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  • : Le blog de Jean-Loup
  • : Engagé, depuis plusieurs décennies dans une démarche visant à lutter contre tous les processus d'exclusion, de discrimination et de ségrégation socio-urbaine, je suis persuadé que si nous voulons « construire » une société reposant sur un véritable Vivre Ensemble. Il nous faut savoir, donner du sens au sens, prendre le temps de la concertation et faire des propositions en adéquation avec les besoins de nos concitoyens.
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16 juin 2017 5 16 /06 /juin /2017 06:18
Ces gens ne se connaissaient pas il y a quelques mois ; ils n’ont en commun que leur bonne volonté, leur espoir de renouveau et leur chef. Dimanche prochain, ils entreront à l’assemblée nationale et soutiendront le gouvernement Macron.

 

Je ne suis pas fâchée de voir toute cette affaire se terminer prochainement. Toute cette affaire ? Le paquet électoral 2017 comprenant l’élection présidentielle et ses répliques législatives.

Tout ceci nous occupe depuis des mois et des mois et s’est décliné en pas moins de deux tours de primaire de droite, deux tours de primaire de gauche, deux tours de présidentielle et pour l’instant un tour de législatives.

 

Si le début de la séquence fut « complètement dingue » nous faisant bondir de coup de théâtre en coup de tonnerre, avec la candidature Macron , la sélection Fillon, puis la renonciation Hollande, suivie de la sélection Hamon sur fond d’affaire Fillon, la suite fut assez rapidement pliée en faveur de Macron, malgré une remontée de Mélenchon en dernière ligne droite et une chute fracassante de Le Pen juste devant l’obstacle.

CE QUI DEVAIT ARRIVER ARRIVA

Au final, on attendait Macron – Le Pen et on a eu Macron – Le Pen. Puis on attendait Macron et on a eu Macron. Depuis la présidentielle, l’éventualité d’une majorité absolue pour La République en Marche (LREM) s’est renforcée tous les jours, et le parti du Président aura bel et bien sa majorité pour gouverner, une majorité non seulement absolue mais pour ainsi dire insolite et insolente, surtout pour un parti qui existe depuis un an seulement.

 

Le premier tour des élections législatives 2017 qui s’est joué dimanche 11 juin dernier a tout d’un livre des records. Les partis traditionnels se retrouvent soit laminés comme jamais (PS) soit profondément amoindris (LR). Les partis extrêmes qui ont côtoyé le vainqueur à quelques points au moment de la présidentielle reviennent à leur étiage habituel et leur impact législatif sera des plus modestes (FN et FI).

HÉCATOMBE À DROITE COMME À GAUCHE

On ne compte plus les personnalités politiques de droite ou de gauche séchement battues dès  le premier tour ou en ballottage très défavorable pour le second. Certains l’ont pris avec humour (ou plus exactement ont eu le prix de l’humour politique) d’autres moins, mais de toute façon ne soyons pas trop tristes pour eux, leurs conditions de chômage ou de retraite ne seront pas franchement difficiles.

Finalement, la France a été submergée par deux raz-de-marée : dans les urnes, celui de La République en Marche qui promet d’envahir l’Assemblée Nationale dès dimanche prochain ; et hors des urnes, celui de l’abstention qui relativise considérablement la macron-mania qui s’est emparée du pays en apparence. Ainsi, les 32 % des suffrages exprimés réunis par LREM et le Modem deviennent 16 % un fois ramenés à l’ensemble des inscrits. Même opération pour tous les autres partis, naturellement.

TAUX D’ABSTENTION RECORD

Plus haut niveau jamais enregistré pour une telle élection depuis le début de la Ve République, l’abstention a en effet atteint 51,30% des 47,6 millions d’électeurs inscrits.

Il est toujours difficile de faire parler les abstentionnistes, même si les partis et les candidats les moins bien placés pour le second tour ont tendance à y voir une réserve de voix qui corrobore en tout point leur analyse de la situation politique de la France. C’est d’ailleurs un thème qui occupe généralement la plus grande partie des soirées électorales, chaque politicien affirmant à la télévision qu’il a entendu les électeurs, qu’il a entendu les abstentionnistes et qu’à partir de maintenant, on va voir ce qu’on va voir.

Dans le cas présent, plus d’un électeur sur deux n’a pas jugé utile d’apporter son soutien formel à Emmanuel Macron, ni à aucun autre candidat. Soit qu’il n’en voulait aucun, soit qu’il s’en fichait complètement, ou soit qu’il ait jugé inutile de se déplacer compte-tenu du fait qu’après la présidentielle, l’affaire semblait pliée en faveur de LREM, ce qui ne le dérangeait pas plus que ça.

LA FIN D’UNE LONGUE SÉQUENCE POLITIQUE

C’est cette dernière interprétation que le Premier ministre a retenue au soir du premier tour. Dans la forte abstention de dimanche, il voit la conséquence d’un processus électoral certainement un peu long et lassant doublé de la démobilisation d’une partie de l’électorat pour lequel « l’élection du Président de la République a clos le débat ».

Je dois dire que j’ai trouvé l’allocution dEdouard Philippe très réussie. Dans un langage clair et posé, bien loin des expressions contournées d’un Hollande, il a fait les remerciements d’usage, puis les concessions d’usage à l’abstention et aux partis adverses, pour ensuite revendiquer la victoire, rappeler les politiques mises en route par le gouvernement (moralisation de la vie politique, adaptation du droit aux nouvelles exigences de notre sécurité) et confirmer qu’il avait présenté un calendrier aux partenaires sociaux pour moderniser le droit du travail. Il a conclu sur les « nouveaux visages » qui formeront la nouvelle Assemblée :

 

Malgré l’abstention, le message des Français est sans ambiguïté : pour la troisième fois consécutive, vous avez été des millions à confirmer votre attachement au projet de renouvellement, de rassemblement et de reconquête du Président de la République.

Dimanche prochain, l’Assemblée nationale incarnera le nouveau visage de notre République, une République forte, une République rassemblée, une République attentive aux besoins de chacun, la République française.


Tout ceci est fort bien dit. Tout ceci est très digne et donne une haute idée de l’État et du gouvernement. Reste à savoir ce que l’on doit comprendre exactement sous les termes très policés employés.

CES INCONNUS QUI DÉBOULERONT À L’ASSEMBLÉE

Aujourd’hui, je m’interroge sur les « nouveaux visages ». Je m’interroge sur tous ces députés connus (entre autres :  a Asnières sur Seine nen déplaise a ceux qui font semblant le candidat LREM est connu et même bien connu comme Strausskanien) ou inconnus qui vont débouler en nombre à l’Assemblée. À écouter certains témoignages, il y a de quoi être inquiet.

 

On comprend qu’Emmanuel Macron a réussi à faire surgir et à incarner un immense désir de renouveau, qu’il a infusé dans ses discours de campagne calibrés comme une sorte d’illusion lyrique enivrante qui lui a permis de rassembler autour de lui des personnes de tous horizons politiques, géographiques et sociaux.

 

Des personnes lassées des vieux partis qui se disputent le pouvoir depuis 40 ans sans résultats tangibles, des personnes qui ont « envie de faire quelque chose », qui ont envie que « ça bouge ». Des personnes qui pour beaucoup n’ont jamais fait de politique et qui maintenant, grâce à lui ont envie de « faire de la politique autrement ».

Ce désir de renouveau, ce désir de printemps éternel, s’il ne représente que 32 % des votants et 16 % des inscrits, c’est bien dans toute la France qu’on le retrouve, dans la France des villes et la France des champs, à l’est comme à l’ouest, dans les bastions de gauche comme dans les bastions de droite.

QUI SERONT LES NOUVEAUX ?

Pas très élevé en nombre de voix – LREM et le modem auraient obtenu le score le plus faible à un premier tour de législatives pour un parti présidentiel depuis 1981 – mais premier partout ou presque, d’où le raz-de-marée à l’Assemblée.

Écoutons par exemple Marie Sara, ex-torera et candidate LREM en ballottage favorable face à Gilbert Collard (FN) dans la 2eme du Gard. Sollicitée directement par Emmanuel Macron pour se présenter, elle a accepté avec joie car elle brûle de pouvoir défendre cette terre, la Camargue, qui lui a tant donné.

Interrogée sur la notion de « politique autrement », elle répond qu’elle veut se mettre au service des gens de sa région parce qu’elle les aime, et pour ce qui est de la mesure emblématique d’Emmanuel Macron, elle souligne l’immense espoir qui s’est levé avec lui et les dossiers d’agriculture rurale et de biodiversité de la Camargue.

Elle n’est ni à gauche ni à droite, elle est En Marche ! pour la Camargue et semble ignorer totalement que si un député est désigné localement, sa mission consiste à représenter la France entière et à voter les lois pour toute la nation.

 

Écoutons maintenant Fabienne Colboc, candidate également en ballottage favorable, dans la 4eme Indre et Loire. Entendons-nous bien : il est évidemment très intimidant de passer à la télévision pour la première fois, surtout quand on est complètement novice en politique.

Mais on s’attend tout de même à ce que les candidats aient un petit peu réfléchi à leurs thèmes de campagne, on s’attend à ce qu’ils aient préparé leurs interventions. Ce ne fut manifestement pas le cas de Fabienne Colboc qui bafouille beaucoup, comme pour chercher au fond de sa mémoire les éléments de langage du programme Macron.Bouquet final à propos de l’objectif de faire baisser la part du nucléaire dans l’électricité à 50 % à l’horizon 2025 comme le prévoit la loi de transition énergétique de Ségolène Royal, reprise par Macron et Hulot:

Fabienne Colboc : Je pense que le plan peut être tenu à partir du moment où il y a de l’investissement qui peut être donné pour que cette nouvelle énergie (les renouvelables) soit mise en place.
 

Question : Mais il vient d’où, l’argent ?
Fabienne Colboc : Ben, c’est de l’investissement …

 

Je sais aussi que parmi les plus de 400 candidats LREM qui vont entrer à l’Assemblée, beaucoup sont très expérimentés, ou disposent d’expériences préalables, qui les préparent peut-être mieux à tenir rapidement leur rôle de député. Je pense au mathématicien Cédric Villani, dont le soutien antérieur à Anne Hidalgo laisse cependant perplexe, ou à l’ancien patron du raid par exemple mais et peut être surtout à tous ces élus ayant ou ayant eu des mandats sans compter les conseillers et assistants parlementaires.

UNE MAJORITÉ NOVICE ET HÉTÉROCLITE

On voit cependant à travers ces exemples, qui ne sont pas isolés, que la majorité qui s’annonce sera très novice et très hétéroclite. Macron lui-même s’inquiétait récemment du raz-de-marée qui pourrait rendre sa majorité difficile à tenir.

