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  • : Le blog de Jean-Loup
  • : Engagé, depuis plusieurs décennies dans une démarche visant à lutter contre tous les processus d'exclusion, de discrimination et de ségrégation socio-urbaine, je suis persuadé que si nous voulons « construire » une société reposant sur un véritable Vivre Ensemble. Il nous faut savoir, donner du sens au sens, prendre le temps de la concertation et faire des propositions en adéquation avec les besoins de nos concitoyens.
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19 janvier 2016 2 19 /01 /janvier /2016 14:28

Force est de constater que, dans nos sociétés contemporaines, la démocratie d’opinion a le vent en poupe. Au-delà de ses grands travers mais également de ses qualités certaines d’authenticité, elle produit des objets politiques qui n’auraient probablement pas germé sans elle ; ainsi en va-t-il de l’actualité qui vit triompher le combat des Enfants de Don Quichotte, couronné par l’émergence d’un droit au logement opposable, dont nous percevons nettement qu’il ne concernera pas les seuls sans-abri mais aussi, à terme, tous les « travailleurs pauvres », c’est-à-dire les « mal-logés ».

Pourtant, des 110 propositions de François Mitterrand en 1981 au thème de la « fracture sociale » commun aux campagnes présidentielles de 1995 et 2002, du mouvement écologiste au leader de l’extrême droite, en passant par la regrettée figure de l’Abbé Pierre, la solidarité est désormais devenue en France une injonction culpabilisatrice, le « désolant refrain du mea culpa » dont parle Nietzsche dans son triptyque Généalogie de la morale : il faut être socialement solidaire. Toutefois, est-ce parce qu’il est vrai que « les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts », comme le fait remarquer Isaac Newton, qu’il faut ne pas s’interroger sur les principes et les formes d’expression du partage avec les exclus et victimes des inégalités, pour mieux accepter le règne du néo-solidarisme qui annonce le paroxysme d’un État-providence que ses effets pervers vouent à l’autodestruction ? Quel statut conférer et quelle place réserver, en somme, à la solidarité dans notre société ?

Aussi envisagerons-nous d’abord dans cet article en deux volets le bien-fondé de cet impératif de solidarité auquel nous enjoint la société tout entière, pour nous poser ensuite la question des conditions nécessaires à l’émergence et au déploiement d’une solidarité volontaire susceptible d’accompagner durablement et honorablement nos performances.

La solidarité peut apparaître – et nous allons nous employer à le montrer ici – comme l’impératif de toute vie en société, qu’il semble aux hommes catégorique ou non, an sens kantien du terme.
Certains, en effet, identifient une solidarité, par nature indispensable pour faire société, qui repose sur la reconnaissance et le sentiment spontanés d’un destin commun à tous les hommes. Cette certitude repose sur le fait qu’aucun être humain ne peut survivre si au moins une personne n’identifie pas son bien propre avec le sien ; c’est le sens que Platon donne à sa phrase, dans le Livre II de La République : « Ce qui donne naissance à la cité, c’est, je crois, l’impuissance où se trouve chaque individu de se suffire à lui-même et le besoin qu’il éprouve d’une foule de choses. » Ce n’est pas autre chose que le bonheur d’être ensemble qu’affirme son disciple Aristote dans Éthique à Nicomaque ou comme ici dans La Politique : « il est manifeste que la cité fait partie des choses naturelles, et que l’homme est par nature un animal politique, et que celui qui est hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard [des circonstances], est soit un être dégradé soit un être surhumain ». On se rappelle d’ailleurs la façon dont Homère injuriait l’homme qui vivait de la sorte, dans le mépris des siens : un être « sans lignage, sans loi, sans foyer », précurseur des brigands et autres marginaux « sans feu, ni lieu ». Par conséquent, malgré ce que Kant nomme « « l’insociable sociabilité » de l’homme – cette conscience qu’il a de ne pouvoir exister sans les autres même s’il s’autorise ponctuellement à faire exception aux règles communes et donc à faire comme si les autres n’existaient pas puisqu’il omet de s’interroger sur les conséquences de ses actes comme si chacun en faisait autant – la solidarité comme indispensable collaboration entre les hommes et par delà les besoins naturels de protection et de repères dont elle ne constitue pas la satisfaction la plus spontanée (les travaux en sociologie urbaine de l’École de Chicago ont démontré que ces besoins s’expriment davantage dans l’édification de remparts physiques ou métaphoriques) constitue un authentique critère de justice humaine digne de transparaître dans chacune des actions dont, comme le dit Kant, « la maxime puisse être érigée en règle universelle ».

Nous noterons par ailleurs que cet impératif d’une solidarité naturelle a l’appui de l’héritage chrétien : d’abord catholique, avec l’ordre des Dominicains (qu’on se rappelle la généreuse évocation des Hospices de Beaune par le docteur Patrice Planté), puis l’émergence de la mauvaise conscience de Charles Quint à l’égard des Aztèques lors de l’expédition en Amérique Latine au XVIe siècle ; ensuite protestant, avec le Hollandais Grotius qui formalisa la thèse d’une universalité générique des droits fondamentaux qui rendent les Hommes à la fois égaux et solidaires en droits.

D’autres, cependant, ne reconnaissent pas cet impératif de solidarité comme naturel et se contentent d’y voir une solidarité par la raison, sous la forme d’une entraide, certes efficace et raffinée, mais confinant à l’empathie. C’est ce que les philosophes contractualistes de la fin du XVIIe et du XVIIIe siècles qualifiaient de « solidarité courte », en faisant référence à la famille, à la religion, aux corporations, conception découlant du rôle qu’ils attribuaient à l’État dans l’esprit de leurs philosophies politiques : dans Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité entre les hommes (1755), on devine bien que Jean-Jacques Rousseau fera du contrat social (Du contrat social, 1762) un artifice politique de recréation des conditions égalitaires qui existaient dans l’état de nature, bien moins dégradé que l’état social où ne peut s’exprimer spontanément la solidarité humaine. De même, Thomas Hobbes, dans Le Léviathan, rappelle que selon lui l’état social est la seule possibilité de dépassement de la « guerre de tous contre tous » et est loin d’être le cadre d’expression d’une solidarité par nature et John Locke, dans Du gouvernement civil, exprime l’idée individualiste que l’État n’advient que pour améliorer la protection de ce qui en revanche lui paraît bien plus naturel que l’état de solidarité entre les hommes : la sûreté et la propriété. Mais à ces théories vieilles de deux siècles et demi répond de nos jours la globalisation d’un espace qui se mondialise depuis une quinzaine d’années environ et joue comme un impressionnant révélateur moderne de l’irréductible interdépendance des Hommes. À cet égard, rappelons que le terme de solidarité est apparu au XVIIIe siècle sous la plume de Diderot et d’Alembert, puisque l’Encyclopédie le définit dans le cadre exclusif du droit du commerce, comme la « qualité d’une obligation où plusieurs débiteurs s’engagent à payer une somme qu’ils empruntent ou qu’ils doivent » ; être solidaire n’est donc rien d’autre – originellement – que s’attacher à autrui par dette, et c’est d’une certaine façon cette acception faible que fait resurgir le phénomène de la mondialisation : si c’était autrefois à l’échelle du village que les habitants étaient solidaires, c’est aujourd’hui au niveau du « village planétaire » – que MacLuhan est le premier à évoquer il y a plus de trente ans, après que, dans Vers la paix perpétuelle, Kant eut parlé de « citoyens du monde »– que cette solidarité transparaît, comme indispensable à l’équilibre et à la survie du monde unipolaire qui a succédé à la bipolarisation de la Guerre Froide et nécessaire à la répartition du capitalisme pour lutter durablement contre les inégalités. Même avec le cynisme le plus caractérisé, personne ne peut plus aujourd’hui nier que, sans la solidarité qui attache la prise en compte d’impératifs sociaux et la préservation de l’environnement lato sensu aux exigences de performance économique d’un capitalisme qui soutient le développement du monde, celui-ci n’est naturellement ni équitable, ni viable, ni vivable, ni la synthèse de ces trois notions : durable. À défaut de convaincre chacun d’entre nous de l’existence d’une solidarité naturelle, l’on peut donc arguer de ce qu’elle est au moins rationnelle : une solidarité « de marché » qui mutualise les aléas et qui sera d’ailleurs à l’origine des sociétés d’assurance mutuelle et à l’avant-garde de la reconnaissance de droits fondamentaux, dont la conception rigide de la solidarité obligatoire qui lui a succédé dans nos sociétés contemporaines a tendance à s’affranchir. C’est là d’ailleurs le sens de la remarque que fait dès 1903 Vilfredo Pareto : « À notre époque, il faut être solidaire. Il y a une rage vraiment comique d’user de ce terme ».

