par exemple privilégier ses propres choix au détriment des intérêts humains et s’engager délibérément vers un rapport de force et un conflit. Elle pourrait aussi s’ auto-attribuer la mission supérieure d’œuvrer pour le bien de l’humanité au prix d’un abandon du libre arbitre de ceux qu’elle cherche à aider.

Croyant faire le bien de l’espèce humaine, elle contribuerait au contraire à son aliénation et à sa vassalisation. Dans le contexte d’une IA forte, toutes les situations de concurrences puis de duels avec l’espèce humaine sont rationnellement envisageables.

Ce sont d’ailleurs ces scénarios qui nourrissent depuis trois décennies tous les films de science fiction évoquant l’IA… Finalement, lorsqu’Elon Musk évoque des dérives prévisibles de l’IA forte, il ne fait que proposer de nouveaux scénarios de science fiction qu’il est objectivement impossible de confirmer ou d’infirmer en l’état actuel des connaissances scientifiques.

LES RISQUES DE DÉTOURNEMENT MALVEILLANT D’UNE IA FAIBLE EN 2017

La situation qu’il convient d’examiner et sur laquelle une réflexion rationnelle doit être menée sans tarder est celle de la possibilité  d’effets collatéraux indésirables, nuisibles ou destructeurs provoqués par une IA faible n’ayant, rappelons-le,  aucune conscience d’elle-même, de son propre fonctionnement et de ses sorties produites.

Dans ce contexte, on ne fait intervenir dans la réflexion que l’existant technologique actuel, l’état de l’art, et la R&D en cours  sur l’IA à l’horizon 2022, en tenant compte d’une durée de programme de recherche sur cinq ans.

Ce cadrage préalable permet d’évacuer les hypothèses indécidables relevant de la science fiction et celles issues d’un solutionnisme niant la complexité des défis technologiques.

LA QUESTION POSÉE PAR MUSK

La question qu’ Elon Musk pourrait rationnellement poser devient : « Dans l’état actuel des connaissances et des recherches en cours, le fonctionnement des IA peut-il provoquer des désordres ? des désastres ?  un Armageddon ? ».

Concernant les désordres, la réponse est clairement positive au regard des expérimentations de cybersécurité réalisées depuis 2014.

Concernant les désastres et  un éventuel Armageddon, il semble impossible d’apporter  une réponse qui ne relève pas immédiatement de la fiction. Cela dit, il est possible de lister au moins un  scénario dont les mécanismes et automatismes mis en résonance deviendraient si instables qu’ils pourraient échapper au contrôle humain. L’issue  pourrait alors être très incertaine ou chaotique.

DES FACTEURS D’INSTABILITÉ

Le premier facteur d’instabilité relève de la cybersécurité de l’intelligence artificielle et rassemble l’ensemble des détournements réalisables par hacking, prise de contrôle illicite ou influence volontairement malveillante des processus d’apprentissage d’un système autonome.

Tay,  lIA de Microsoften a fait les frais il y a quelques mois avec un apprentissage forcé aux propos  racistes et fascistes, le tout en moins de 24 heures d’utilisation. Pour autant, les effets indésirables du détournement de Tay ont été très limités et se réduisent finalement à un préjudice d’image pour l’équipe responsable de ce ChatBot particulièrement vulnérable.

Le détournement d’un système armé autonome s’appuyant sur une phase d’apprentissage serait beaucoup plus problématique. L’armement autonome s’apprête à déferler sur le champ de bataille.

DES ROBOTS ARMÉS AUTONOMES

Le 10 juillet 2017,  le groupe russe Kalashnikov a présenté officiellement sa gamme de robots armés autonomes embarquant une architecture de réseaux de neurones dédiée à la reconnaissance.

La nouvelle doctrine militaire russe a pour objectif d’exclure l’homme de la zone d’immédiate conflictualité et de robotiser plus de 30 % de ses systèmes d’armes. Il en est de même du côté américain et chinois avec le développement de navires de lutte anti-sous-marine  autonomes (programme Darpa Sea Hunter).

Le piratage et la prise de contrôle des ces systèmes autonomes par un adversaire pourrait provoquer d’importants dommages et de fortes instabilités sur le terrain..

De la même façon, les systèmes d’aide à la décision militaires (anciennement appelés systèmes experts) sont eux aussi sensibles aux cyberattaques et peuvent potentiellement devenir la cible de détournement par orientation de leur phase d’apprentissage.