Ces gens ne se connaissaient pas il y a quelques mois ; ils n’ont en commun que leur bonne volonté, leur espoir de renouveau et leur chef ; ils mettent un point d’honneur à n’être ni de gauche ni de droite, ou alors soit de gauche soit de droite ; de son côté, Emmanuel Macron n’a dévoilé son programme que tardivement et au compte-gouttes.

À partir de là, deux solutions : soit des divergences ne manqueront pas d’apparaître à mesure que les textes seront connus dans tous leurs détails – et ce sera la pagaille ; soit au contraire, compte-tenu de leur inexpérience, Macron arrivera à tenir ses députés et disposera pour cinq ans d’une majorité docile et d’un pouvoir colossal.

Dans cette dernière configuration, il n’y a plus qu’à espérer qu’il saura en faire un bon et bel usage dans le sens de plus de liberté et plus de prospérité pour toute la France, loin des piétinements timides qui caractérisent généralement les socio-démocrates tels que lui.

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13 juin 2017 2 13 /06 /juin /2017 14:19

Quand… On s’interroge… : JM Blanquer va-t-il réussir à dompter le mammouth ?

C’est un bien curieux combat qui se livre dans les coulisses du « mammouth » de la rue de Grenelle, et, à n’en pas douter, il méritera de nombreux décryptages pour ceux qui ne sont pas férus de questions éducatives.

 

Le ministre Jean Michel Blanquer a annoncé la semaine dernière ses premières mesures. Elles visent toutes à desserrer l’étau du mammouth sur un système éducatif à la dérive. Les premières mobilisations apparaissent face à des décisions pourtant timides mais salutaires. Le combat d’un ministre contre une machine infernale commence.

C’est un bien curieux combat qui se livre dans les coulisses du « mammouth » de la rue de Grenelle, et, à n’en pas douter, il méritera de nombreux décryptages pour ceux qui ne sont pas férus de questions éducatives. Jean-Michel Blanquer, qui a déjà expliqué qu’il ne proposerait aucune loi qui porterait son nom, vient pourtant de s’attirer les premières foudres des traditionnels idéologues de l’immobilisme éducatif. Lentement mais sûrement, les premières salves contre sa méthode et sa vision ont été tirées par ceux qui espèrent garder le contrôle d’un système en décomposition.

LA DÉCOMPOSITION ÉDUCATIVE EN FRANCE

Que l’école soit dans un état de dégradation avancée n’est un mystère pour personne. Les études triennales PISA lont suffisamment montré et documenté. Toutes les tares de notre système éducatif y sont décortiquées factuellement : inégalités sociales, décrochages scolaires puissants, difficulté à intégrer les jeunes issus de l’immigration, résultats moyens par ailleurs.

Face à cette lente décomposition, les remèdes sont connus. Seule une dénationalisation du système, une autonomie des établissement  et une innovation pédagogique profonde permettront de rétablir la situation, comme d’autres pays sont parvenus à le faire.

LES RENTIERS DE LA CENTRALISATION SONT INQUIETS

Bien entendu, tous ceux qui prospèrent sur une centralisation suicidaire de notre système éducatif, et sur sa déresponsabilisation principielle, sont horripilés par toutes ces solutions. Au premier rang d’entre eux, on placera les syndicats d’enseignants et leur chambre d’écho, la FCPE, régulièrement composée et représentée par les enseignants, mais sous leur étiquette « parents d’élèves ».

Tout ce petit monde déteste l’idée que les chefs d’établissement puissent développer des projets scolaires locaux et autonomes, qui échapperaient aux arrangements de couloir obtenus par la bureaucratie syndicale rue de Grenelle. Et tant pis si ce sont les élèves les plus faibles qui pâtissent de cette redoutable mais impitoyable prise de pouvoir. Dans tous les cas, il faut dénoncer la menace que ce projet fait peser sur la liberté de l’enseignant : entendez qu’il ne faudrait surtout pas que la Nation commence à fixer des obligations de résultats à ces fonctionnaires sous statut qui se comportent comme des professions libérales.

LA STRATÉGIE DE PETITS PAS MENÉES PAR JEAN-MICHEL BLANQUER

Dans ce contexte tendu, JM Blanquer fait le choix davancer à petit pas et par une sorte de guérilla face aux troupes constituées des rentiers qui verrouillent la communauté éducative. Pas de loi, donc, mais des mesures de « gestion » : possibilité reconnue aux collectivités de déroger aux rythmes scolaires dans les écoles primaires, élargissement prudent des possibilités de redoublement au collège, introduction de soutien scolaire pendant les vacances financé par des heures supplémentaires.

 

On voit bien la manœuvre : on abandonne les grandes mesures nationales, et on laisse le terrain s’organiser en lui donnant des espaces d’autonomie. Le pari qui est fait est de voir progressivement un autre modèle s’installer, décentralisé et pluriel, sans possibilité de retour.

La méthode est peu flamboyante, mais elle a un immense mérite : elle complique singulièrement la tâche de blocage à laquelle sont prêts tous ceux qui dénoncent cette « territorialisation de l’éducation », selon une expression qui en dit long sur les appétits de pouvoir des Parisiens. Allez vous mettre en grève contre un décret qui vous permet, si vous le souhaitez, de faire usage de vos libertés !

LES PATTES DU MAMMOUTH BIENTÔT CASSÉES ?

Avec cette méthode, il n’est pas impossible que Jean-Michel Blanquer parvienne à casser les pattes du mammouth. Ce serait une annonce réjouissante, tant la médiocratie de la rue de Grenelle a poussé notre école publique et laïque à la désespérance.

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10 juin 2017 6 10 /06 /juin /2017 17:26
À vouloir à tout prix moraliser la vie publique, ne risquons-nous pas d’aller vers une véritable tyrannie de l’opinion, qui n’est guère que l’image qu’en donnent les médias ?

 

Les affaires Fillon, Le Roux, Ferrand, de Sarnez sont inquiétantes pour l’avenir de la démocratie. Un ordre moral latent semble vouloir peu à peu s’imposer. Il proviendrait, selon certains médias ou politologues, d’une demande pressante de l’opinion publique. Celle-ci n’admettrait plus les pratiques du passé.

Une « moralisation » de la vie politique serait nécessaire pour répondre à cette attente. Mais ne risquons-nous pas d’aller vers une véritable tyrannie de l’opinion, qui n’est guère que l’image qu’en donnent les médias ?

EN DÉMOCRATIE, CHACUN CHOISIT SA MORALE

Il n’est pas question d’analyser ici les dispositions de la nouvelle loi en préparation, ni de traiter de sa pertinence. Il s’agit de dissocier droit et éthique et de rappeler que si le droit s’impose à tous, y compris aux politiciens, il n’existe aucune règle morale à caractère général et absolu en démocratie.

Il est donc tout à fait abusif d’évoquer la « moralisation ». Pourquoi ? Parce que ce régime politique autorise chacun à choisir sa morale en toute liberté. La liberté de conscience permet à chaque personne de choisir ou de ne pas choisir sa religion, son idéologie, les principes qui vont déterminer ses actions.

La morale de l’un n’est donc pas la morale de l’autre et personne ne peut considérer qu’une pratique quelconque est immorale de façon absolue. Tout juste peut-elle être contraire à la morale d’autrui.

Il n’existe pas en démocratie de morale publique unanimement reconnue. Nous vivons aujourd’hui dans le relativisme moral puisqu’il n’existe plus de religion officielle imposant des contraintes éthiques.

LA MORALE LATENTE DE LA MAJORITÉ NE S’IMPOSE À PERSONNE

Au risque de paraître provocateur, évoquons à nouveau les affaires récentes. Contrairement à ce que prétendent nombre d’intervenants dans les médias, il n’y a rien d’immoral à favoriser les membres de sa famille, sa maîtresse, son amant, ses amis. Il s’agit même d’une tendance spontanée de tout être humain.

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Nous sommes sans doute, en moyenne, plus stricts dans ce domaine qu’on ne l’était dans le passé. Sous la royauté d’Ancien Régime, il était tout à fait normal d’obtenir des faveurs royales payées sur fonds publics pour les membres de sa famille ou ses amis.

Si nous condamnons assez largement le népotisme aujourd’hui, prétendre qu’il est immoral serait inexact. Il est seulement statistiquement rejeté par la majorité des citoyens. Il est loisible à quiconque d’adopter des principes éthiques plus imprégnés de tolérance que ceux de la majorité. Cela s’appelle la liberté.

Tant qu’une loi n’a pas transformé une éthique plus rigoureuse en droit positif, elle ne s’impose qu’à ceux qui l’adoptent librement.

LA LIBERTÉ D’EXPRESSION N’AUTORISE PAS LA CALOMNIE

Il en résulte que lorsque les médias stigmatisent des personnes dont le comportement n’a rien d’illicite, ils contreviennent à la liberté de conscience. Ils abusent de leur pouvoir en cherchant à imposer une soi-disant éthique majoritaire que seule la loi pourrait adopter.

Quiconque a le droit de se trouver en contradiction fondamentale avec cette opinion dominante, sans pour autant être transformé en brebis galeuse par la presse relayée par les réseaux sociaux.

La liberté d’expression a une limite : l’interdiction de calomnier. « Sans liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ». La célèbre phrase de Beaumarchais nous rappelle qu’il est possible de critiquer un comportement au nom de principes différents.

Mais il n’est pas possible de clouer au pilori un individu au nom d’une vérité prétendument morale. Il n’y a pas de vérité morale en démocratie, seulement des vérités subjectives et très évolutives historiquement, donnant lieu un éternel débat.

INSTILLER LE DOUTE POUR DÉCHAÎNER LA CALOMNIE

Avant toute intervention de l’autorité judiciaire, François Fillon, Bruno Le Roux, Richard Ferrand, Marielle de Sarnez ont été la cible de campagnes de presse. Les journalistes intéressés par ce registre médiocre se situent en général sur un terrain juridico-éthique particulièrement flou.

Ainsi, un article del’Obs , signé MG, indique à propos de Richard Ferrand : « Les preuves apportées par Le Canard enchaîné, si elles embarrassent le gouvernement, n’attestent d’aucun acte illégal. » Comment prétendre qu’aucun acte illégal n’a été commis tout en évoquant des « preuves » rapportées par un simple journal satirique ?

L’objectif est évidemment d’instiller le doute dans l’esprit des lecteurs. Nombre d’entre eux s’étonneront qu’en présence de « preuves », il n’y ait pas de poursuites judiciaires. Le jésuitisme de ce journaliste n’est pas une exception.

Il a pour objectif de déchaîner la calomnie sur les réseaux sociaux et sur les sites internet spécialisés dans la haine d’autrui. Les journalistes dénonciateurs jettent leurs victimes dans la fosse aux lions de la communication numérisée.