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29 décembre 2015 2 29 /12 /décembre /2015 16:38

La liberté n’est pas la facilité.

Jamais sans doute, des hommes n’ont été aussi libres que ceux qui vivent aujourd’hui dans les pays riches. Que l’on songe, pour s’en convaincre, aux longues journées de travail des paysans ou des ouvriers du début du 19ème siècle. Harassés par le labeur physique, ils ne pouvaient guère que se reposer à la fin de chaque journée pour reprendre le travail le lendemain.

La vision bucolique du passé n’est que chimère pour écologiste naïf. Notre liberté repose ainsi sur un temps de travail global faible, 35 à 50 heures par semaine pour la grande majorité, jours fériés, congés payés, retraite, et sur des opportunités multiples, spectacles, lecture, sport, promenades, télévision, internet, voyages pour ceux qui en ont les moyens, etc. Pourtant, les hommes de ce temps doutent plus que jamais de l’avenir.

Certains, en France, évoquent un climat pré-révolutionnaire comparable à celui de la fin de 18ème siècle. Voire.

Non, la liberté n’est pas la facilité.

L’homme n’est jamais aussi libre que lorsqu’il est suspendu entre deux époques de l’histoire. Lorsque les dieux sont morts et que les tyrans ne règnent plus, de courtes périodes apparaissent où presque tout est possible. Mais le besoin de croire aux dieux ou aux hommes providentiels manque à beaucoup.

La liberté leur pèse, la sécurité de la servitude les attire.

Le poids actuel de l’incertitude quant à l’avenir résulte de la perception d’un choix imminent : dans les prochaines décennies les hommes assumeront-ils leur liberté ou prendront-ils « la route se la servitudes « ? Sur le court terme historique, rien n’est prévisible. L’incertitude est presque complète : politique, économique, sociale, scientifique, technologique. Il suffit pour s’en convaincre de faire une petite expérience rétroactive : se placer par l’esprit dans la situation d’un patricien romain du 1er siècle avant J.-C qui réfléchit à l’avenir. Il ne peut envisager ni le christianisme, ni même l’Empire du 2ème siècle. A fortiori, le monde divisé en États-nations d’aujourd’hui, le micro-ordinateur, internet, le big bang ne sont même pas imaginables.

Mais si la réflexion se déplace à un niveau de généralité suffisant, le caractère aléatoire du devenir historique n’existe plus. Ainsi, depuis que notre monde, à nous humains, est monde, c’est la puissance de notre intelligence collective qui le gouverne. La rationalité, la passion de chercher et de comprendre ont toujours, sur le long terme historique, balayé l’obscurantisme.

La vie que nous menons aujourd’hui est le fruit des recherches de nos ancêtres, depuis le principe d’Archimède jusqu’à la découverte des micro-organismes par Pasteur.

Ce corpus cognitif constitue le bagage que nous nous transmettons de génération en génération et tant qu’il y aura des hommes, cette longue chaîne ne se rompra pas.

En définitive, les hommes libres ont toujours vaincu les tyrans et les oppresseurs.

Le carcan législatif et réglementaire et la lourde et coûteuse machine étatique caractéristiques des États contemporains ne constituent pas la fin de l’histoire.

Si l’État se fait encore plus pesant et plus avide de tout réglementer et de tout contrôler, il peut à nouveau pour quelques décennies ou quelques siècles instaurer la « douce tyrannie » que craignait Alexis de Tocqueville.

Mais il n’abolira pas notre goût de la liberté, notre soif de connaître et d’entreprendre.

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21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 08:26

Il fut un temps où pour entre en 6ème il fallait passer un examen. Combien parmi ceux qui entrent aujourd’hui en classe de 6ème réussiraient cet examen ? Le test serait intéressant à faire quand on sait que de nombreux collégiens d’aujourd’hui ont du mal à déchiffrer et comprendre un texte. Mais on peut compter sur notre jeune ministre de l’Éducation Nationale pour éviter l’épreuve de vérité.

De la même façon on aimerait soumettre les titulaires du brevet des collèges au feu Certificat d’études primaires. Il y a fort à parier qu’ils seraient peu nombreux à réussir l’examen de l’époque. Enfin, que vaut aujourd’hui le baccalauréat avec toutes ses options, sésame pour entrer à l’université ? C’est pourtant le titre qui ouvre les portes de l’université, quel que soit l’option du baccalauréat. Ainsi un titulaire d’un bac Pro peut s’inscrire en 1ère année de fac de droit ou de lettres, et échouer après une ou deux années perdues pour lui et les finances de l’État. Mais comme disait Michel Rocard, le Bac fait partie du contrat social républicain et vaut droit d’entrer à l’Université. Inutile donc d’installer des procédures de sélection ou d’orientation pour entrer chez la vieille dame. Le même Premier ministre s’est bien gardé de toucher aux grandes écoles et leurs classes préparatoires si sélectives.

Ainsi va la France de l’enseignement supérieur, naviguant entre deux systèmes aussi divergents que concurrents : l’université ouverte à tous, mais avec un taux d’échec élevé en cours de route, et les grandes écoles sélectives, avec des taux de réussite et d’insertion professionnelle élevés. Inutile de rappeler ici que cette situation est unique au monde. Les mêmes qui montent au créneau pour défendre l’école publique et l’université sont les premiers à mettre leurs enfants dans les meilleures écoles. Ils sont mêmes prêts à déménager pour éviter le système socialisant de la carte scolaire. L’hypocrisie est ici à son comble.

De cette situation, qui remonte de très loin, l’université hérite aujourd’hui. À la rentrée 2015, 65.000 nouveaux inscrits ont été annoncés à l’université par le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. En fait, ce ne sont que 38.700 étudiants supplémentaires qui iront sur les bancs de l’université si on enlève les élèves de classes prépa qui sont obligés maintenant de s’y inscrire grâce à madame Fioraso. Depuis 2012, et sans compter les inscrits dans les classes prépa aux grandes écoles, la hausse des effectifs s’établit à 123.000 étudiants. Un afflux non négligeable par rapport au nombre de 1,5 million d’étudiants que compte la France.