LE PROBLÈME CENTRAL DES FAUSSES DONNÉES

A ce titre, le rôle des fausses données injectées volontairement dans l’espace de collecte de ces systèmes (pour les tromper) devient central.

L’IA peut aujourd’hui produire des imitations de si bonne qualité qu’il devient presque impossible de détecter le faux du vrai. Cela a été le cas en 2016 avec la production d’un tableau par une IA qui a été éduquée à partir de l’ensemble des œuvres du Maître et qui commandait une imprimante 3D pour l’exécution du tableau.

Plus récemment, une IA a produit un discours fictif de Barack Obama à partir d’une phase d’apprentissage des vrais discours de l’ancien Président. Le résultat est absolument saisissant !

On imagine les effets sur la population mondiale, sur les marchés et sur l’équilibre géopolitique  d’un faux communiqué vidéo d’un Président américain annonçant une attaque chimique, biologique ou nucléaire fictive… L’instabilité provoquée par la diffusion d’un vidéo « Fake News » crédible de déclaration de guerre pourrait vite devenir incontrôlable…

Les fausses données numériques interprétées ou produites par des IA constituent le premier vecteur d’instabilité induit par l’IA. Elles doivent faire l’objet de recherches et de développement de systèmes automatisés capables de détecter en temps réel et en haute fréquence la véracité d’une donnée puis de donner l’alerte en cas de doute légitime.

LES MÉCANISMES IMPRÉVUS DE L’IA

Enfin, pour faire écho aux propos d’Elon Musk, on doit examiner un scénario inédit qui ne fait pas intervenir de piratage ou de détournement d’IA mais qui s’appuie sur une mise en résonance imprévue de plusieurs mécanismes associés à des IA  distinctes, fonctionnant légitimement et correctement. Pour préciser ce scénario, on utilise deux mécanismes liés à la cybersécurité et au fonctionnement de l’OTAN.

Le premier mécanisme précise que toute cyberattaque massive sur un pays membre de l’OTAN peut entraîner une réponse militaire classique des autres pays membres et des États-Unis après attribution de l’attaque.

Des automatismes d’alerte ont été créés en ce sens. Les États-Unis ont annoncé qu’en cas de cyberattaque massive sur leurs infrastructures critiques, ils se réservaient le droit de riposter par des bombardements. Le cyberespace est considéré aujourd’hui par l’OTAN comme un espace des opérations au même titre que l’espace maritime, terrestre et spatial.

LE PROGRAMME DE DARPA

Le second mécanisme concerne un programme lancé par la Darpa (l’agence américaine de développement des technologies de défense). Ce programme de cybersécurité développe des outils autonomes d’inspection et de détection automatisée de vulnérabilités dans les codes informatiques.

Le travail de recherche de bugs et de failles de sécurité est confié à une IA qui passe en revue les programmes et détecte (une partie seulement) des vulnérabilités.

On peut alors imaginer le scénario suivant :  Un système expert militaire OTAN (une IA) qui souhaite s’entraîner et améliorer ses performances actionne l’IA de détection automatisée de vulnérabilités de programmes sensibles d’un pays membre jugé fragile.

En guise d’exercice, le système expert lance des attaques sur l’ensemble des vulnérabilités recensées du pays membre, en camouflant l’origine de l’attaque et en laissant des traces d’un pays tiers non membre de l’OTAN.

Cette cyberattaque massive rentre alors dans le cadre du processus de réponse automatisée et d’agression contre un membre de l’organisation qui engage alors une réponse militaire sur le pays tiers.

Ce scénario, fortement résumé et simplifié, a fait l’objet d’une étude publiée en 2017 dans une revue de Défense (RGN). Il met l’accent sur le risque réel de mise en résonance d’automatismes indépendants et légitimes associés à des IA qui placées dans une certaine séquence provoquent une instabilité ou une situation de crise. C’est sans doute dans cette perspective de désordres qu’il faut entendre les propos alarmants d’Elon Musk .

POUR CONCLURE…

Il est aujourd’hui strictement impossible de prévoir les futures capacités de l’IA à l’horizon 2035-2040 ou d’affirmer qu’une IA forte sera disponible dans une ou deux décennies.

Pour autant, la prolifération des fausses données numériques créées par les IA, leur qualité et leur impact sur notre écosystème hyper connecté vont produire de fortes turbulences à court terme.