PAS DE « MORALISATION » MAIS UN SIMPLE CADRE JURIDIQUE

La prétendue moralisation de la vie politique n’existe pas. Ce vocabulaire est utilisé par commodité pour circonvenir l’électorat. On lui fait croire qu’on répond à ses attentes, au demeurant bien mal définies.

En réalité, il s’agit d’adopter des textes limitant la liberté des politiciens ou des partis dans le domaine financier, bref d’encadrer plus strictement leurs ressources et leurs dépenses, voire la durée de leur mandat.

Cela n’a rien d’illégitime, mais pourquoi brandir de grands principes moraux pour quelque chose d’aussi banal ? Réponse : pour faire de la politique à la petite semaine, pour caresser l’opinion dans le sens du poil, comme on le fait couramment avec les chiens. Si l’opinion n’était pas si malléable, elle sentirait l’offense derrière la bienveillance.

LA TYRANNIE DE L’ÉGALITARISME

La passion de l’égalité, dont Tocqueville faisait le principe le plus puissant de la démocratie, est à la racine de ces lois de pseudo-moralisation. L’opinion publique ne se réclame d’aucun principe moral, mais elle accepte de moins en moins les différences.

Sous son emprise, beaucoup de différences sont déjà devenues des discriminations. Elle ne supporte plus désormais que ses dirigeants bénéficient d’une aisance financière trop voyante. La convoitise généralisée nous mène au règne de la transparence parfaite.

Au bout du chemin se trouve la tyrannie de l’égalitarisme. Lorsque le patrimoine et les revenus de tous nos politiciens pourront être scrutés au microscope par chaque citoyen, gageons que des démagogues s’étonneront encore qu’ils puissent vivre sur les deniers publics au-dessus du salaire minimum. La « moralisation » ne connaît aucune limite.

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9 mai 2017 2 09 /05 /mai /2017 10:42
On m’a poussé cet article que j’ai trouvé fort intéressant… une question se posant : Emmanuel Macron est-il Libéral !!!  

 

Qui est vraiment Emmanuel Macron ? Peut-il se révéler une bonne surprise libérale une fois à l’Elysée ? Nous avons interrogé 3 experts pour recueillir leurs avis croisés. Interview croisée de Jacques Garello (économiste et ancien président de l’Aleps), Gaspard Koenig (philosophe et président de Génération Libre), et Jérôme Perrier (historien et chercheur).

QUELLE EST LA PLACE D’EMMANUEL MACRON DANS LA TRADITION POLITIQUE ET INTELLECTUELLE LIBÉRALE ? EN RUPTURE OU DANS UNE CERTAINE CONTINUITÉ ?

Jérôme Perrier : À mon sens, Emmanuel Macron s’inscrit dans une double filiation libérale. D’abord, celle d’un libéralisme de gauche, qui compte dans notre pays de très grandes figures, injustement oubliées ou négligées, comme celles de Benjamin Constant ou d’Alain par exemple. Ensuite, celle d’un libéralisme qui s’accommode d’un État relativement fort, et que Lucien Jaume dans ses travaux a qualifiée de « libéralisme par l’État » ou de « libéralisme étatique », par opposition à un « libéralisme de l’individu » beaucoup plus méfiant à l’égard de la puissance publique.

Gaspard Koenig : Hayek distinguait un libéralisme français, épris de droits et de rationalité administrative, et le libéralisme anglais, plus respectueux des institutions et de leur évolution spontanée. Foucault trace à peu près la même distinction dans ses Leçons de Biopolitique. La meilleure illustration de ce libéralisme français fut la révolution de 1789, fondée sur la formule de l’abbé Sieyès : pas d’intermédiaires entre l’État et l’individu. Cela a donné l’égalité des droits, l’abolition des corporations et la volonté de rendre plus transparent le fonctionnement de l’État. C’est exactement dans cette tradition que s’inscrit Emmanuel Macron. Il souhaite instaurer dans nos systèmes économiques et sociaux une formule égalitaire permettant à chacun de faire ses choix et d’en assumer les conséquences : c’est tout l’esprit de la réforme de l’assurance-chômage, de la retraite à points, ou bien sûr de l’ouverture des marchés et de la lutte contre les rentes. S’il va jusqu’au bout de ce projet, cela témoignera d’une vraie rupture avec l’héritage techno-corporatiste hérité de Vichy. La critique de Hayek contre le libéralisme français reste pertinente, mais ce serait déjà une sacrée avancée pour la liberté…

Pour Jacques Garello, bien plus critique : Emmanuel Macron ne peut se réclamer dulibéralisme, même s’il se présente comme « social libéral » : un oxymore puisque le vrai clivage politique et économique est entre socialisme et libéralisme. Il trompe son monde en jouant sur la vacuité du clivage droite-gauche, puisqu’en effet ladite droite française n’a cessé d’accélérer la marche au socialisme

Quand on entend Macron et les autres se réclamer sans cesse du gaullisme, il y a de quoi inquiéter un libéral. On n’est pas libéral parce qu’on a le soutien du patronat institué, trop heureux de prolonger l’ère du capitalisme de connivence en France, et ivre de dialogue social. On n’est pas libéral parce qu’on reçoit le soutien d’arrivistes ou d’égarés qui se disent libéraux. .

QUEL EST LE POINT DU PROGRAMME LE PLUS INTÉRESSANT DANS LE PROGRAMME D’EMMANUEL MACRON ?

Jacques Garello : Le plus intéressant est son désir de revoir totalement la mission et les règles de l’Union Européenne. En effet la dérive dirigiste, bureaucratique, est intolérable et ne favorise en rien le libre échange et la libre entreprise. Mais avec qui Macron fera-t-il cette révision ? Avec Angela Merkel « l’ultralibérale », ou avec Martin Schultz qui a réalisé le virage à gauche du SPD ? Sigmar Gabriel a « fait un rêve : une Europe avec Macron et Schultz à sa tête ». En fait un cauchemar.

Jérôme Perrier : Il y a beaucoup de choses intéressantes dans le programme d’Emmanuel Macron, comme la valorisation de la réussite individuelle, de entrepreneuriat, de la prise de risque, de la concurrence, etc., etc. Mais le plus important à mes yeux est peut-être l’affirmation récurrente que les réformes ne peuvent se faire de manière centralisée et par le haut (notamment par la loi), mais qu’au contraire, il faut que les décisions se prennent au plus près du terrain et des acteurs concernés. C’est ce qui le conduit par exemple à promouvoir une plus grande autonomie des établissements scolaires et à encourager l’expérimentation pédagogique, ou, dans un autre domaine, ce qui l’amène à vouloir réformer notre droit du travail en substituant le dialogue social au niveau de la branche et de l’entreprise plutôt qu’au niveau national, et plus encore à la place de la loi. C’est là, à mon avis, que réside le germe libéral le plus prometteur de son programme.

Gaspard Koenig : Le plus intéressant est la réforme de l’assurance-chômage. C’est une ambition structurelle : Emmanuel Macron propose d’en confier la gestion à l’État, de basculer les cotisations salariales sur la CSG, et d’en ouvrir le bénéfice à toutes les sorties d’emploi (y compris donc pour les salariés qui démissionnent ou les indépendants qui veulent se mettre au vert).

Le constat est juste : alors que le travail indépendant prend peu à peu son envol, les systèmes assurantiels de l’État-providence industriel deviennent obsolètes. L’intention est excellente : créer une forme de protection individuelle portable qui permette de sortir de l’emploi et d’y revenir aussi souvent que nécessaire, de manière souple et apaisée. Mais la solution la plus élégante à cette question éminemment contemporaine serait la mise en place d’un revenu universel. L’« assurance-chômage universelle » est une sorte de revenu universel pour personnes hors de l’emploi, financé lui aussi par une flat tax sur le revenu (sous forme de CSG). À la différence cependant du revenu universel, cette assurance-chômage universelle conserve des montants d’indemnisation différenciés, alors même que l’impôt sur lequel elle est assise est proportionnel. Il devient donc nécessaire, fort logiquement, de renforcer les contrôles sur les bénéficiaires, pour éviter que demain nous nous mettions tous au chômage avec un vague projet de start-up. C’est là qu’est le risque : là où le revenu universel permettrait au travailleur du 21esiècle de s’affranchir de la bureaucratie et du contrôle d’État, l’assurance-chômage universelle risque bien de l’y replonger, sans échappatoire possible.

QUEL EST LE POINT LE MOINS INTÉRESSANT DANS SON PROGRAMME ?

Gaspard Koenig : J’hésite entre la « suppression » de la taxe d’habitation, qui va recentraliser la fiscalité locale et la basculer vers le contribuable national, et la création du Pass’ Culture, qui va créer toute une bureaucratie chargée de vérifier quelles sont les activités culturelles éligibles, avec toutes les dérives que l’on peut imaginer… On aurait pu se passer de ce genre de mesures clientélistes qui vont consommer du capital politique, créer toutes sortes de débats inutiles, et aboutir à des dispositifs boiteux que l’on mettra des années à supprimer.

Jacques Garello : On a l’embarras du choix pour relever ce qu’il y a de moins intéressant dans le programme qu’il a présenté durant sa campagne : le remboursement des prothèses, les classes à 12, la suppression de la taxe d’habitation, le service militaire d’un mois, les amendes payées sur-le-champ par les petits délinquants, l’aide versée aux retraités en contrepartie de la CSG, les stages des étudiants en médecine… Au demeurant tous les points du programme, même ceux qui ont l’air sérieux (comme la durée du travail), sont dans un flou artistique qu’il appartiendra au futur gouvernement de gérer (mais quel est ce gouvernement ?).

Jérôme Perrier : Je suis quelque peu sceptique sur la confiance qu’il place dans l’État interventionniste, stratège, régulateur et gardien du long terme, et notamment dans son grand Plan d’investissement de 50 milliards d’euros. Entendons-nous, je ne suis pas anarcho-capitaliste et je crois que l’État a un rôle de régulateur à jouer, mais quand on parle de projets massifs d’investissements qui se comptent en dizaines de milliards, cela me fait toujours un peu peur, car cela me rappelle le temps du Plan Calcul. N’oublions pas qu’Emmanuel Macron est un inspecteur des Finances, et que (comme l’ont très bien montré les travaux de l’historienne Nathalie Carré de Malberg) cette institution a souvent engendré un libéralisme très modéré, trés statophile.

Reste que le programme et le livre d’Emmanuel Macron (Révolution) témoignent d’un authentique libéralisme, rare dans notre classe politique depuis qu’Alain Madelin a quitté la politique active. C’est la raison pour laquelle j’ai soutenu sa candidature (avec son engagement européen, que je partage entièrement).