Face à cette situation, de nombreuses voix se font entendre pour réclamer de nouveaux moyens pour l’université. Il est vrai que la France est, parmi les grands pays industrialisés, celui qui consacre le moins de ses ressources à l’enseignement supérieur, public et privé. Elle a fait le choix de mettre l’essentiel de ses ressources dans un enseignement secondaire aussi coûteux qu’inefficace si l’on en juge par les tests internationaux. Mais le mammouth, comme disait Allègre, n’est pas prêt à rendre l’âme.

Les universitaires sont toujours prompts à dénoncer l’insuffisance de moyens ramenés par étudiant comparée à ceux des grandes écoles. Oui, cela est vrai s’il s’agit de faire un ratio par étudiant inscrit, y compris les étudiants fantômes. Mais cela n’est déjà plus valable si on calcule le ratio par étudiant diplômé au niveau master (Bac + 5) et encore moins si on le calcule par rapport à ceux qui s’insèrent professionnellement. D’où la difficulté de faire des comparaisons.

Tout le monde le sait, l’université sélectionne de fait ses étudiants en cours de route et ces derniers quand ils sont diplômés, notamment au niveau master, tiennent bien la comparaison avec ceux des grandes écoles. Mais cette sélection se fait par l’échec d’année en année. C’est chaque année qu’un étudiant de fac doit justifier sa place alors qu’un étudiant de grande école peut compter sur son école pour le faire réussir. Ne serait-il pas temps de réexaminer le système ?

Les universités françaises sont les seules au monde occidental à ne pas sélectionner, ou plutôt choisir, leurs étudiants à l’entrée. Ce sont aussi les seules à ne pas demander une contribution financière à leurs bénéficiaires, l’État étant de très loin le principal contributeur. Aujourd’hui, le système est à bout de souffle. L’État n’a plus d’argent à mettre dans le système. Il essaye par tous les moyens de contenir la dépense publique (57 % du PIB quand même !) et l’université publique n’échappe pas à la rigueur malgré les déclarations du gouvernement. Alors que faire pour rétablir l’équilibre financier ? Il y a bien sûr la sempiternelle solution de la manne financière de la formation continue. Oui, bien sûr elle pourrait contribuer davantage au financement des universités. Mais cela signifierait qu’une partie du corps enseignant accepte de s’investir dans ces missions. Quand on sait que l’essentiel de la carrière d’un enseignant-chercheur se fait sur ses publications scientifiques on peut douter de la réussite de telles incantations, qui ne sont pas nouvelles. Il y a aussi la solution du « fund raising » auprès des anciens diplômés, qui peut et doit être tentée. Mais là encore on se heurte au fait que l’attachement des diplômés des universités n’a rien à voir avec celui des diplômés des grandes écoles. Ces derniers ayant souvent bien réussi dans leur vie ont à cœur de répondre aux sollicitations de leur école. Rien de tel pour les facultés.

Alors quelles solutions ? Tout d’abord il faut tordre le cou à l’idée qui consiste à croire que l’enseignement supérieur public est gratuit. Il n’est gratuit que pour ses utilisateurs mais pas pour les contribuables. Demander à ses utilisateurs, en fonction de leurs capacités contributives, une participation à son fonctionnement n’a rien d’anormal et d’anti-républicain ou d’anti-social. Sans atteindre les niveaux demandés aux étudiants des grandes écoles de commerce (10.000 euros/an, voire plus) qui elles ne sont pas subventionnées par l’État, il devrait être possible de demander une participation de 2.000 euros par an aux étudiants des universités en licence. Le montant pourrait être porté à 5.000 euros en master, un chiffre inférieur à celui du permis de conduire. Cela permettrait aux universités d’améliorer leurs conditions d’accueil et d’investir dans des projets pédagogiques innovants à l’instar des grandes écoles. Cette contribution pourrait, et devrait, être modulée en fonction des ressources de l’étudiant.

Le deuxième verrou à faire sauter est celui de la sélection. Il ne s’agit pas ici de vouloir que toutes les facs sélectionnent leurs étudiants comme Polytechnique ou HEC. Cela serait non seulement stupide mais contre-productif. Il s’agit de faire en sorte que l’offre de formation de chaque université soit adaptée à la demande de leurs étudiants. En un mot que les étudiants, comme les facs, se choisissent mutuellement. C’est comme cela que ça se passe aux États-Unis et au Canada, deux pays peu suspects de discrimination ou de malthusianisme estudiantin. Au lieu d’un guichet unique, il faut multiplier les possibilités d’offres afin de permettre à chacun de grandir. Chaque université devrait être en capacité de proposer une offre adaptée à son public. C’est de cette façon que chaque université pourra développer sa spécificité et ses capacités d’attraction en fonction de sa cible. À noter que cela va à l’encontre des mégas universités régionales qui résultent des fusions d’établissements comme le ministère le promeut pour grappiller en vain des places dans le classement de Shanghai. Avec de tels mastodontes la diversité est réduite à zéro à l’échelle locale ou régionale et l’université devient un service public comme un autre, distribuant ses avantages sociaux divers comme la Sécurité sociale, les tickets restaurants, l’aide au logement, les réductions pour les cinémas, etc…

Ces propositions ne sont malheureusement pas nouvelles et on peut douter malheureusement de leur adoption dans les années qui viennent. Il en va pourtant de l’avenir de la France dans un monde où la connaissance va devenir le levier essentiel de la croissance si ce n’est tout simplement de la survie. Même si les grandes écoles font bien leur boulot, il est urgent de remettre en mouvement les universités. Pour cela il faudra sacrifier deux vaches sacrées : la gratuité des études supérieures et l’absence de sélection à l’entrée des universités.

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11 octobre 2015 7 11 /10 /octobre /2015 13:01

Anticonformiste, l’ouvrage de H16 est écrit dans une langue insolente et pittoresque, tout à fait appropriée pour débiner les jocrisses qui composent l’écologie.

Un petit avertissement s’impose, petit parce qu’il s’agit d’un petit traité. Dans ce petit livre, H16 ne traite pas de l’« écologie au sens propre du terme, c’est-à-dire la science qui étudie le milieu, et les interactions des différents êtres vivants dans ces milieux » :

« Non, je parle du mouvement mondial lobbyiste qui vise à promouvoir l’idée que l’homme est par essence nuisible à la nature, qu’il en serait extrait pour en profiter unilatéralement, et que son apport sur terre serait au mieux nul, au pire infiniment négatif.«

ne se limite pas à cette acception : « Je parle aussi de sa dérive naturelle, toujours ultra-politisée, qui promeut l’interventionnisme individuel, de groupe, de masse et d’État et prétend aider la nature en entravant l’homme dans un salmigondis de contraintes toutes plus idiotes les unes que les autres, en vendant du catastrophisme facile et des visions apocalyptiques construites sur le mode Nostradamus’Back With a Vengeance. »

Il y a quelque vingt-cinq ans, après la chute du Mur – il n’est pas besoin de préciser lequel – les collectivistes de tout poil, socialistes ou communistes, ont dû se recycler discrètement :

« Le rouge n’ayant manifestement pas fonctionné, et les foules, devant le désastre à l’Est, se sentant franchement réticentes à plonger dans un socialisme même un tantinet plus soft, il fallut se reconvertir dans des discours et des politiques plus crédibles. »

Ce recyclage, ce fut l’écologie, au sens impropre, voire sale, telle que définie ci-dessus. Le vert fut mis, nouveau rouge, en principe plus alléchant…

Après quelques tentatives de messages de portée limitée, donc peu alléchants – pluies acides, pêche à la baleine, massacre des bébés phoques, pollution en mer ou sur terre, trou dans la couche d’ozone etc. – un message beaucoup plus puissant fut lancé, avec le succès que l’on sait : « le réchauffement climatique d’origine anthropique ».