Ajoutons à cela le risque de détournement volontaire ou de mise en résonance de systèmes autonomes pour avoir la certitude que la nécessaire montée en puissance de l’intelligence artificielle ne s’effectuera pas sans quelques dommages collatéraux.

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30 juin 2017 5 30 /06 /juin /2017 07:32
La carrière du Professeur Christian Cabrol, disparu le 16 juin dernier à l’âge de 91 ans, et resté célèbre pour avoir pratiqué en 1968 la première transplantation cardiaque chez l’homme en Europe, est l’illustration du principe d’innovation.

 

Parmi les nombreux freins qui empêchent notre pays d’aller librement de l’avant, le principe de précaution est l’un des plus emblématiques puisque, entré en 2005 dans notre constitution, il inscrit l’aversion au risque et la frilosité au frontispice de nos institutions.

La carrière du Professeur Christian Cabrol, disparu le 16 juin dernier à l’âge de 91 ans, et resté célèbre pour avoir pratiqué en 1968 la première transplantation cardiaque chez l’homme en Europe, est l’illustration d’un principe opposé,  le principe d’innovation.  Quels sont les déterminants repérables de cette innovation, aussi incroyable à l’époque que la conquête de la lune, presque contemporaine ?

LA MAYO CLINIC

Le premier facteur est l’apprentissage dans un milieu exceptionnellement créatif, le Minnesota, dans le nord des USA d’où sont issues, dans les années 50 et 60, les plus grandes innovations en cardiologie. Deux écoles de chirurgie cardiaque s’y livrent alors une compétition effrénée, celle de l’université publique du Minnesota et celle de la « Mayo Clinic ».

Elles sont dirigées par des « grands patrons » d’exception qui ont trouvé, les premiers, des solutions techniques pour pouvoir opérer à cœur ouvert, en dérivant la circulation des patients, ce qu’on appelle aujourd’hui la circulation extracorporelle. À l’époque, ils sont les seuls à sauver des enfants en train de mourir de malformations cardiaques.

UN INSTITUT UNIQUE AU MONDE

Le Professeur C. Walton Lillehei, qui accueille Christian Cabrol, fait travailler des médecins, des chirurgiens, des ingénieurs et des techniciens dans un « institut du cœur » unique au monde. Il mettra successivement au point l’ensemble des techniques de chirurgie cardiaque à cœur ouvert, les premiers pacemakers qui permettent de rétablir un rythme cardiaque normal et les valves cardiaques artificielles qui remplacent les valvules lésées à l’intérieur du cœur.

Ses innovations seront aussi à l’origine du développement économique de cette région du Minnesota, qui verra éclore toute une industrie technologique de pointe en matière cardiologique, qui pèse aujourd’hui  des milliards de dollars.

À l’époque où il arrive à Minneapolis, Christian Cabrol a seulement 30 ans ; brillant, il est déjà chirurgien et professeur agrégé d’anatomie des hôpitaux de Paris mais il est novice en matière de chirurgie cardiaque.

UNE EXPÉRIENCE MARQUANTE

Comme tous les chirurgiens étrangers qui viennent se former là, il doit d’abord travailler au laboratoire sur des questions techniques et s’exercer sur des chiens. Il ne sera admis en salle d’opération qu’au bout de plusieurs mois et repartira un an plus tard, profondément marqué par cette expérience.

Interdisciplinarité, équipes multinationales, émulation, transversalité, humilité, allers retours entre base et responsabilités,  on retrouve là des ingrédients classiques de l’innovation.

Le second facteur est l’écoute des patients plutôt que la soumission aux  institutions. De nombreux médecins et chirurgiens français considèrent à cette époque que la transplantation cardiaque est prématurée. D’ailleurs, les patients greffés par les Prs Barnard et Shumway, qui ont précédé Christian Cabrol de quelques semaines en Afrique du sud et en Californie, sont morts au bout de quelques heures.

MALGRÉ LES CRITIQUES

Mais lui sait que les patients en insuffisance cardiaque terminale n’ont pas d’autre solution, il sait que, techniquement, l’intervention est au point, qu’il a une équipe soudée autour de lui, alors il fonce ; l’intervention se passe bien mais le patient décède au bout de 50 heures. Il essuie de nombreuses critiques, y compris par son propre patron.