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6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 11:58
Jusqu’où Macron pourra-t-il renouveler les cadres de l’administration, tous protégés par leur statut ? Derrière les changements politiques apparents, les décisions de gestion continueront à être prises par un groupe d’hommes et de femmes immuables.

 

 

Dans un discours prononcé à Albi, Emmanuel Macron s’est fait l’apôtre du renouvellement des élites, sans le dire clairement d’ailleurs. Toute la question est aujourd’hui de savoir si cette ambition salutaire est tenable par une réforme « interne » au régime.

MACRON À ALBI, UN SYMBOLE ASSEZ CURIEUX

Il faut reconnaître au site de France 3 l’intelligence d’avoir replacé le déplacement d’Emmanuel Macron à Albi dans l’étrangeté de son contexte historique :

Symboliquement, Emmanuel Macron a visité la Verrerie Ouvrière d’Albi (VOA). Les ouvriers de l’entreprise avaient bénéficié du député Jaurès après la grande grève de 1895. Mais les temps ont bien changé : la VOA, ancienne société coopérative, a depuis… été rachétée par Verralia, un groupe lui-même détenu par un fonds de pension américain ! On est bien loin de Jaurès.

Macron, apôtre d’une France où les entreprises les plus anciennes sont contrôlées par des fonds de pension américains ? Le pari était vraiment étrange…

LE SUJET CENTRAL DU RENOUVELLEMENT DES ÉLITES

Durant le discours qu’il a prononcé à Albi, Emmanuel Macron a ensuite eu cette phrase tout à fait centrale dans l’œuvre qu’il devra conduire dès le mois de mai :

Ce ne sont pas les forces classiques de la vie politique française qui reconstruiront le pays. J’entends ceux qui voudraient que les partis reprennent leurs droits. Non, nous recomposerons jusqu’au bout, nous renouvellerons jusqu’au bout

Gouverner sans les forces classiques de la vie politique français, recomposer, renouveler « jusqu’au bout »: ces mots sont évidemment prometteurs et, pour tous ceux qui souhaitent que les cartes soient rebattues en profondeur en France, ils sonnent de façon heureuse.

Ils soulèvent toutefois deux questions. La première est de savoir quel degré de sincérité les porte, de la part d’un candidat qui aime communiquer, mais qu’on est loin d’avoir vu à l’œuvre. La seconde est de savoir dans quelle mesure les institutions rendront possible ce renouvellement des élites.

SUR LA SINCÉRITÉ DU PRÉSIDENT MACRON

Premier sujet : dans quelle mesure Emmanuel Macron est-il véritablement porteur de cette volonté de renouvellement ? Chacun, à commencer par lui-même bien entendu, aura son opinion sur le sujet. En l’état, et en lui faisant par bienveillance le crédit préalable d’une sincérité intacte, il est néanmoins confronté au problème éternel de la rénovation démocratique : comment s’appuyer sur des gens nouveaux sans hérisser le poil de ceux qui sont aux manettes ? Et comment enjamber les « insiders » du pouvoir pour les remplacer par des nouveaux ?

C’est pourquoi l’ambition d’un renouvellement des élites « jusqu’au bout » connaît déjà de sérieux tempéraments. Le secrétaire général du mouvement, Richard Ferrand, est député socialiste (proche des frondeurs, d’ailleurs). Macron a intégré Bayrou dans son équipe, qui n’est ni un perdreau de l’année, ni un grand consommateur de renouvellement, sans quoi il aurait disparu depuis longtemps.

Ces concessions faites à l’écosystème de la Vè République montrent bien la difficulté à laquelle Emmanuel Macron va se heurter. On imagine déjà qu’elle a dû grandir rapidement depuis le premier tour, et que les bureaux de son cabinet doivent être recouverts de CV prestigieux envoyés illico par des candidats aux fonctions les plus alléchantes de la République (on retiendra comme face émergée de l’iceberg les dépôts de candidature à Matignon par voie de presse : Laurence Parisot, Christiane Taubira, Jean-Louis Borloo, Xavier Bertrand, notamment).

SUR LA CAPACITÉ D’UN RÉGIME FRANÇAIS À SE RÉNOVER DE L’INTÉRIEUR

En même temps qu’Emmanuel Macron devra résoudre la difficile équation de l’exercice du pouvoir avec des gens nouveaux, donc inconnus et peu aguerris, il devra surmonter l’autre difficulté : la capacité des institutions françaises en général, et singulièrement celles de la Vè République, à tolérer et permettre des renouvellements de ce type.

Sur ce point, Emmanuel Macron devra en faire l’expérience dès le mois de juin, avec les élections législatives. Renouveler jusqu’au bout signifie qu’il refuserait d’investir des élus de l’actuelle Assemblée comme candidats d’En Marche. Mais alors… 577 candidats totalement inconnus (dans leur immense majorité) qui commenceront à faire campagne le 8 mai pour des élections qui auront lieu six semaines plus tard, ça risque quand même d’être un peu court pour monter une mayonnaise et obtenir une majorité de gouvernement à l’Assemblée.

Là encore, le bon sens est que Macron fasse ce qu’il a discrètement commencé à faire : accepter des élus actuels comme candidats, à condition qu’ils concourent officiellement sous la bannière d’En Marche. Mais, dans ce cas, le candidat renonce à sa promesse de « renouvellement jusqu’au bout », et reprend les vieux produits en changeant seulement l’emballage.

C’est toute la difficulté d’un changement par l’intérieur.

LA QUESTION DE LA TECHNOSTRUCTURE

Reste un problème qu’Emmanuel Macron ne pourra contourner : les élites en France ne sont que marginalement politiques. Elles sont et demeurent majoritairement administratives. C’est ce qu’on appelle la technocratie. Macron s’est (et c’est un bien) prononcé pour un spoil system à la française, qui reste quand même très en-deçà du spoil system américain. Aucun haut fonctionnaire français ne terminera son parcours chez Pôle Emploi. Il sera juste reclassé dans un corps d’inspection à 10.000€ par mois, voire plus.

Mais jusqu’où Macron pourra-t-il renouveler les cadres de l’administration, tous protégés par leur statut ? En réalité, derrière les changements politiques apparents, les décisions de gestion, au jour le jour, continueront à être prises par un groupe d’hommes et de femmes qui demeureront immuables.

Et là, nous touchons probablement au problème le plus compliqué à résoudre, à périmètre égal d’intervention de l’État, pour un Président qui veut renouveler « jusqu’au bout ».

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6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 09:44
AGRICULTURE

Nous sommes en train de vivre La fin des paysans, titre d’un livre d’Henri Mandras en 1967. Ils représentaient alors un tiers de la population active. Ils sont à peine 2% aujourd’hui. Il y en avait encore un million en 1988. Selon la FNSEA il ne resterait plus que 341 000 exploitations professionnelles. Mais si l’on applique des critères réalistes, par exemple un revenu moyen par actif correspondant au SMIC, il en reste probablement moins de 250 000.

Les revenus de nos paysans ont baissé de 26% en 2016. Un sur deux gagne aujourd’hui moins de 354 euros par mois ! Tous les trois jours un paysan se suicide. Ils croulent sous la paperasserie et des normes débiles.

C’est ainsi que nos viticulteurs sont talonnés par une « Brigade de la végétation concurrentielle » qui mesure la hauteur des herbes entre les rangs de vignes, comme le révèle Isabelle Saporta dans son livre intitulé Foutez nous la paix1. Pour éviter d’être mis à l’amende, ils utilisent encore plus de désherbants chimiques qui tuent nos abeilles.

LIMITER LA RÈGLEMENTATION

Toujours plus de réglementations, de papiers, d’inspecteurs dans nos campagnes pour dresser procès-verbal et mettre à l’amende des paysans de moins en moins nombreux.

Emmanuel Macron en campagne à promis de leur accorder le droit à l’erreur, la possibilitéquand on est contrôlé pour la première fois et qu’on a commis une infraction qui n’est pas pénale, de ne pas avoir une administration qui sanctionne mais qui corrige et conseille.

Dans un sondage auprès de huit mille agriculteurs français, neuf sur dix répondent que ce ne sont ni les charges de travail, ni les incertitudes climatiques ou économiques qui les découragent ; mais la paperasserie qui leur est imposée, à laquelle ils disent passer un tiers de leur temps. Tandis que leur nombre diminue, augmente celui des fonctionnaires gérant un maquis réglementaire de plus de trois cents subventions.

LE RÔLE DE LA PAC

La Politique agricole commune (PAC), décidée par un Conseil européen du 14 janvier 1962, créa un marché commun agricole garantissant un prix minimal au dessus des cours mondiaux. Douze ans plus tard la production agricole avait doublé et le nombre d’agriculteurs avait diminué de moitié, passant de 6 à 3 millions d’actifs.

Entre 1962 et 1973 notre agriculture a produit deux fois plus par hectare, mais consommé trois fois plus d’énergie fossile et fait monter les émissions de gaz à effet de serre.

Système de normes imposées et de subventions, la PAC est fondée sur deux principes mortels : le protectionnisme et des subventions scandaleusement inégalitaires. Elle fait monter les prix des aliments et étouffe la liberté d’entreprendre et celle des marchés, contredisant ainsi les principes mêmes de la construction européenne.

Sous prétexte d’assurer la survie de nos paysans on bafoue leur liberté de produire, et aussi la liberté des consommateurs d’acheter au meilleur prix. Résultat : baisse du niveau de vie de tous.

L’OCCASION HISTORIQUE MANQUÉE

Malheureusement, M. Chirac, sous prétexte de défendre nos agriculteurs, a laissé passer une occasion historique et fait pression pour maintenir la PAC jusqu’en 2013, au grand dam de Tony Blair, alors premier ministre britannique, et de Peter Mandelson, alors commissaire européen chargé des négociations.

C’est en réaction que les grands pays émergents se sont alors durcis et regroupés pour ne plus risquer d’être pareillement bousculés à l’avenir par un seul pays riche. Ils refuseraient dorénavant toute concession, tant que les pays industrialisés n’auraient pas accepté de s’ouvrir à leurs produits agricoles.

Notre refus s’est retourné contre nous et a abouti à l’échec du Cycle de Doha, échec où tout le monde est perdant, et surtout nous.

DÉCLIN DE L’AGRICULTURE EUROPÉENNE

La PAC est un échec, puisque le déficit alimentaire européen a doublé en dix ans. L’agriculture européenne perd des parts de marché dans le monde et les importations progressent plus que les exportations.

Jusque-là le soutien artificiel des prix supposait une politique commune ; mais ce n’est plus le cas. Chaque gouvernement peut désormais aider directement ses agriculteurs.

Avec l’Europe à 27, la France est devenue contributeur net pour financer les pays d’Europe orientale, souvent pour des terres non agricoles, ou des bénéficiaires n’exerçant aucune activité agricole, selon la Cour des Comptes européenne3.