Le réchauffement climatique, reposant sur des croyances, est devenue la cause essentielle de tout. Deux exemples de croyances : la grande ville est la source de pollutions ignobles, les dinosaures ont provoqué en leur temps un réchauffement climatique selon une étude britannique « qui sent bon la subvention étatique »

Le problème est que les faits et les chiffres prouvent le contraire dans le premier de ces deux exemples, comme le démontre H16 avec bonheur : « Plus une cité est grande, plus elle se trouve dans un pays développé, meilleure est sa gestion de sa pollution. »

Le problème est que, dans le deuxième exemple, les calculs, sujets à caution, effectués par des chercheurs de l’université de Liverpool, aboutissent à une conclusion inverse de ce qu’ils voulaient démontrer : « Le méthane, aussi puissant et méchant gaz à effet de serre soit-il, a bien profité aux gros sauriens qui gambadaient sur la planète à l’époque. »

Au-delà de ces deux exemples, le problème est que le réchauffement climatique est en panne depuis seize ans et qu’il « n’en finit pas de ne pas venir »… Du coup, la confusion règne : « Quand les éléments se déchaînent contre les hypothèses du groupement de politiciens et d’écolos new age du GIEC, c’est purement météorologique. Et quand il fait chaud quelque part, qu’un iceberg se détache de la banquise, c’est le climat. »

Franchement je trouve que H16 est cruel. Il rappelle, dans son petit traité, les « prédictions foireuses » des réchauffistes patentés, dont on retrouve les traces indélébiles – hélas pour eux – sur Internet, et s’attarde sur celles d’Al Gore ou des rigolos du Club de Rome…

Quel est le but poursuivi par les réchauffistes ? « Orienter l’humanité vers une décroissance énergétique. D’une part cette décroissance entraînera naturellement une décroissance de la population (et, écologiquement de l’impact de l’humanité sur la terre). D’autre part le fait de proscrire l’accès à une énergie abondante permet, en créant la pénurie, de créer des pouvoirs »

H16 est sans pitié et montre comment les écologistes, au sens impropre, voire sale, créent la pénurie :

  • ils diabolisent le nucléaire qu’ils excluent du marché (ils ne disent évidemment pas que, en le diabolisant, ils portent atteinte aux technologies médicales, et omettent de parler des dernières innovations dans le domaine des réacteurs…) ;
  • ils interdisent l’exploitation du gaz de schiste au nom du principe de précaution (ils ne l’appliquent évidemment pas quand il s’agit de l’anesthésie générale ou du fructose dans l’alimentation…)

Le « fier peuple gaulois » peut être content : il bénéficie ainsi d’« un bel environnement protégé à mort et bientôt couvert d’éoliennes en panne et de panneaux voltaïques remplis de terres rares et fabriqués en Chine » ; il échappe ainsi aux prix abordables de l’énergie, à la création de nombreux emplois et à une certaine prospérité…

En réalité, la pénurie énergétique, ça n’existe pas. Les réserves d’énergie fossiles, par exemple, sont régulièrement revues à la hausse ; leurs coûts d’exploitation ne cessent de baisser grâce à l’innovation technologique : « de l’énergie, il y en a. Plein. Mais son exploitation est consciencieusement limitée par ces gens qui pensent à leurs intérêts politiques avant de penser aux intérêts de ceux qui n’ont rien, et surtout pas le luxe de se passer d’énergie. »

Les lecteurs méchants ne pourront que se réjouir de la typologie établie par H16 relative à ceux qu’il appelle les Fluffies : « en anglais, « fluffy » est utilisé pour qualifier quelque chose de duveteux, tout doux, qui n’oppose au toucher aucune rugosité. L’écologie sympathique, amusante et citoyenne, c’est ça : la promesse d’un cocon doux et sans aspérité qui accueille en son sein tous ses enfants dans un déluge de bisous assoupissants comme un verre de lait chaud. »

Bref il est difficile de bouder son plaisir à lire ce petit traité d’anti-écologie. D’abord parce qu’anticonformiste, il est écrit dans une langue insolente et pittoresque, tout à fait appropriée pour débiner les jocrisses qui composent l’écologie au sens impropre. Ensuite parce que même les lecteurs gentils devraient pouvoir en faire bon usage. Enfin parce qu’il démonte nombre de lieux communs et d’idées reçues comme des évidences en la matière.

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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 20:50

Émile Zola, que l’on ne peut soupçonner de sympathie libérale, interviewé par un journaliste du New York Herald Tribune le 20 avril 1890, observé :

« …Je suis en train de travailler à un roman, L’Argent, qui traitera des questions concernant le capital, le travail, etc., qui sont agitées en ce moment par les classes mécontentes. Je prendrai comme position que la spéculation est une bonne chose, sans laquelle les grandes industries du monde s’éteindraient, tout comme la population s’éteindrait sans la passion sexuelle…

…Aujourd’hui les grognements et grommellements émanant des centres socialistes sont le prélude à une éruption qui modifiera plus ou moins les conditions sociales…

Les hommes sont-ils en quoi que ce soit en réalité plus égaux qu’ils ne l’étaient il y a cent ans ? Pouvez-vous donner à un homme la garantie que sa femme ne le trompera jamais ? Pouvez-vous rendre tous les hommes également heureux ou également avisés ? Non ! Alors arrêtez de parler de l’égalité !

La liberté, oui ; la fraternité, oui ; mais l’égalité, jamais !"

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 10:17

Marronnier de saison et point de passage rituel de l’actualité en ce début septembre : c’est la rentrée ! À nouveau se profile ce moment charnière où des paquets d’enfants bigarrés, de collégiens turbulents et de lycéens boutonneux vont transiter des vacances vers l’école et retrouver les temples modernes de l’apprentissage et de la formation pour, essentiellement, relier les points et découvrir ce que Pluto a dans sa gamelle.

Comme à chaque rentrée, les articles de presse se multiplient pour revenir sur les évidentes difficultés que traversent (dans l’ordre) les petits bambins découvrant la maîtresse, les parents quand ils parcourent les listes de fournitures et les rayonnages de magasins bondés, les professeurs lorsqu’ils découvrent leur établissement ou leurs élèves et la ministre lorsqu’elle tente de lire une recette de cuisine. Comme à chaque rentrée, on insistera sur les nouveautés et sur les changements de l’organisation ou des programmes scolaires. Et comme à chaque rentrée, on s’attend bien sûr à quelques communiqués de presse, du ministère ou des syndicats pour dénoncer ceci ou expliquer cela. Rien que de très normal, en somme.

Sauf que cette année, en plus des inévitables articles lacrymogènes du Monde ou de Libération, on sait déjà que ça ne pourra pas bien se passer.

Il faut en effet se rappeler que l’année scolaire précédente s’était soldée par un constat d’échec au sujet de l’actuelle réforme des collèges tant les différents acteurs du dossier s’étaient crispés sur leur position. D’un côté, le corps enseignant, à commencer par les professeurs de lettres (latines et grecques) et ceux de langues, avait compris la mise en pièces de leurs disciplines par le ministère. De l’autre, la ministre, enfilant mensonges et propos dilatoires pour noyer un poisson de plus en plus gros et de plus en plus frétillant, refusait de bouger d’un iota ; sa réforme était en route, rien ne pourrait plus l’arrêter.