Durant toutes les années 70, alors que la plupart des équipes ont stoppé les greffes cardiaques dans le monde, l’équipe de la Pitié Salpêtrière continue à perfectionner sa technique, malgré une mortalité effroyable, due au phénomène de rejet, et les critiques continuent. Mais certains greffés survivent, sans qu’on comprenne bien pourquoi,  et ce sont les familles des patients en phase terminale qui insistent : « continuez, vous êtes notre seul espoir ! »

LE MÉDICAMENT QUI REDONNE ESPOIR

Au début des années 80 – miracle -, c’est l’arrivée de la ciclosporine, médicament qui permet de contrôler les phénomènes de rejet, et la greffe décolle alors vraiment. Aujourd’hui 400 greffes cardiaques sont réalisées chaque année et beaucoup de patients retrouvent une vie normale.

Écouter les patients, c’est aussi anticiper l’évolution du corps social sur un point essentiel : pour greffer un cœur, il faut un greffon, et ce greffon ne peut être prélevé que sur une personne en état de mort cérébrale.

À cette époque, la mort cérébrale n’est pas vraiment définie, tant que les organes fonctionnent, les gens sont  présumés vivants ; ni la loi ni les religions ne se sont prononcées sur ce sujet crucial, et cette transgression est une prise de risque éthique majeure.

LE PUBLIC SOUTIENT LES CHIRURGIENS

Là aussi, le public marche à fond, il a compris les enjeux avant les autorités morales et il soutient les chirurgiens. Quelques années plus tard la notion de mort cérébrale entrera dans la loi.

Troisième et dernier facteur, mais non le moindre : pour innover, il faut un innovateur, qui voit avant les autres, qui suit sa vision quoi qu’il arrive, que les autres suivent. Après sa première greffe cardiaque en Europe, Christian Cabrol a effectué la première transplantation cœur-poumons en 1982 et la première implantation de cœur artificiel en France en 1986.

À la fin de sa carrière il aura pratiqué plus de 40 000 interventions cardiaques, aura travaillé à la création d’un institut du cœur à  Paris, comme celui qu’il avait vu fonctionner à Minneapolis, puis à la promotion et à l’organisation du don d’organes et enfin au financement de l’innovation en cardiologie (Association Adicare).

DES ORGANES POUR LES GREFFES

Cette innovation n’est pas derrière nous. On transplante aujourd’hui des cœurs mais aussi des reins, des foies, des poumons, des cornées et pour chaque malade, la greffe salvatrice reste une innovation majeure. Or on ne peut pas  greffer tous les patients par manque de greffons, et la liste d’attente est longue.

Pourquoi manque-t-on d’organes à greffer ? Parce que les greffons sont prélevés sur des personnes en état de mort cérébrale, que celle-ci survient la plupart du temps de façon brutale, par traumatisme ou accident vasculaire cérébral.

Trop souvent les gens n’ont pas donné leur accord de leur vivant au don d’organe, et, même si, en droit français, le consentement est présumé, les médecins ne prélèvent jamais s’il y a un doute sur le consentement du donneur.

Il y a donc une façon simple et performative de prolonger l’innovation du Pr Cabrol et de sauver des vies, c’est de dire Oui au don d’organes à ses proches quand on est en bonne santé, pour qu’ils puissent dire Oui aux médecins au cas où…

N’est-ce pas là une illustration, bien qu’un peu extrême, de la notion schumpétérienne de destruction créatrice ?

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2 mai 2017 2 02 /05 /mai /2017 19:49

 

Aussi bien les élections municipales, départementales et régionales  ont démontré que le vote « Front  National » n’est plus un vote de refus ambigu, diaboliquement capté par « Le Pen », mais un vote d’adhésion à la  vision et au programme porté par ce parti dont la mise en œuvre, pourtant, conduirait notre pays dans une  spirale infernale de décomposition économique, sociale et culturelle de la Nation française.

 

Anatomie d'un succès

 

Un environnement favorable

Alors que la crise économique s'est durablement installée, entrainant la crise du modèle social français de plus  en plus perçu comme injuste, que la crise urbaine et l’échec des politiques d’intégration se muent en crise identitaire sur fond d’islamophobie, les partis de gouvernement (qualifiés de « système UMPS »)

Apparaissent  frappés d'impuissance, incapables de proposer une voie de sortie. Cette situation crédibilise l'idée que le FN est « l’autre solution, celle que l’on n’a

pas encore essayé». Bien évidemment, pour arriver à ce résultat, Marine 

Le Pen ne donne pas de solutions mais désigne le coupable : le « mondialisme » qui est une « vaste  entreprise de destruction de notre Nation, de son économie, de son identité ».