LA PAC ENCOURAGE LA CHASSE AUX SUBVENTIONS

Chaque année naissent 130 millions de bouches à nourrir supplémentaires, et il est naturel que le prix des aliments flambent. Pourtant, si le revenu des céréaliers augmente, celui de nos agriculteurs et éleveurs diminue.

Car ce n’est pas la production et la compétitivité qu’encourage la PAC, mais la chasse aux subventions. 40 000 hectares de vignes ont été arrachés en échange de subventions. A ce rythme, d’exportateur d’aliments la France va devenir importateur net.

C’est de manière étatique, protectionniste et corporatiste que nous appliquons la PAC, contrairement aux Britanniques et Allemands qui laissent beaucoup plus de libertés aux producteurs et consommateurs. L’Allemagne nous dépasse désormais pour le volume des exportations agro-alimentaires.

ARGENT GASPILLÉ

Pourtant en moyenne les pensions agricoles ne sont que de 736 euros par mois en 2017. Pour une épouse, seulement 450 €. Bien en dessous des 840 € du seuil de pauvreté. Beaucoup de conjoints ayant travaillé sans rémunération, et n’ayant donc pas cotisé, ne reçoivent aucune retraite.

Les surcoûts et subventions occasionnés par la PAC sont gaspillés. Loin de favoriser la survie des fermes familiales, l’argent va à des gens qui n’en ont nul besoin. Les 3 premiers bénéficiaires, dont les noms ont été révélés pour la première fois le 4 mai 2012, ne sont même pas agriculteurs.

Le premier est le volailler Doux, avec 55 millions. Ce qui n’a pas empêché sa faillite. Le second est le Comité régional de reconversion du vignoble de Languedoc-Roussillon (32,4 millions), suivi de la Sucrière de la Réunion (31 millions). Malheureusement, désormais, sous prétexte du respect de la vie privée, on cache les noms des bénéficiaires.

UNE POLITIQUE INÉGALITAIRE QU’ON CHERCHE À CACHER

Dans la dernière liste on trouvait ceux de Rothschild, de Dassault et du prince de Monaco, qui a des terres dans l’Aisne. Peut-on imaginer politique plus inégalitaire ? On comprend qu’on veuille la cacher.

Il est des dépenses publiques bénéfiques, mais ce n’est pas le cas de la PAC dont les principaux bénéficiaires ne sont ni agriculteurs ni éleveurs. Protectionnisme destructeur, qui augmente le coût de notre nourriture, ampute notre niveau de vie et coûte chaque année au contribuable au moins 33 milliards de subventions, auxquels s’ajoutent les surprix payés par tous, de l’ordre de 100 milliards.

En effet nous payons deux fois, comme contribuables et comme consommateurs, aux dépens du niveau de vie de tous. Selon Eurostat, les produits alimentaires sont en France 10% plus chers que la moyenne européenne.

Mais, même si nous sommes les champions des surprix, c’est aussi toute l’Europe qui les paie, surprix dépendant des tarifs douaniers (entre 18 et 28%) et surtout de multiples interdictions et obstacles non tarifaires créant la rareté et donc la cherté des aliments.

DES DIRECTIVES ÉCOLOGIQUES SIMPLES

Point ne serait besoin de régulations détaillées et tatillonne, mais de directives écologiques simples : débroussaillage, prévention des incendies de forêt, économie d’eau, limitation des engrais chimiques, des pesticides et de la pollution des nappes phréatiques.

Le gouvernement qui supprimera les obstacles à la libre circulation de nos aliments, les contributions volontaires obligatoires, ainsi que les actuels 300 types de subventions, pour les remplacer par une allocation unique – la même pour tous et réservée aux seuls vrais paysans – gagnera leur reconnaissance, repeuplera nos campagnes, nous économisera chaque année au moins 33 milliards de subventions et 100 milliards de surprix, ce qui augmentera considérablement notre niveau de vie et permettra de commencer enfin à nous désendetter.

ATTENTION À LA DETTE

N’oublions pas que nous continuons chaque année, depuis 1974, à augmenter notre dette publique qui dépasse désormais notre PIB. Depuis 2014, nous avons dépassé le Danemark pour devenir le numéro 1 mondial de la dépense publique, si l’on excepte la Corée du Nord et Cuba ! Nous n’avons pas d’autre choix que de faire des économies.

  1. pouvons le faire d’une manière simple et égalitaire, en sauvant nos paysans tout en augmentant le niveau de vie de tous. Osons ! Nous repeuplerons nos campagne et serons tous plus riches. Notre environnement en profitera aussi, et nous sauverons nos abeilles.

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2 mai 2017 2 02 /05 /mai /2017 22:28
Au delà du 2e tour de la présidentielle dimanche, un 3e et même un 4e tour attendent le gagnant de l’élection.

 

Nous n’aurons pas à subir une finale Le Pen/Mélenchon et les marchés financiers ont d’ailleurs anticipé une victoire finale d’Emmanuel Macron en enregistrant une progression sensible (+4% le lendemain du 1er tour) ; à la grande colère de Jean-Luc Mélenchon toutefois qui espérait bien arriver au deuxième tour et être élu Président face à Marine Le Pen.

La droite a perdu l’élection imperdable et François Fillon a finalement été éliminé de peu car il ne lui a manqué que 500 000 voix pour arriver en deuxième position. Mais on sait qu’il a perdu d’une part en raison des affaires qui ont empoisonné sa campagne et d’autre part parce qu’il avait un programme trop réformiste au goût de l’électorat.

UNE NOUVELLE DIVISION POLITIQUE DE LA FRANCE ?

Le duel final qui s’est engagé, outre la bataille des egos et la guerre de la communication, consacre une nouvelle division de la France et on ne peut pas faire plus antagonistes qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Ce sont deux visions du monde qui s’opposent : l’une est européenne et mondialisée, l’autre exclusivement française.

Certains voient une parcellisation de la société en quatre, d’autres un nouveau partage entre droite (FN et LR) et gauche (EM et FDG renommé « Insoumis »). J’y verrai pour ma part une scission entre les étatistes collectivistes (FN et FDG) et les étatistes modérés (EM et LR) ; les uns étant profondément anti-européens et les autres étant franchement ou modérément européens, à ceci près que, comme par hasard, les étatistes collectivistes sont aussi des populistes.

Et la lutte promet d’être âpre car, à une époque où tous les faits et gestes des candidats sont immédiatement diffusés sur les médias et les réseaux sociaux, il est une règle intangible : ne jamais sous-estimer l’adversaire et, qu’on aime ou pas Marine Le Pen, il faut lui reconnaître une volonté de réussir et de se battre pour ses (mauvaises) idées. Elle ne fera aucun cadeau à Emmanuel Macron et elle ne laissera passer aucune occasion de le déstabiliser ou de le décrédibiliser !

Et celui-ci devrait d’autant plus s’en méfier que nous assistons, les réflexes politiques étant ce qu’ils sont, au retour des petits calculs politiciens. En effet, clairement, une partie de la droite joue le troisième tour après avoir pris acte, dès avant le premier, du fait que François Fillon ne pouvait pas gagner.

Ainsi, compte non tenu du cas de M. Dupont-Aignan dont on peut se demander quel bénéfice électoral il escompte retirer de son alliance avec le FN, son espoir d’arriver au pouvoir par cette voie s’apparentant plutôt à un suicide politique, on sait qu’une partie des oligarques de la droite préfère la solution Le Pen à la solution Macron pour une raison de calcul électoral pour le moins audacieuse – pour ne pas dire hasardeuse.

Même si les leaders de la droite ont appelé à voter Macron, certains estiment qu’il est nécessaire de gonfler le score de Marine le Pen pour affaiblir Emmanuel Macron et une autre partie pense que si les Français élisent Marine le Pen, ils se jetteront ensuite par sursaut républicain dans les bras de la droite républicaine majoritaire dans le pays (pensent-ils) ; avec l’espoir de pouvoir finalement contourner le mécanisme de l’élection présidentielle et diriger le pays dans le cadre d’une cohabitation dure.

Nous assistons donc à une lutte pour le pouvoir à plusieurs degrés d’une part pour la présidence de la République et d’autre part au niveau des législatives ; compte non tenu d’un probable quatrième tour social.

LE DEUXIÈME TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE

Le match risque d’être très serré car Mme Le Pen ne lâchera rien et nous assistons à la confrontation de deux visions diamétralement opposées du monde : une France ouverte et une France repliée sur elle-même !

Car Marine Le Pen est la candidate du repli identitaire et de la régression économique et on sait qu’elle n’hésitera pas à utiliser pour cela les plus grosses ficelles de la démagogie populiste ; et ça marche.

Sa visite à l’usine Whirlpool en est un excellent exemple car, avec elle, aucun problème, les emplois seront sauvegardés et l’entreprise restera sur place car « quand l’État veut il peut » (sic)… ce qui est rien moins que douteux, dans la même veine de ce qu’elle a proféré lorsqu’elle a affirmé qu’avec elle il n’y aurait jamais eu d’attentats. Les promesses n’engagent que ceux à qui elles sont faites.

Une victoire « à l’arraché » de Marine Le Pen est encore possible notamment parce qu’une partie de la droite ne votera pas Macron et parce que ce dernier représente tout ce que rejette une bonne partie des Français : le bourgeois banquier, bobo friqué, européiste, mondialisé, jeune, le politicien velléitaire immature et égocentrique, la haute fonction publique, l’énarchie déconnectée des réalités. C’en est presque une caricature.

Or, Marine Le Pen agite habilement le spectre fatal du libéralisme et de la mondialisation en jouant sur les peurs, les sentiments de rejet, de frustration de l’électorat.

Seulement, contester la mondialisation apparaît à la fois irréaliste et totalement improductif car elle est un fait et non une idéologie, et la question n’est pas d’être pour ou contre ou si elle ruine ou enrichit le peuple : elle existe et soit on s’y adapte soit on la rejette mais, dans ce cas, elle se fera sans nous !

On sait aussi que Marine Le Pen recrute son électorat dans les classes populaires aux revenus modestes et plus les revenus sont modestes plus son score est élevé.

Marine Le Pen (tout comme Jean-Luc Mélenchon d’ailleurs) exploite essentiellement l’insatisfaction populaire et espère bien qu’une bonne part des électeurs insoumis de Jean-Luc Mélenchon votera pour elle ; même si la colère ne fait pas un programme de gouvernement.

Le FN drague ouvertement les électeurs du mouvement insoumis en pointant, non sans raison d’ailleurs, les points de convergence entre les programmes des deux partis ou mouvements ; et Marine Le Pen le fait en appelant, dans une formule pour le moins osée, à faire barrage au banquier Macron comme si celui-ci représentait un risque pour la France.