On aurait pu croire que les vacances auraient apaisé les tensions. Il n’en est rien. Déjà, la période estivale fut l’occasion pour beaucoup d’enseignants de continuer d’exprimer leur mécontentement, tant sur les réseaux sociaux que dans la boîte à lettre du ministère en lui envoyant l’une ou l’autre carte postale rappelant que l’actuelle réforme ne leur plaît guère. En outre, les vacances furent aussi propices à la préparation d’un inévitable mouvement de grève dont on ne sait pas encore quand il tombera mais qui marquera aussi, avec une régularité saisonnière touchante, la rentrée syndicale.

Notons au passage qu’en marge des grognements de plus en plus vifs liés à la réforme du collège et à la bulldozerization des programmes scolaires, on retrouve dans la bouche des syndicats les sempiternelles demandes d’augmentation de moyens. Quelque part, ces demandes marquent bien l’écart entre la base enseignante inquiète des directions idéologiques prises par l’actuel gouvernement dans l’élaboration des programmes et les syndicats, encore et toujours arc-boutés sur des réclamations financières et humaines : elles apparaissent outrancières au vu de l’état général des finances du pays et du rapport pourtant sans ambiguïté entre l’argent cramé dans l’éducation et les résultats minuscules obtenus en retour.

À ces tensions malgré tout entretenues pendant les vacances et qui promettent de se développer encore dans le mois à venir quand les petits soucis de programme seront connus de tous, il va falloir ajouter celui de la gestion toute politico-médiatique du Conseil Supérieur des Programmes (CSP) par le ministère de l’Éducation Nationale. Le CSP, c’est cet appendice organisationnel ajouté en octobre 2013 par Vincent Peillon, en remplacement plus ou moins heureux du précédent Haut Conseil de l’éducation, lui-même évolution du Conseil national des programmes datant de 1989. L’idée derrière ce comité théodule Conseil, c’est d’avoir un groupe de personnes qui donne son avis (plus ou moins scientifique) et formule des propositions sur les programmes scolaires ; il est normalement indépendant du ministère et les avis rendus doivent permettre d’orienter concrètement les programmes.

La réalité, bien sûr, est un peu plus pastel : depuis son installation, on est à la quatrième démission d’un de ses membres. Et après la démission d’Alain Boissinot, son propre président, qui reprochait à cette structure de ne pas être en capacité de « fabriquer les programmes, très concrètement, à tous les niveaux du système éducatif », c’est au tour d’Annie Genevard de claquer la porte. Pour la député du Doubs, le CSP n’est absolument pas indépendant du ministère (« Chaque semaine, le président du Conseil supérieur des programmes rencontrait un membre du cabinet de la ministre. On est indépendant, ou on ne l’est pas. ») et, en outre, « la feuille de route donnée à ce Conseil n’est pas tenable. Réformer neuf niveaux en même temps est une folie ».

Plus enquiquinant pour le pouvoir en place, on observe depuis le début la multiplication des reproches envers la ministre de partis pris idéologiques et pédagogiques pour l’élaboration de ses programmes ; par exemple en Histoire, on découvre le mélange d’une approche chronologique et d’une approche thématique ou la mise en valeur de certains aspects au détriment d’autres, ce qui n’arrangera rien à la confusion qui règne déjà dans la matière. En français, un projet de programme recommandait dans sa première mouture de respecter la parité entre les auteurs, ce qui posera, on s’en doute, quelques petits soucis dans les textes classiques.

Plus les jours avancent, plus les discussions s’enflamment, plus les fuites des différentes recommandations, circulaires et modifications des programmes laissent entrevoir une réforme qui entraîne encore un peu plus l’enseignement français vers l’abîme. Tout semble ainsi fait pour faire s’évaporer l’excellence, pour que le goût de l’effort et que le niveau d’exigence soit suffisamment abaissés afin de ne laisser personne sans un diplôme, et ce même si sa valeur résiduelle pratique devient nulle.

Devant ces éléments, l’inquiétude est de mise.

On pourra toujours arguer que le corps enseignant a pris conscience des dégâts possibles de cette réforme, puisqu’il bataille déjà âprement pour un retour à des bases plus saines. Cependant, le mouvement est enclenché et la bureaucratie éducative semble tous les jours plus puissante, plus lourde et plus implacable. Et du point de vue des parents consciencieux, on ne peut pas décemment leur demander de tout miser sur la présence d’esprit de professeurs qui, en définitive, devront choisir entre leur carrière et des programmes cohérents, entre leur tranquillité d’esprit (voire leur paye) et un combat de tous les jours pour essayer de faire passer des savoirs que toute l’institution tente de morceler, d’éparpiller et de diluer dans une myriade de sous-matières rigolotes mais parfaitement inutiles.

Autrement dit, la fuite des élèves de familles les moins défavorisées vers le privé continuera, s’accentuera même. Ceux qui le pourront mettront leurs enfants dans le privé sous contrat, puis hors contrat, le mal s’étendant, montrant à tous que chaque nouvelle réforme, chaque nouvelle dose massive d’idéologie, de collectivisme et de nivellement par le bas sera une raison supplémentaire pour pousser les parents à reprendre en main l’éducation de leurs enfants. La rentrée 2015 devrait voir le mouvement de repli des parents vers le privé, ou vers l’auto-éducation (à la maison) atteindre de nouveaux sommets.

Jamais le décalage n’aura été aussi fort entre ce que les individus réclament, ce qu’ils payent avec leurs impôts et leur travail, et ce que l’État leur jette au visage.

Là encore, force est de conclure que ça va forcément bien se passer.

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31 août 2015 1 31 /08 /août /2015 19:59

Français, Françaises, soyez-en sûrs : à tout moment, à tout propos et hors de propos, le gouvernement agit !

Il s’occupe de vous, de la tétine au sapin, vous borde le soir avant de dormir et vous réveille le matin au son du clairon. Il s’occupe de votre éducation, il s’occupe de votre couverture universelle contre les bobos du monde, il s’occupe de votre pension. Et quand il ne s’en occupe pas, il déploie des trésors d’imagination pour vous faire croire qu’il le fait.

C’est ainsi qu’en décembre dernier, on découvrait que l’administration française, précise, rigoureuse et inflexible, merdouillait grave dans l’attribution des retraites de plusieurs départements. Là où la distribution des indispensables émoluments aux nouveaux retraités aurait dû être calée sur le mouvement rapide d’un TGV nouvelle génération, on se rendait compte, surpris, qu’elle prenait plutôt l’omnibus départemental comme référence : des retraités du Languedoc-Roussillon et d’autres de Nord-Picardie se sont retrouvés fort dépourvus quand la bise de la pension fut venue, avec une accumulation invraisemblable de retards dans le calcul et le versement de leurs dus dont la presse, fort discrète, ne se fit guère l’écho que dans un triplet d’articulets particulièrement minces (ici, ou ). Apparemment, plusieurs milliers de dossiers étaient en souffrance.

En début d’année 2015, cela ne se débloquait toujours pas, indiquant que les petits soucis soi-disant passagers devenaient persistants. Manques de fonds ? Afflux de dossiers ? Personnel insuffisant ou incompétent ou les deux ? Leprechaun informatique méchant ? Quoi qu’il en fut, les retraités commencèrent à grogner.

Mais oh, là, du calme ! Nous sommes en République Française et ce genre de péripétie ne saurait durer ! Bien vite, sentant que le problème pourrait devenir sinon électoralement sensible mais au moins socialement dangereux, Marisol Touraine, la ministre en charge du dossier, s’est lancée dans l’une de ces idées lumineuse qui ajoutent immédiatement au problème une grosse farce rigolote : elle vient de créer une espèce de Droit Opposable à la Retraite.