 

Une manipulation du langage

Celle-ci se caractérise par une substitution des termes trop agressifs par d’autres expressions. C’est ainsi que  la « priorité nationale » se substitue à la «préférence nationale » ou que le « communautarisme » se substitue à « immigrés » ou «Français de l’immigration ». Elle se caractérise aussi par le détournement des mots qui appartiennent au socle du patrimoine des partis républicains : égalité, mérite, patriotisme, laïcité, démocratie  etc.

Ainsi, le « patriotisme social » devient la légitimation du fameux « La France  aux Français » de  Le Pen. De même, la laïcité n’est plus la revendication d’un droit à la différence mais la barrière érigée  contre  l’invasion musulmane.

 

Un brouillage des repères

Affirmant que tous les désordres de la société (insécurité, chômage, perte de pouvoir d’achat, crise financière, immigration etc.) sont, d’une manière où d’une autre, liés à la mondialistion, le Front national substitue à  l’opposition « Gauche

Droite » celui des« mondialistes » contre les « nationalistes ». En conséquence, la  logique du  programme  FN  doit  être  un  nationalisme  total,  économique,  ethnique,  social,  culturel  et  même  religieux s’opposant  au  mondialisme  ;  le  combat  politique  dès  lors  se  réduirait  à  l’affrontement  entre  le  FN  et

« l’UMPS ».

 

Un projet rassurant

Comportant plusieurs centaines de propositions ou de mesures, le « Programme Politique du Front National » s'appuie sur un populisme « ramasse tout » qui masque, en raison de leur dispersion les marqueurs appartenant  au patrimoine culturel du FN mais qui sont là pour rassurer ses militants. A titre d’exemple: «

l’application ferme sur  tout  le  territoire  de  la  loi  de  1905  de  défense  de  la  laïcité» côtoie la « mise en place d’un Ministère  de

l’intérieur,  de  l’immigration  et  de  la  laïcité  »  puis  «  l’assimilation  (et  non  l’intégration  !)  via  l’école  notamment doit redevenir la règle et le communautarisme banni » ; le « recrutement des agents publics par  voie

de concours anonymes » est complété par « l’ENA veillera à recruter des hauts fonctionnaires patriotes » ;  ou encore « assurer l’application des peines de prison en supprimant les remises automatiques de peine »est complété par le « rétablissement de la peine de mort » dans le chapitre « Sécurité ». Toutefois, immigration  zéro, préférence nationale , sortie de l’Euro et de l’Europe sont à l’évidence les trois piliers du projet frontiste ceux sur qui peut reposer tous les discours, tous les mythes, toutes les mesures phares.

 

Méthodologie d'une riposte

 

Décrypter le programme

Le décryptage du programme politique du FN reste un exercice nécessaire. Il s'agit par exemple de démontrer l’incohérence et les dangers des mesures économiques proposées alors même que le parti se cherche une crédibilité sur ce sujet. Il faut donc répondre point par point et dénoncer les dangers mortifères pour  l’économie française  de  ses  propositions.  Faire  une  telle  démonstration  n'est  pas  le  plus  difficile  à  condition  de  ne  pas  la négliger

 

Défendre nos valeurs

La tâche urgente et incontournable, par contre, est de réinvestir le champ des valeurs républicaines à  commencer par celles qui en sont le socle, à redonner aux mots qui les désignent toute la clarté et le rayonnement qu’ils ont perdus    ces    dernières années.  Ainsi,  il  ne  faut  pas  laisser  le  FN  s’approprier  le  mot « patriotisme » défini par Romain Gary comme « l’amour des siens alors que le nationalisme c’est la haine des  autres ! ». Cela nécessite également d'arrêter de brouiller le message avec les discours sur le patriotisme industriel et  les  slogans  tels  que  «  achetons  français  !  »  qui  renforcent  le  camp nationaliste.  Le  patriotisme  doit    être réconcilié avec le projet européen, notre plus belle utopie, qui reste indissociable du projet républicain que l’on porte. Le même raisonnement s'applique pour le mot « laïcité » que le FN utilise pour mettre des barrières  à ce qu’il appelle l’invasion musulmane, destructrice de l’identité chrétienne de « la France, une et indivisible». Il faut sans cesse rappeler que c’est la laïcité comprise comme le respect et l’ouverture aux autres qui construit et protège le vivre ensemble et la fraternité. Affirmons que la République est une et indivisible mais que la France est plurielle ! Quant au déni de démocratie dont le FN est la victime avec seulement deux  Députés il oblige les partis  républicains  à  poser  la  question  de  l'introduction  de  la  proportionnelle  et  à  ouvrir  le  débat  sur  la Constitution de  la V éme République. Plus globalement, pour gagner  la  bataille des  idées  il  faut être force de proposition,   certes,   mais,   dans   le   même   temps,   il   ne   faut   rien   laisser   passer   et   rappeler   tous   les « dérapages » qui sont le produit direct de la culture FN.