Le plus curieux est que Marine le Pen pousse le cynisme jusqu’à faire la synthèse entre les thèses classiques du FN (immigration, sécurité) et les thèses propres au PC et au FDG en stigmatisant le représentant de l’oligarchie, le grand capital, les banques, l’élite, la mondialisation. Elle réinvente la lutte des classes à sa manière ; et cela n’étonne personne.

On peut relever aussi son discours à la fois simpliste et manichéiste lorsqu’elle se prétend le défenseur des Français patriotes… laissant de ce fait entendre que les autres ne le sont pas et sont nécessairement des traîtres à la nation. Là encore on retombe dans la dialectique marxiste.

Marine Le Pen a tout fait pour dédiaboliser le FN, en utilisant pour cela toutes les plus grosses ficelles (suppression du sigle FN, du nom Le Pen pour ne retenir qu’un prénom Marine, des affiches avec une rose bleue au lieu de la flamme…).

Par ailleurs, on ne répétera jamais assez que Mme Le Pen, qui a vécu dans l’hôtel particulier de son père à St-Cloud, n’est en aucun cas une représentante ni a fortiori un membre du peuple : c’est la digne représentante des élites françaises qui prospèrent sur la crédulité populaire !

LE TROISIÈME TOUR : LES LÉGISLATIVES

Nous aurons deux issues : soit Emmanuel Macron bénéficiera d’une majorité et il pourra gouverner soit, et c’est l’option que je retiens, il n’aura aucune majorité et sera dès lors le premier président à devoir subir une cohabitation dès sa prise de fonctions !

Cette dernière est clairement l’option poursuivie par LR, frustré d’avoir perdu l’élection imperdable mais c’est aussi celle de Jean-Luc Mélenchon qui semble revenir à ses réflexes trotskystes de déstabilisation du système politique afin, in fine, de prendre le pouvoir !

Il est donc à craindre que nous ayons droit à un immobilisme par incapacité car M. Macron aura contre lui le FN, le FDG, la droite républicaine… ce qui commence à faire du monde !

On peut même penser, et c’est aussi l’option que je privilégie, qu’aucun parti n’aura de majorité à l’Assemblée Nationale et que l’on va donc retomber dans les opérations politiciennes de la IVe République avec ses coalitions occasionnelles, temporaires et opportunistes en fonction du problème posé ; étant entendu qu’on ne peut pas non plus exclure un blocage complet des institutions par défaut de majorité quel que soit le problème posé !

Nous risquons donc cinq ans d’immobilisme, sauf démission du président ; ce qui va prodigieusement agacer les Français et les ramener à cette nouvelle théorie du « dégagisme » !

L’effet prévisible est que nous continuerons à glisser sur la pente fatale du défaut financier du fait de notre incapacité à résoudre nos problèmes d’adaptation à l’évolution du monde car, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la montée du FN mais aussi du mouvement insoumis se poursuivra… avec de fortes probabilités que le prochain coup soit le bon !

Macron profite de sa jeunesse pour incarner un renouvellement… qu’il n’est pas vraiment, hormis sa propre personne ! Il est davantage l’émanation d’un rejet et d’un dégoût pour une classe politique complètement dévaluée.

Ni de droite ni de gauche (mais de gauche quand même), il faut tout de même espérer qu’il entreprendra les réformes que ni la droite ni la gauche n’ont su faire depuis 30 ans !

Macron présente deux qualités à mes yeux : il est animé d’une volonté empreinte de positivisme et il est pro-Européen. Mais je crains qu’il ne soit vite récupéré, voire phagocyté, par les vieux éléphants et dinosaures politiques car les dérives politiciennes, surtout s’il n’a pas de majorité, reprendront avec vigueur dès que les élections seront passées.

On fera, sans aucun doute, de longues analyses quant à la nature et la composition de l’électorat ayant voté pour lui, mais je partage l’idée qu’il s’agit surtout d’un vote par défaut car on sait qu’il s’agit d’un agglomérat d’électeurs socialistes fatigués du hollandisme et du socialisme marxiste, de centristes et d’électeurs de droite révulsés par les révélations quant à la personnalité cupide et insincère de François Fillon !

LE QUATRIÈME TOUR SOCIAL

La mondialisation est mal perçue par une proportion importante de la population et le problème est que cette proportion ne fait qu’augmenter. Ce qui n’augure rien de bon pour la suite !

On a du mal à connaître la composition sociologique de l’électorat des mouvements anti-Européens mais il est évident que d’une part ces électeurs n’ont aucune idée du contenu des programmes hormis l’assurance que les droits acquis ne seront pas remis en cause ; et que d’autre part, notamment lorsqu’il s’agit de fonctionnaires, ils ne sont absolument pas confrontés au risque de la mondialisation.

Il va falloir à Emmanuel Macron beaucoup de pédagogie pour faire passer la pilule des réformes sociales, sachant que les problèmes structurels ne sont pas prêts d’être réglés, et il aura fort à faire entre les calculs politiciens de droite et de gauche et les difficultés d’une France en très mauvaise situation économique !

Et il ne faudra pas compter sur la collaboration ou même la simple passivité des syndicats, surtout la CGT ou FO dont le fonds de commerce est la lutte de classes. Il est à craindre un quatrième tour social particulièrement violent car il ne sera pas bien difficile de manipuler l’opinion à propos de la volonté de remettre en cause certains avantages acquis, Emmanuel Macron ayant prévu de légiférer de manière plus ou moins autoritaire par le biais des ordonnances !

Les extrémismes de droite et de gauche sont les enfants du chômage et si le nouveau pouvoir n’arrive pas à résoudre ce problème du chômage de masse, l’extrémisme continuera à progresser jusqu’à l’issue fatale ! Je nourris les plus graves inquiétudes quant au prochain scrutin : Le Pen 2022 ?

Et les investisseurs étrangers intègreront ce paramètre social en assimilant la France à un pays à risques, irréformable, avec les conséquences que l’on peut imaginer sur l’emploi et sur les taux d’intérêts ; avec l’effet pervers de peser sur une croissance déjà asthmatique et des conséquences que l’on peut aisément imaginer.

Je fais crédit à Emmanuel Macron de son désir de réformes mais j’ai quelques doutes et j’ai bien peur que nous ne soyons, à brève échéance, conduits à constater que la politique de Macron ne sera finalement que la (mauvaise) politique de Hollande par d’autres moyens !

Je n’ai pas voté pour Emmanuel Macron mais je souhaite néanmoins sincèrement qu’il réussisse là où tous nos politiciens ont échoué ! Toutefois, dans son programme je n’ai pas vu de mesures de nature à remettre en cause le schéma suicidaire d’une France qui claque à tout va l’argent qu’elle n’a pas et j’imagine assez mal qu’il va pouvoir, à lui tout seul, inverser le mouvement. Il ne faut pas oublier que la France ne respecte pas ses engagements européens depuis 10 ans au moins. La France est championne de la dette, championne des prélèvements obligatoires, championne de la dépense publique… La tâche à accomplir est immense !

Le FN exploite le chômage de masse persistant, le mal de vivre de la partie de la population la plus défavorisée et tant que nous n’aurons pas résolu ces problèmes, il continuera à progresser dans l’électorat ; tout comme le FDG. Il ne faudrait pas que nous continuions à agiter des idées stériles qui, certes, ont pu à une certaine époque fasciner le monde mais qui ne l’enchante plus guère désormais en raison de leur inanité !

La France a été un exemple dans le monde mais j’ai bien peur qu’elle ne devienne un exemple de ce qu’il ne faut pas faire !

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2 mai 2017 2 02 /05 /mai /2017 19:49

 

Aussi bien les élections municipales, départementales et régionales  ont démontré que le vote « Front  National » n’est plus un vote de refus ambigu, diaboliquement capté par « Le Pen », mais un vote d’adhésion à la  vision et au programme porté par ce parti dont la mise en œuvre, pourtant, conduirait notre pays dans une  spirale infernale de décomposition économique, sociale et culturelle de la Nation française.

 

Anatomie d'un succès

 

Un environnement favorable

Alors que la crise économique s'est durablement installée, entrainant la crise du modèle social français de plus  en plus perçu comme injuste, que la crise urbaine et l’échec des politiques d’intégration se muent en crise identitaire sur fond d’islamophobie, les partis de gouvernement (qualifiés de « système UMPS »)

Apparaissent  frappés d'impuissance, incapables de proposer une voie de sortie. Cette situation crédibilise l'idée que le FN est « l’autre solution, celle que l’on n’a

pas encore essayé». Bien évidemment, pour arriver à ce résultat, Marine 

Le Pen ne donne pas de solutions mais désigne le coupable : le « mondialisme » qui est une « vaste  entreprise de destruction de notre Nation, de son économie, de son identité ».

 

Une manipulation du langage

Celle-ci se caractérise par une substitution des termes trop agressifs par d’autres expressions. C’est ainsi que  la « priorité nationale » se substitue à la «préférence nationale » ou que le « communautarisme » se substitue à « immigrés » ou «Français de l’immigration ». Elle se caractérise aussi par le détournement des mots qui appartiennent au socle du patrimoine des partis républicains : égalité, mérite, patriotisme, laïcité, démocratie  etc.

Ainsi, le « patriotisme social » devient la légitimation du fameux « La France  aux Français » de  Le Pen. De même, la laïcité n’est plus la revendication d’un droit à la différence mais la barrière érigée  contre  l’invasion musulmane.

 

Un brouillage des repères

Affirmant que tous les désordres de la société (insécurité, chômage, perte de pouvoir d’achat, crise financière, immigration etc.) sont, d’une manière où d’une autre, liés à la mondialistion, le Front national substitue à  l’opposition « Gauche

Droite » celui des« mondialistes » contre les « nationalistes ». En conséquence, la  logique du  programme  FN  doit  être  un  nationalisme  total,  économique,  ethnique,  social,  culturel  et  même  religieux s’opposant  au  mondialisme  ;  le  combat  politique  dès  lors  se  réduirait  à  l’affrontement  entre  le  FN  et

« l’UMPS ».

 

Un projet rassurant

Comportant plusieurs centaines de propositions ou de mesures, le « Programme Politique du Front National » s'appuie sur un populisme « ramasse tout » qui masque, en raison de leur dispersion les marqueurs appartenant  au patrimoine culturel du FN mais qui sont là pour rassurer ses militants. A titre d’exemple: «

l’application ferme sur  tout  le  territoire  de  la  loi  de  1905  de  défense  de  la  laïcité» côtoie la « mise en place d’un Ministère  de

l’intérieur,  de  l’immigration  et  de  la  laïcité  »  puis  «  l’assimilation  (et  non  l’intégration  !)  via  l’école  notamment doit redevenir la règle et le communautarisme banni » ; le « recrutement des agents publics par  voie

de concours anonymes » est complété par « l’ENA veillera à recruter des hauts fonctionnaires patriotes » ;  ou encore « assurer l’application des peines de prison en supprimant les remises automatiques de peine »est complété par le « rétablissement de la peine de mort » dans le chapitre « Sécurité ». Toutefois, immigration  zéro, préférence nationale , sortie de l’Euro et de l’Europe sont à l’évidence les trois piliers du projet frontiste ceux sur qui peut reposer tous les discours, tous les mythes, toutes les mesures phares.