Non, vous ne rêvez pas : par le subtil truchement d’un décret de derrière les fagots du ministère, la ministre vient d’instaurer – je cite – « une garantie de versement d’une pension de retraite au moment du départ en retraite aux assurés qui déposent une demande complète au moins quatre mois avant la date de départ prévue ».

Changement fondamental, bouleversement, que dis-je, révolution ! Les retraités qui vont déposer un dossier d’ouverture de droits à la retraite un peu avant leur départ disposent maintenant d’une garantie de versement. Youpi.

Quelque part, cela fait froid dans le dos, et à plusieurs niveaux.

Le premier, c’est que ce décret laisse apparemment supposer qu’il n’en était rien avant. Autrement dit – et sauf à imaginer que la ministre aurait pondu un décret sans la moindre utilité – sans ce dernier, la pension versée n’avait absolument rien de garanti. Un coup c’était oui, un coup c’était non, au joyeux arbitraire des administrations compétentes (ou pas). Cela laisse quelque peu songeur sur le pacte social gnagnagna qui, en définitive, revient à ponctionner durement les actifs pour payer les retraités (ou pas) : apparemment, les retraites, jusqu’au décret n° 2015-1015, n’étaient pas garanties.

Le second, c’est que tout indique qu’on a ici créé un droit, tout nouveau, tout chaud, tout rigolo (et probablement tout bidon) pour corriger un problème purement technique. C’est exactement comme si – exemple à ne pas suivre, merci – on créait un Droit Opposable Au Courant Électrique dès qu’EDF s’avérait incapable de délivrer du courant pendant deux mois à certains foyers parce que, ah voyez enfin m’dame, enfin bon, c’est compliqué, rapport au turbofluctuateur au niveau de l’injection des vis platinées du fil de rotabidon, ça se répare pas en deux minutes, m’voyez, s’pas, donc faudra attendre encore un peu ma brav’dame, je sais en hiver c’est pas génial mais grâce aux convecteurs gratuits, ça ira mieux, non ? Avec un Droit Opposable Au Courant Électrique, pouf, z’avez immédiatement la garantie d’une tension électrique sur votre ligne. Voilà. Magique.

Mais plus généralement, cette histoire de droit opposable récupéré sous le sabot d’un cheval pour prétendre résoudre un problème de versement de pension montre, encore une fois et de façon aiguë qu’on prend les Français et particulièrement les retraités pour des imbéciles.

Ainsi, s’il suffit d’avoir un droit opposable pour régler le problème de versement des pensions à temps, pourquoi ne l’a-t-on pas fait plus tôt ? Mieux : pourquoi n’invente-t-on pas un droit opposable pour chaque petite avanie que nous font subir des administrations aussi pléthoriques qu’incompétentes, pour lesquelles la perte de dossiers et l’excuse de la pièce manquante – il manque toujours une pièce à votre dossier, toujours – sont l’alpha et l’oméga des bonnes raisons de saboter le service rendu au public ?

Mieux : si le problème provient, comme il nous l’a été expliqué précédemment, d’un afflux imprévu (!) de dossier, en quoi ce droit opposable change-t-il la donne ? En rien, c’est évident et c’est parfaitement grotesque.

Pire : on distribue ici du décret et de la loi, on s’agite et on remue son menton fermement pour que des retraites soient payées, mais la réalité est que ces retraites ne dépendent que de la bonne ponction d’actifs dont le nombre rétrécit et dont la bonne grâce à se faire ponctionner tend à diminuer, nonobstant un consentement à l’impôt en béton armé bien évidemment.

Bref : tout comme le droit opposable au logement qui était et est toujours une parfaite fumisterie inapplicable et intrinsèquement stupide mais cachée derrière une masse si importante de bons sentiments que ce droit est passé comme une lettre à la poste, le droit opposable à la retraite est une blague de très mauvais goût jetée à la face de ceux qui ont travaillé toute une vie pour un montant de pension de plus en plus symbolique.

Les fumisteries de Marisol Touraine mettent en exergue une réalité crue : on se fiche, encore une fois, de nous, toutes générations confondues. On se moque des jeunes avec une éducation de plus en plus pourrie et de plus en plus ridicule, bordée de termes pompeux et de concepts idiots, mousse brillante de vacuité ronflante, pour former des semi-habiles, semi-lettrés, semi-dépendants. On se moque des travailleurs avec des impôts et des cotisations toujours plus lourds pour des droits toujours plus minuscules, un flicage permanent et une sécurité en carton pâte. On se moque à présent des retraités avec un joli décret en guise de pension, qui s’ajoute aux délais et aux montants parfois honteusement bas des versements effectués.

Et face à cette attitude, pas une tête, pas une voix, pas un individu pour dire « assez ! »

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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 08:28

Un article de Charles SANNAT (Economiste Contrarien et insolent). Qui répondra plus que probablement à certaines interrogations. Jean-Loup Dujardin

Ce n’est pas faute d’avoir hurlé dans le désert qu’il n’y avait pas de croissance. En tout cas, pas de croissance saine et autonome, ne reposant ni sur de nouvelles dettes, ni sur de nouvelles créations monétaires. Dans ce dernier cas, gardez présent à l’esprit que les politiques menées par nos mamamouchis ont abouties au résultat extraordinaire de dissocier la notion de croissance économique à l’idée de création de richesses. Nous vivons donc dans un monde où il y a statistiquement de la croissance (dettes plus création et injection de monnaie) mais pas de création de richesses… Et lorsqu’il n’y a pas de création de richesses nouvelles, tout cela fini par se voir.

Du coup les « marchés » s’inquiètent… et s’il n’y avait pas de croissance ? Compte tenu des niveaux stratosphériques atteints par le prix des actions partout dans le monde (et des obligations), il n’en faut pas plus pour faire chuter les marchés et, cette fois-ci, il semblerait que le mouvement de correction confine au krach… Nous verrons bien.

Le piège infernal de la FED et de la remontée impossible des taux…

Autre élément, la FED est dans une position totalement intenable pour encore très longtemps. En expliquant que la banque centrale américaine va augmenter les taux, elle incite évidemment les investisseurs à ne pas investir… et à attendre que les taux montent pour placer leur argent à des niveaux plus élevés. Résultat ? Alors qu’il n’y a jamais eu autant d’argent (faux) en circulation, l’attentisme des investisseurs provoque… les premières difficultés de financement ! Si au contraire la FED augmente ses taux… alors cela provoquera une nouvelle récession aux Etats-Unis au moment même où tout le monde, ou presque, a de bons gros doutes sur la réalité de la croissance économique mondiale (au mieux, atone comme je vous le répète depuis des mois et des mois). Mais si la FED indique immédiatement qu’elle ne relèvera pas ses taux, alors cela veut dire que la situation est grave, qu’il n’y a pas de croissance et, qu’en plus, il y aura de plus en plus de monnaie… bref, cela provoquerait une ruée immédiate vers les actifs tangibles comme l’or et l’argent. Le plus logique serait que la FED laisse la panique s’installer quelques jours et qu’elle intervienne massivement sur les marchés, y compris en annonçant un 4ème QE (plan d’injection de monnaie créé à partir de rien) sous la pression de tous les investisseurs et des autorités politiques effrayés par le spectre d’une nouvelle crise. Si la FED ne peut rien faire seule et si tout le monde est d’accord pour l’appeler à l’aide… elle devrait bien finir par accepter d’agir et sauver une nouvelle fois le monde.