 

Proposer une nouvelle vision

La dénonciation des dangers portés par le programme du FN et la bataille sur le champ des idées républicaines sont nécessaires mais insuffisantes. Pour gagner la guerre, il faut opposer  une  autre  vision  du  monde  à  la  dramaturgie mise en scène par le FN où la mondialisation des échanges est la machine infernale responsable  de tous nos maux. Il est surtout impératif de proposer un autre rêve que le nationalisme aux relents xénophobes et racistes. L'exercice n'est pas simple tant le « chant des Sirènes » qui fait appel à la résistance, à la mémoire  de la vraie France et à la mobilisation pour la renaissance nationale  est agréable à entendre, particulièrement  par les jeunes ! Et ce, alors que plus aucun homme ou femme politique du camp républicain ne produit le moindre rêve, ni le moindre enthousiasme. Notre seule alternative est proposer une vision et un projet qui se  fondent sur le renforcement de la puissance politique, économique, monétaire, financière, militaire, culturelle  de l’Europe, seule perspective à l’échelle des grands défis de la mondialisation des échanges

 

Le Parti  Radical,  humaniste  et  européen,  exigeant  sur  la  défense  de  la  République  et  de  ses  valeurs  fondatrices d’égalité, de démocratie, de laïcité et de patriotisme se voit donc aujourd’hui une nouvelle responsabilité historique, celle de construire la Force face au front

 

 

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2 mai 2017 2 02 /05 /mai /2017 17:25
Autour de Marseille, plus de la moitié des votants ont donné leur vote à un parti de type socialiste d’extrême gauche ou d’extrême droite. Pourquoi ? Un ami ma poussé cet article je le soumets à votre sagacité.

 

 

Dans le département qui accueille la belle ville de Marseille et sa Bonne Mère, ce 23 avril, Marine Le Pen a fait un score de plus de 27 % et Jean-Luc Mélenchon, de plus de 22 %. En ajoutant les candidats de gauche « ultra », on arrive à plus de la moitié des votants qui ont donné leur vote à un parti de type socialiste d’extrême gauche ou d’extrême droite. Pourquoi ?

Comme celui de Monsieur Mélenchon en effet, le programme de Marine Le Pen est d’essence socialiste et nationaliste (même s’il ne s’agit, heureusement, pas de national-socialiste « à l’allemande »). Leur conception collectiviste du politique fait que du nationalisme au socialisme il n’y a qu’un pas ; et vice versa.

MALAISE DANS LA SOCIÉTÉ

Ce type de résultat traduit un malaise profond de la société française. Et plutôt que de stigmatiser et montrer du doigt, il parait plus constructif, pour ceux qui chérissent la liberté et abhorrent le collectivisme, de droite comme de gauche, de tenter de « comprendre l’incompréhension », et remonter ainsi aux racines des maux sociaux, réels, qui génèrent ce malaise.

Pourquoi la haine du patron, pourquoi la haine de l’Arabe ? Réaction naturelle au libéralisme économique, pardi ! Au libéralisme en matière d’immigration ! Toujours ce sale libéralisme, répondront les électeurs de « Marine » et « Méluche ».

J’ai grandi à Marseille et travaillé dans ses quartiers « chauds » en ZEP au milieu de cités ultra-violentes. La pauvreté est bien là, avec sa détresse sociale, morale, économique, le chômage, la violence, l’exclusion, les fins de mois difficiles – mais aussi les débuts et les milieux de mois, le communautarisme.

Le taux de pauvreté atteint les 25% à Marseille, le chômage, officiellement, près de 19 %. Et encore, une partie du chômage est cachée dans tous ces boulots aidés en associations et multiples programmes, très souvent inutiles et coûteux.