 

Méthodologie d'une riposte

 

Décrypter le programme

Le décryptage du programme politique du FN reste un exercice nécessaire. Il s'agit par exemple de démontrer l’incohérence et les dangers des mesures économiques proposées alors même que le parti se cherche une crédibilité sur ce sujet. Il faut donc répondre point par point et dénoncer les dangers mortifères pour  l’économie française  de  ses  propositions.  Faire  une  telle  démonstration  n'est  pas  le  plus  difficile  à  condition  de  ne  pas  la négliger

 

Défendre nos valeurs

La tâche urgente et incontournable, par contre, est de réinvestir le champ des valeurs républicaines à  commencer par celles qui en sont le socle, à redonner aux mots qui les désignent toute la clarté et le rayonnement qu’ils ont perdus    ces    dernières années.  Ainsi,  il  ne  faut  pas  laisser  le  FN  s’approprier  le  mot « patriotisme » défini par Romain Gary comme « l’amour des siens alors que le nationalisme c’est la haine des  autres ! ». Cela nécessite également d'arrêter de brouiller le message avec les discours sur le patriotisme industriel et  les  slogans  tels  que  «  achetons  français  !  »  qui  renforcent  le  camp nationaliste.  Le  patriotisme  doit    être réconcilié avec le projet européen, notre plus belle utopie, qui reste indissociable du projet républicain que l’on porte. Le même raisonnement s'applique pour le mot « laïcité » que le FN utilise pour mettre des barrières  à ce qu’il appelle l’invasion musulmane, destructrice de l’identité chrétienne de « la France, une et indivisible». Il faut sans cesse rappeler que c’est la laïcité comprise comme le respect et l’ouverture aux autres qui construit et protège le vivre ensemble et la fraternité. Affirmons que la République est une et indivisible mais que la France est plurielle ! Quant au déni de démocratie dont le FN est la victime avec seulement deux  Députés il oblige les partis  républicains  à  poser  la  question  de  l'introduction  de  la  proportionnelle  et  à  ouvrir  le  débat  sur  la Constitution de  la V éme République. Plus globalement, pour gagner  la  bataille des  idées  il  faut être force de proposition,   certes,   mais,   dans   le   même   temps,   il   ne   faut   rien   laisser   passer   et   rappeler   tous   les « dérapages » qui sont le produit direct de la culture FN.

 

Proposer une nouvelle vision

La dénonciation des dangers portés par le programme du FN et la bataille sur le champ des idées républicaines sont nécessaires mais insuffisantes. Pour gagner la guerre, il faut opposer  une  autre  vision  du  monde  à  la  dramaturgie mise en scène par le FN où la mondialisation des échanges est la machine infernale responsable  de tous nos maux. Il est surtout impératif de proposer un autre rêve que le nationalisme aux relents xénophobes et racistes. L'exercice n'est pas simple tant le « chant des Sirènes » qui fait appel à la résistance, à la mémoire  de la vraie France et à la mobilisation pour la renaissance nationale  est agréable à entendre, particulièrement  par les jeunes ! Et ce, alors que plus aucun homme ou femme politique du camp républicain ne produit le moindre rêve, ni le moindre enthousiasme. Notre seule alternative est proposer une vision et un projet qui se  fondent sur le renforcement de la puissance politique, économique, monétaire, financière, militaire, culturelle  de l’Europe, seule perspective à l’échelle des grands défis de la mondialisation des échanges

 

Le Parti  Radical,  humaniste  et  européen,  exigeant  sur  la  défense  de  la  République  et  de  ses  valeurs  fondatrices d’égalité, de démocratie, de laïcité et de patriotisme se voit donc aujourd’hui une nouvelle responsabilité historique, celle de construire la Force face au front

 

 

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8 avril 2017 6 08 /04 /avril /2017 17:04
Contrairement aux affirmations des candidats à l’élection présidentielle, l’alignement des travailleurs détachés sur les conditions sociales françaises n’empêchera pas le travail détaché.

 

 

La dernière grosse blague à la mode est d’affirmer (le débat télévisé de mardi l’a montré à nouveau) qu’il faut supprimer le système du travail détaché qui permet, depuis 1996, de faire travailler des travailleurs polonais en France, pour une durée limitée, avec un salaire français mais des cotisations sociales polonaises (on me pardonnera ce raccourci in concreto du sujet).

On a tous bien compris les arguments : il faut protéger les salariés français (qui rêvent tous, c’est bien connu, de faire le boulot qu’on confie aux Polonais) contre cette invasion dangereuse fondée sur un dumping social.

Présenté de cette façon, le débat est comprimé dans une seringue du même ordre que l’ubérisation et ses méfaits : alors vous avez le choix entre une société qui protège, qui prévoit, qui équilibre, qui partage, et, de l’autre côté, un repaire de vautours profiteurs qui mettent en danger des siècles d’acquis, de construction collective, de bien-être. Que préférez-vous ? Que les coupables lèvent le doigt.

SUPPRIMER LE TRAVAIL DÉTACHÉ, UNE BOMBE À RETARDEMENT

Maintenant, si on retourne le problème, chacun va comprendre les petits mensonges par omission véhiculés par les candidats qui s’empressent de réclamer la fin du travail détaché (et les raisons pour lesquelles il faut par avance ranger cette annonce de campagne dans les volumineuses archives des promesses non tenues).

Je ne relèverai même pas, ici, qu’aucun président de la République n’a le pouvoir de s’opposer à l’application d’une directive européenne sur son sol sans remettre en cause l’État de droit.

La seule véritable option qui existe est d’annoncer une renégociation de la directive, ce qui prendra le temps que ça doit prendre, sauf à expliquer aux Français que nous programmons un Frexit.

Mais supposons… imaginons que, dans un délai miraculeux, le candidat qui triomphe en mai 2017 obtienne tout de suite une remise en cause de la directive. Le voilà donc en train d’expliquer à ses partenaires européens qu’un travailleur d’un État-membre doit être soumis aux cotisations sociales de l’État qui l’accueille pour une mission de courte durée.

Cela signifie quoi ? qu’il va ouvrir des droits sociaux dans cet État d’accueil ? qu’il va devenir l’un des allocataires de son système de sécurité sociale ? qu’il perd temporairement ses droits sociaux dans son pays d’origine ?

Oui, bien sûr, supprimer le travail détaché au sens où les candidats à la présidentielle l’entendent signifie effectivement rattacher le travailleur en question au système de protection sociale du pays d’accueil. De cette façon, on harmonise les cotisations sociales et on évite le dumping.

L’EFFET CACHÉ SUR LES COMPTES SOCIAUX

On poursuit le raisonnement. Donc, un maçon polonais ou slovène ou bulgare, lorsqu’il vient sur un chantier en France, va consommer de la protection sociale en France. Il aura droit à nos remboursements maladie très généreux, à nos hôpitaux dont les personnels passent leur temps à pleurnicher sur le manque de moyens (en oubliant toujours de parler de leurs jours de congé pléthoriques) mais qui font rêver n’importe quel ouvrier d’Europe de l’Est.

Et comme la bêtise de la lutte contre le travail détaché sera poussée jusqu’au bout, il aura même droit au régime invalidité de sa convention collective en France.

Bref, pour le dire de façon cynique, ceux qui pensent que les cotisations sociales non payées par les travailleurs détachés en France sont une charge sans contrepartie ne tarderont pas à faire la triste expérience de leur incompétence, puisqu’ils sont en train de promouvoir l’ouverture de notre système de protection sociale au mauvais risque.

Qui sont en effet les travailleurs détachés ? Ceux qui, chassés par la misère de leur propre pays, acceptent des emplois ingrats, pénibles, épuisants, et mal payés en France. Et brutalement, on va leur dire : finalement, vous aurez les mêmes droits que les travailleurs français quand vous viendrez travailler chez nous, même pour six mois ou un an.

Ah ! ah ! mais c’est sûr que le gars, il fera tout pour ne pas retourner se faire soigner les yeux ou les dents en Pologne, en Bulgarie ou en Grèce. Il va en profiter pour récupérer la totale aux frais des cotisants français. Et pour un euro de cotisation versée par le travailleur détaché, on aura droit à deux euros de dépense de notre Chère Sécurité Sociale  déjà exsangue du fait de sa mauvaise gestion.

UN PETIT OUBLI SUR LES « ALLÈGEMENTS DE CHARGES »

On s’amuse par avance de cette pelote que nous déroulons sans hâte. L’histoire du dumping sur les emplois à faible qualification (ceux très majoritairement concernés par le travail détaché) est en effet une sorte de serpent de mer en France.

Quand j’étais à l’ENA (il y a quinze ans), je suivais des cours où l’on nous présentait des tableaux très bien faits sur le coût d’un pêcheur à Saint-Pierre-et-Miquelon (sous Sécurité sociale française) et sur le coût de son homologue Nord-américain. On comprenait tout de suite pourquoi l’activité de pêche à Saint-Pierre n’avait aucune chance de se développer.

C’est pour cette raison qu’on a inventé les allègements de charges sous 1,6 SMIC. Mes petits camarades de l’ENA me soutiennent encore aujourd’hui mordicus que le manque de compétitivité français, dû au coin « socio-fiscal », ne porte que sur les bas salaires.

Continuons sur le travail détaché : donc, l’alignement des travailleurs détachés sur les cotisations sociales françaises, sachant qu’il concernera des emplois majoritairement rémunérés au SMIC… ne rapportera rien à la Sécurité sociale. Mais il causera des dépenses, et des compensations de droit financées par l’impôt. Et voilà comment une mesure destinée à protéger les salariés français sera en réalité financées par les contribuables français.

Redisons-le, les milliards « d’allègements de charges » concédés aux entreprises sont compensés par l’État, c’est-à-dire par le contribuable, et essentiellement par des taxes sur les salaires. Donc, ce sont les employeurs de France qui paieront les cotisations des travailleurs détachés, officiellement alignés sur les cotisations françaises.

LES VRAIES RAISONS DU TRAVAIL DÉTACHÉ

Supposons que tout ceci advienne. Le travail détaché disparaitra-t-il pour autant ? Ce sera le moment de vérité. Entre un maçon français et un maçon polonais, à coût égal, qui l’employeur français choisira-t-il ?