Pas de panique, mais de la vigilance !

On ne part jamais en vacances avec des positions boursières non protégées (couvertes contre les risques de baisse) ou non closes… c’est une règle de base que tout épargnant se doit d’appliquer pour bronzer tranquillement, tant les crises ces dernières années aiment à se dérouler l’été ! Ensuite, j’attire votre attention sur le fait que normalement l’investissement en bourse ne se fait que sur une petite partie de son patrimoine financier et qu’actuellement il faut surpondérer les actifs tangibles pour la simple et bonne raison que les entreprises valent beaucoup trop cher, que les obligations ne valent pas tripettes et que les placements, soit disant sécurisés et disponibles type livret A, ne rapportent plus rien !!! Quitte à ne rien gagner ou pas grand-chose, autant ne pas prendre de risque.

L’or devrait chuter fortement, or il se maintient de fort belle manière. Le dollar monte ce qui est logique, puisqu’encore une fois les investisseurs vendent leurs actions et se précipitent pour acheter des obligations américaines… libellées en dollars (phénomène connu sous le vocable « fly to quality »). Le pétrole s’effondre ce qui sera bon pour votre plein d’essence et aussi le plein de la cuve pour le chauffage cet hiver…

Quoi qu’il advienne dans les jours à venir, que nous assistions à un véritable krach, ce qui est probable, ou au contraire à une simple correction, ce qui est encore possible, la réalité c’est qu’il n’y a pas de croissance économique en Europe comme aux Etats-Unis et pas plus en Chine.

La réalité c’est que les mensonges finiront par se fracasser sur le mur de la vérité.

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 09:52

Force est de constater," la presse française a trouvé de quoi s’occuper: interview des passagers, des contrôleurs, des forces de l’ordre et des politiciens, infographies rutilantes et explication sur le fonctionnement des toilettes de train, tout y passera pour occuper leur audience sur l’attentat qui n’a pas eu lieu, l’héroïsme des uns, les petites blessures des autres. Pendant ce temps, le monde continue de tourner. Au vinaigre.

Cela faisait pourtant plusieurs mois que plusieurs analystes, sérieux mais toujours sous le radar des médias grand public, annonçaient à qui voulait l’entendre (rassurez-vous : presque personne) que la situation économique mondiale n’était vraiment pas folichonne et qu’un problème grave couvait. Cela faisait aussi quelques jours que les signes d’une tension hors normes s’accumulaient. Et comme d’habitude, la presse française semble comme prise par surprise. Les analystes maison, tous plus pondérés les uns que les autres, se sont relayés pour rassurer sur un « potentiel de baisse limité », alors que tout indiquait pourtant une nervosité quasi-épileptique de tous les marchés.

Alors forcément, lorsque tous les indicateurs partent au plancher d’un coup, cela engendre quelque peu la panique dans les salles de conférence de presse. Le choix (entre les événements du Thalys et le petit vent de folie boursier) est cependant vite fait. Et puis ce n’est pas comme si les Français y comprenaient subitement quelque chose en économie.

Mais tout de même : cela fait un peu désordre, cette baisse de la bourse de Shanghai qui se prend -8,5% après une semaine déjà passablement douloureuse et qui amène finalement l’indice à effacer ses gains enregistrés depuis le début de l’année. Si ce n’est pas encore un krach, la vitesse et l’ampleur du mouvement laissent l’imagination s’emballer. Et puis, cela fait logiquement désordre, cette bourse de Tokyo qui dévisse à son tour, suivie par le CAC français ou un DAX allemand en très petite forme, alors qu’il s’était déjà senti un peu mal la semaine dernière. Et tant qu’on y est, cela laisse songeur, ce prix du baril de pétrole qui dégringole sous les 40$, signe d’un souci dans ce marché, soit d’une surproduction, soit d’une sous-consommation, soit d’une mauvaise allocation de capital que le marché tente de corriger, soit un peu tout ça…

Et puis, comment ne pas sentir comme un petit parfum d’angoisse lorsqu’après des mois d’incohérence complète sur le marché de l’or (mélange de demande forte du physique et de morosité des achats de banque centrale, couplé à une production en baisse et des prix eux-mêmes en baisse), ce dernier se redresse subitement ? Comment ne pas voir la déflation s’installer gentiment sur à peu près toutes les matières premières, signe d’un ralentissement net de la production, donc de la consommation et de la croissance (désolé François, c’est mal parti pour la fin d’année) ?

La suite, on la redoute déjà : les monnaies chahutées, le dollar constituant le seul refuge pratique actuellement (et logique en période de déflation). Pour le moment, l’euro gagne du terrain, mais qu’en sera-t-il dans quelques semaines, quelques mois ? Pire : comment imaginer que ces variations sur les monnaies (quels que soient leurs sens) seront bénéfiques pour une zone euro déjà passablement fragilisée par les péripéties récentes ?

Quant à la Fed américaine, comment peut-elle espérer se sortir de ce traquenard, où une intervention pour monter les taux déclenchera la panique, une autre pour les baisser confirmera la gravité de la situation et attisera probablement les peurs existantes, et où tout attentisme sera lourdement condamné, au moins médiatiquement ? En somme, tout ce petit monde, des banques centrales aux gouvernements en passant par les principaux organismes financiers, semble passablement coincé, condamné à échouer avant même d’avoir agi.

En outre, il reste au milieu de tout ça un véritable éléphant, pas évoqué, mais difficile à manquer : c’est le marché des bons d’États souverains, notamment européens. Les dettes sont colossales, les jeux d’écritures rigolos et créatifs entre les banques, les banques centrales, les différents États et la BCE elle-même se multiplient, mais le total, en bas de la facture, est toujours plus gros et les richesses produites n’arrivent pas à freiner la tendance. Il faut regarder la réalité en face : la Grèce n’est pas un cas épineux, un problème ponctuel qu’on peut traiter séparément. C’est, en réalité, le symptôme d’un mal qui ronge tous les pays à divers degrés : un endettement mortifère par clientélisme social-démocrate débridé, endettement délirant qui est encore aujourd’hui louangé par les épaves keynésiennes médiatiques Bref : il arrive, doucement mais sûrement, ce moment où les marchés ne pourront plus gober de nouvelles dettes, gavés qu’ils sont des précédentes déjà émises et des gains de plus en plus incertains que la conjoncture laisse entrevoir.

À présent, tout est imaginable, le meilleur – la situation se redresse, les marchés se calment et Hollande, lucide et décidé, réforme le pays pour des lendemains qui chantent – comme le pire – la dégringolade continue, maintenant ou un peu plus tard, entourée des nécessaires précautions oratoires, d’un vivre ensemble tous les jours plus punchy et d’une nouvelle vague de solidarité invasive totale.

Or, pour piloter cette situation, nous avons des cadors. Si, avec Nicolas Sarkozy, on avait gagné le ticket médiatique d’un VRP clinquant qui courait d’un sommet international à un autre en prétendant partout qu’il allait sauver le monde et éviter la catastrophe, avec François Hollande, on a récupéré un petit monsieur Loyal, un organisateur de fêtes municipales, un commis aux compromis dont on voit mal l’adéquation avec la situation actuelle. Et on ne voit pas par quelle pirouette intellectuelle on va redresser la situation ou proposer des solutions ou un chemin opérationnel crédible avec l’équipe qui entoure le pauvre chef de l’État, équipe composée de « bouffis » de suffisance et parfaitement déconnectés tant des vrais enjeux que des réalités de terrain.