INTÉGRATION DIFFICILE

L’intégration est difficile : repli identitaire musulman, sentiment anti-français, (combien de fois n’ai-je pas entendu « La confiance n*que la France » ? ). Les travailleurs africains, en particulier maghrébins, qui dans les années 50 travaillaient dans la construction, et notamment à faire ou refaire les routes françaises, vivaient à l’époque dans les bidonvilles qui poussaient dans les quartiers nord.

La décence voulait qu’on les loge de manière humaine. Avec le regroupement familial, ce sont des familles entières qui sont arrivées. Elles auraient dû pouvoir s’intégrer, comme l’avaient fait avant elles les Espagnols, les Portugais ou, comme ma famille, les Italiens, dans la première partie du vingtième siècle. Mais le nouveau contexte institutionnel (plus que « la religion ») a changé la donne comme on le verra.

À côté de certaines zones relativement dynamiques, comme autour d’Aix-en-Provence, une spirale de décroissance (concept merveilleux pour certains, paraît-il…) submerge de nombreux quartiers.

Et le chômage y touche toujours davantage les Français de souche comme dirait l’extrême droite. Pas assez d’entreprises, pas assez d’emplois. « Les patrons égoïstes n’embauchent pas, les Arabes nous piquent notre boulot ou vivent des allocs ». Tout cela la faute au libéralisme ?

LE POIDS DU MODÈLE SOCIAL

Évidemment dans un pays à 57% du PIB de dépense publique, 47 % de prélèvements obligatoires où un salarié moyen coûte à l’entreprise deux fois son salaire net, et qui régule à tout va, une telle affirmation devrait faire spontanément sourire. Mais les gens ne savent pas.

Ils ne savent pas combien leur coûte économiquement (et donc socialement) leur cher système social, leurs chères régulations, leur chère administration, leurs chères subventions. L’ignorance est minutieusement cultivée par les politiques qui en tirent leur pouvoir.

Les réflexes simplistes sont donc d’autant plus aisés. En cela d’ailleurs, les étatistes démocrates du front républicain sont tout autant à blâmer que les extrémistes. Car c’est bien l’interventionnisme – allez, lâchons le mot : le socialisme – qui est au contraire à l’origine de tout ce malaise.

SOCIALISME LOCAL

Socialisme local, qui consiste à socialiser un maximum l’action collective en arrosant de subventions la moindre association ou la moindre initiative du « peuple » ou des « gens », le but étant évidemment de se constituer une clientèle électorale et/ou d’asseoir son pouvoir bureaucratique.

Si Marseille est championne de l’arrosage en subventions, elle est aussi un symbole de la magouille politique. Après la guerre, un contrat tacite est passé entre socialistes et communistes : le port pour ces derniers (ce qui a permis à ce port jadis dynamique d’être gangrené par une mafia cégétiste et de reculer sans cesse dans les classements) et la mairie pour les premiers. Le passage à droite n’a pas véritablement fait bouger les lignes. Les traditions ont la vie dure.

ENTRAVE ET RACKET FISCAL

D’un côté on empêche, on entrave, comme la récente mésaventure du génial inventeur du flyboard Franky Zapata, à Martigues, l’a montré, voire on rackette, et d’un autre côté on redistribue.

Cela duplique le socialisme pratiqué au plan national : on crée d’un côté des tas de régulations, fiscalités et autres joyeusetés pour entrepreneur, qui empêchent curieusement le dynamisme et l’intégration économiques, et on « compense » d’un autre côté avec une redistribution instaurant la dépendance. Les gens sont pris en tenaille dans des trappes à pauvreté.

La redistribution tous azimuts a pour vertu d’éviter que la cocotte n’explose. Mais comme les scores électoraux l’ont montré, l’eau bout. Elle bout parce que ce système socialiste, en générant l’irresponsabilité à la fois du politique et des administrés construit durablement la défiance : c’est donc « la faute de l’autre, du patron, de l’Arabe, du Français, de l’Europe ».

La solution n’est pas dans plus de politique mais moins ; pas dans plus de socialisme, mais moins ; pas dans moins de liberté, mais plus : davantage de société civile, d’habitude de vivre ensemble, d’autonomie et de responsabilité personnelle, de solidarité volontaire, d’action collective et d’initiative économique « d’en bas ». À Marseille comme ailleurs. C’est la seule voie possible vers une France réellement apaisée.

 

 

 

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