Tous les employeurs connaissent déjà la réponse. Le maçon polonais qui, sachant qu’il a droit à la Sécurité sociale française en travaillant en France, se précipitera pour venir, avec sa motivation, son ardeur à la tâche, son envie de faire. C’est le grand tabou français.

Mais ceux qui recrutent sont bien placés pour savoir que la « protection » dont les salariés français bénéficient du fait des innombrables inventions légales, réglementaires, conventionnelles, les disqualifie dès lors qu’ils sont mis en concurrence avec des salariés étrangers non contaminés par cet état d’esprit délétère.

Mais, laissons les syndicalistes français nourris à la langue de bois tirer ce constat par eux-mêmes : l’alignement des travailleurs détachés sur les conditions sociales françaises n’empêchera pas le travail détaché.

Bien au contraire. Et il faudra avoir l’honnêteté de s’interroger sur l’employabilité de nos ressortissants baignés dans une atmosphère de « luttes », d’acquis sociaux et de protection toujours plus importante.

COMMENT LA FRANCE PRÉPARE SON PROPRE SUICIDE

Reste à expliquer comment se passera la renégociation de la directive sur le travail détaché. Outre les contreparties que tous les pays qui font une utilisation intelligente de cette directive (comme l’Allemagne, qui fait baisser les coûts de ses filières les plus concurrentielles, notamment agro-alimentaires, de cette façon) demanderont, certains se frotteront les mains. Ils feront écrire noir sur blanc au nouveau Président français qu’un salarié français détaché en Pologne ou en Bulgarie relève désormais de la Sécurité sociale polonaise ou bulgare.

Quelle chance pour les employeurs français qui veulent délocaliser. Ils pourront désormais négocier les opérations de détachement à bas prix, sur le mode du : « où tu vas faire ce job en Bulgarie pendant six mois, pour un salaire bulgare, protection sociale comprise, ou tu pars ».

On s’en délecte par avance.

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20 mars 2017 1 20 /03 /mars /2017 15:10
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Propositions d’Emmanuel Macron sur son site de campagne

Entreprise-Commerce-Artisanat

  • baisse de l’impôt des sociétés de 33,3% à 25%
  • suppression du RSI
  • remplacement du CICE par une baisse des cotisations patronales de 6 à 10 points
  • « Emplois francs » : embauche issue des quartiers prioritaires – CDI de 15.000 euros/an pendant 3 ans et CCD de 5.000 euros/an pendant 2 ans
  • assurance chômage universelle (artisans, commerçants, etc.)

Salariés

  • exonération des cotisations sociales des heures supplémentaires
  • baisse des cotisations salariales (?)
  • smicards bénéficiaires de la prime d’activité : prime + 100 euros par mois
  • un jour de délai de carence pour le secteur public

Ménages

  • exonération de la taxe d’habitation pour 80% des ménages

Pour l’ensemble

  • impôt sur la Fortune immobilière au lieu de l’ISF
  • prélèvement unique sur les revenus du capital de 30%
  • augmentation de la CSG de 1,7 point sauf pour petites retraites, bénéficiaires d’exonération, allocations chômage (constitutionnalité à déterminer )
  • convergence fiscale diesel/essence +12 milliards de recettes prévues
  • âge légal de la retraite à 62 ans + système universel régime des retraites (modèle Suédois)

Divers

  • maintien des 35 heures mais négociation d’entreprise ou à défaut par branches professionnelles
  • réforme du Code du travail avec maintien du socle de droits et de règles + priorité aux accords d’entreprise ou à défaut des branches professionnelles
  • gestion allocation chômage par l’État
  • non renouvellement de 120.000 postes dont 70.000 fonction territoriale, sur les 500.000 départs à la retraite prévus sur 5 ans

Le programme de François Fillon jusqu’au 10 mars et celui d’Emmanuel Macron sont tous deux des variantes du système social-démocrate, mais le premier est une continuité du système existant avec des calculs comptables à la louche et le second tente de le moderniser et de créer un équilibre entre liberté et sécurité.

Toutefois, dans ce duel opposant deux systèmes sociaux-démocrates, le programme économique de François Fillon ne répondait à l’exaspération ambiante que par la rhétorique, en ciblant les fonctionnaires, sans pour autant remettre en cause leur statut, et en fustigeant les contraintes existantes avec des « arrêtons d’emmerder les Français ! ». Il ne fournissait pas les solutions nécessaires avec une véritable réorganisation des fonctions de l’État, ni même des mesures audacieuses pour les ménages et les entreprises.

Mais peut-être le retrait de son projet initial de son site de campagne augure-t-il quelques modifications substantielles ? Emmanuel Macron lui servirait-il de muse pour affiner son projet ? Auquel cas, l’insistance de François Fillon et des siens à réclamer le programme d’Emmanuel Macron révélerait leur intention d’y puiser l’inspiration dont ils étaient dépourvus.

Quoi qu’il en soit, François Fillon aurait fait preuve de courage, si son programme économique avait été plus clair et en phase avec une privatisation des domaines non régalien jusqu’à présent réservés à l’État (sécurité sociale, système des retraites, éducation et formation, etc.).

Là, il n’était que le candidat d’une social-démocratie à la Sarkozy, sans l’impétuosité de ce dernier. Il voulait privatiser une partie de la Sécurité sociale et ensuite il s’est rétracté. Il voulait réduire de moitié le « millefeuille territorial » « en ramenant le nombre d’échelons de collectivité territoriale de 4 à 2 » et il s’est rétracté, une fois de plus, dans son « grand oral » face à l’Assemblée des départements de France en affirmant :

Je suis convaincu que les exigences de simplification et contraintes financières qui pèsent sur notre pays nous conduirons inéluctablement à cette réorganisation. Peut-on la conduire aujourd’hui dans le contexte que je viens d’évoquer avec les nouvelles régions, avec l’exaspération des élus devant l’instabilité institutionnelle et financière qui fragilise toutes les politiques de long terme ? Ma réponse est non. D’autant que je fais le choix dans mon projet d’un choc de compétitivité qui mobilisera sans doute toutes les énergies au début du quinquennat. Je propose donc de changer de logique, de ne plus imposer des réformes venus d’en haut, mais de permettre aux territoires de s’organiser librement dans un cadre général.

LE PROJET DE SOCIÉTÉ DE FRANÇOIS FILLON

Non seulement le programme de François Fillon jusqu’au 10 mars ne parvenait pas à « casser la baraque » au niveau économique, mais de plus il renforçait l’omnipotence de l’État, y compris dans le contrôle de certaines libertés individuelles par un sacerdoce républicain exacerbé.

La République n’était plus un régime, une organisation du pouvoir. Elle devenait une doctrine morale de la citoyenneté. Le port du tablier à l’école, le retrait des allocations familiales aux parents dont les enfants commettent des manquements répétés, la période temporaire de contrôle par l’État du culte musulman, afin qu’il soit compatible avec les règles de la République, la suppression de l’enseignement des langues et des cultures d’origine, la responsabilité pénale à partir de 16 ans, puis pour les entreprises « un cadre légal qui leur permettra d’imposer un code de laïcité », étaient autant de mesures visant à établir un culte républicain.

Mais ce projet était en concurrence directe avec celui de Marine Le Pen qui va bien au-delà. Quant au domaine exclusivement régalien, Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont bien plus explicites, voire parfois plus complets, que ne l’a été François Fillon.

Croyant récupérer des électeurs de Marine Le Pen, François Fillon a endossé le rôle de prêcheur du culte républicain, a sacralisé l’identité nationale, a entretenu un ostracisme de salon, a désiré imposer sa vision conservatrice de la société, et s’est victimisé tout en plagiant outrancièrement des formules populistes. Il a fini par devenir le ventriloque de Marine Le Pen auprès des sympathisants et militants LR. Il ne manquait plus que les crèches en mairie et le père Noël à l’église pour sanctifier le culte républicain.

À tant marteler qu’il faut « casser la baraque », François Fillon a oublié de ciseler son projet afin de proposer un nouveau modèle. Il a refusé le libéralisme. Il s’est contenté d’exploiter son expérience de tacticien de la politique, des éléments de langage acquis durant ses 36 années dans les couloirs du pouvoir, dont 5 années comme chef de gouvernement sous la présidence de Sarkozy. Ses années d’expérience ont déjà donné la preuve de leur efficience : le retour du parti socialiste au pouvoir.

Formaté à la dichotomie droite/gauche et aux calculs électoraux, il s’est évertué à séduire des électeurs de Marine Le Pen, tout en épargnant celle-ci sur la teneur de son système socialiste et nationaliste, puis à décrédibiliser Emmanuel Macron en le reléguant à gauche, voire au « hollandisme », ou en formulant des propos dénigrants à son égard après avoir déclaré en février : « Si Emmanuel Macron veut venir dans mon gouvernement, je ne suis pas contre. »

Cela étant, de nombreux électeurs peuvent adhérer à la conclusion de François Fillon : « Arrêtons d’emmerder les Français. » Il aura tout au moins réussi à contenir les voix discordantes de son parti et de l’UDI, puis à les rassembler par des investitures.

Par ailleurs, à six semaines des élections, il n’hésite pas à tout effacer de son site de campagne pour présenter un programme présidentiel, comme si le projet Fillon n’en était plus un. Il renouvelle sa campagne avec d’un côté les « sarkozistes » en garde rapprochée et de l’autre il « juppéisera » très certainement son programme économique en contrepartie d’une annonce sur Twitter d’Alain Juppé : « J’envoie ce matin mon parrainage à F. Fillon. » D’un côté, François Fillon se « lepenise » davantage et de l’autre il se « macronisera ».

En cas de second tour, à l’instar de Sarkozy avec la taxe sur les transactions financières, il pourrait tout autant s’inspirer de Mélenchon et de sa proposition sur les œuvres tombées dans le domaine public et publiées par des maisons d’édition pour financer les auteurs. Et, là il toucherait le fond de la vacuité politicienne en révélant son incapacité à forger par lui-même un véritable programme. Le plagiat n’est vraiment pas un signe de courage politique.

À force de caviarder les propositions fortes de son programme à des fins électoralistes, il ne restera plus qu’un prospectus politicien qui pourrait se résumer à : « Vous voulez l’alternance ? Alors, votez François Fillon, car il est de droite. » (QUE de DROITE pas du CENTRE)  pour accéder au pouvoir suprême ne peut en aucun cas « casser la baraque ». De toute évidence, en stratégie politique, Emmanuel Macron fait office de visionnaire face à lui. Il se présente comme candidat du progressisme anticipant de ce fait un François Fillon apparemment disposé à calquer sur lui et à accentuer le conservatisme et quelques axes réactionnaires pour emboîter le pas à Marine Le Pen. François Fillon mise sur des méthodes d’apparatchik pour gagner les élections. Un énième enfumage. Un énième enterrement du libéralisme.

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