La tempête arrive. Tout comme les gros grains, elle prendra du temps à se former, elle s’inscrira sur la durée et ses dégâts seront profonds. Pendant les huit années écoulées, on a fait exploser nos déficits, les dépenses de l’État, les gabegies et les magouilles : la France, depuis 2007, a intelligemment choisi de s’endetter comme jamais (avec Sarkozy) et de n’entreprendre absolument aucune réforme de fond (avec Hollande)".

Alors forcément, ça va bien se passer.

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25 août 2015 2 25 /08 /août /2015 11:52

"Le professeur Charles L. Glenn, professeur à l’Université de Boston et grand spécialiste de la liberté scolaire dans le monde, explique comment la revendication du libre choix de l’école par les parents est peu à peu montée en puissance en Occident. Elle a été longtemps en conflit latent avec la prétention des élites au pouvoir de remodeler selon leurs conceptions les enfants du peuple. Mais depuis quelques dizaines d’années, la capacité de l’État à satisfaire les besoins éducatifs véritables des enfants est fortement remise en question de tous côtés. La tendance est d’inciter la société civile, le « troisième secteur » à prendre ses responsabilités en matière éducative. C’est la théorie de « l’empowerment », qui n’a rien à voir avec une quelconque marchandisation de l’école. Par leur implication concrète dans les écoles libres, les citoyens passent du statut d’objet du pouvoir à celui de contributeurs actifs de la société, ce qui correspond à un processus de démocratisation véritable de la vie de la cité.

Bien que la liberté d’enseignement ait fait l’objet de protections dès le XIXème suite à des combats politiques dans quelques pays – notamment en Belgique, avec le mouvement d’indépendance de 1830, et plus tard aux Pays-Bas avec la mobilisation de Protestants et de Catholiques du « kleine luyden » – la protection de la liberté d’enseignement reste exceptionnelle jusqu’au lendemain de la deuxième Guerre mondiale.

Ce n’est qu’en réaction aux régimes totalitaires du XXème siècle que la communauté internationale prend conscience de la nécessité de protéger la liberté des familles de choisir une alternative aux écoles publiques. Les régimes communistes et fascistes ont cherché à mettre en œuvre systématiquement ce qui faisait partie implicitement des programmes éducatifs des gouvernements « doucement progressistes » de la fin du XIXème siècle. Ils l’ont fait d’une manière qui a démasqué la volonté des élites de remodeler selon leur conception, par l’éducation, les enfants du peuple.

Le mouvement d’après-guerre de définition des Droits de l’homme a inclus le droit à la liberté d’enseignement : « les États s’engagent à respecter la liberté des parents de choisir pour leurs enfants des établissements autres que ceux des pouvoirs publics […] et de faire assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants, conformément à leurs propres convictions. »

Ce droit est pourtant loin d’être évident, même dans les régimes démocratiques, où les élites « progressistes » peuvent juger qu’il est de leur devoir d’utiliser le système éducatif pour rendre les enfants meilleurs que leurs parents.

Le passage manquant de l’extrait du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels donné ci-dessus – à savoir « qui se conforment aux normes minimales qui peuvent être prescrites ou approuvées par l’État » – donne la possibilité aux gouvernements d’imposer des exigences aux écoles non gouvernementales (écoles privées), exigences qui peuvent conduire à rendre impossible le maintien du caractère propre et des spécificités éducatives en faveur desquelles les parents avaient pourtant fait leur choix.

Il y a clairement une obligation qui pèse sur les États contemporains de prendre les mesures nécessaires à la protection des enfants tout en faisant en sorte que l’intérêt public soit servi par toutes les acteurs, privés ou publics, du système éducatif.

L’éducation des générations futures est une question d’intérêt public et doit être guidée, dans un système démocratique, par des hypothèses partagées sur le bien commun… dans des limites qui reflètent la nature pluraliste de la société.

L’effort pour respecter le rôle des parents comme premiers éducateurs de leurs enfants et donc pour trouver le juste équilibre entre la liberté et la responsabilité en éducation – pour s’assurer que les objectifs nécessaires de la société soient atteints et que les individus et les groupes vulnérables soient protégés sans tomber dans ce que Kant appelait « le plus grand despotisme concevable » : un gouvernement paternaliste

La période allant de 1900 à 1945 peut être vue, rétrospectivement, comme celle du triomphe de l’école d’État dans la plupart des pays occidentaux. Alors que les écoles catholiques ou les autres écoles privées éduquent des millions d’enfants, elles jouent un rôle secondaire, comme une alternative ou, aux États-Unis et en Australie, comme le lieu réservé à la classe ouvrière immigrée. L’école publique représente alors la pierre angulaire de la société et n’a aucun concurrent sérieux.

L’école d’État a commencé à être concurrencée après la Seconde Guerre mondiale et la rivalité s’est accrue en particulier dans les années 1970.

Dans le raisonnement politique qui a été formulé petit à petit dans un certain nombre de pays, des termes tels que « subsidiarité » et « champ de souveraineté » ont commencé à se faire entendre. On a fait valoir que l’État devrait créer activement dans tous les secteurs les conditions du développement d’initiatives entrepreneuriales selon un principe de libre entreprise, au lieu de vouloir occuper lui-même tout l’espace social.

La centralisation excessive a commencé à être considérée comme un problème. Alors que l’État-providence continuait de se développer et les activités du gouvernement de s’étendre à de plus en plus de domaines de la vie, il y avait en même temps un désenchantement croissant à l’égard de la capacité de l’État et de sa rationalité bureaucratique de répondre efficacement aux besoins de l’homme.

Dans ce contexte d’insatisfaction, certains ont appelé à un « retrait de l’État », pour « réinventer le gouvernement », en adoptant de nouvelles techniques d’organisation sociale qui conduisent à la prise en main par les gens de leur propre destinée ( cf. théorie de l’« empowerment ») dans des secteurs et des organismes éloignés du centre, et donc à la création d’institutions par les citoyens pour eux-mêmes.

Les autorités publiques de la Finlande à l’Australie, et les régimes politiques de gauche comme de droite, ont cherché des façons de maintenir les acquis apportés par l’État-providence sans avoir un monopole public qui fournisse services et prestations. Selon Peter Berger et Richard John Neuhaus :

« Le projet est que, si ces institutions (créées par la société civile) pouvaient être plus reconnues dans les politiques publiques, les individus se sentiraient davantage « chez eux » dans la société, et l’ordre politique serait mieux compris. Sans processus institutionnels fiables de médiation, l’ordre politique se détache des valeurs et des réalités de la vie individuelle. Privé de son fondement moral, l’ordre politique est « délégitimé ». »

Selon ces propositions, les citoyens sont conçus en de nouveaux termes par les décideurs politiques qui les percevront non pas comme des objets de l’action gouvernementale, mais plutôt comme des acteurs se caractérisant par la responsabilité, l’autonomie et le choix, et dotés de la ressource et des informations disponibles pour les finalités communes de la société.

Ces propositions ne doivent pas être confondues avec la « marchandisation » des services à la personne, dont l’éducation, car ils ne sont pas une manifestation du « capitalisme sauvage ». Ses partisans insistent sur le fait que ce qu’ils demandent, c’est l’utilisation d’un « troisième secteur » composé d’associations volontaires qui ne sont ni étatiques ni mercantiles mais qui relèvent simplement d’association d’intérêt général conclues sur la base du volontariat.

Les réformes proposées visent à renforcer les pouvoirs des citoyens en tant que membres actifs de la société, cherchant à améliorer leur qualité de vie et celle de leurs familles par des actes de choix".

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