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  • : Le blog de Jean-Loup
  • : Engagé, depuis plusieurs décennies dans une démarche visant à lutter contre tous les processus d'exclusion, de discrimination et de ségrégation socio-urbaine, je suis persuadé que si nous voulons « construire » une société reposant sur un véritable Vivre Ensemble. Il nous faut savoir, donner du sens au sens, prendre le temps de la concertation et faire des propositions en adéquation avec les besoins de nos concitoyens.
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30 avril 2016 6 30 /04 /avril /2016 12:55

Le recul de l'espoir communiste porté dans le « Tiers monde » de jadis par la force de l'Union soviétique, a laissé la place à des espérances religieuses, dans un monde bien plus difficile à comprendre pour les populations les moins formées de la planète, que l'affrontement Est-Ouest d'autrefois.

Deux riches états alliés, ont préparé de longue date ces idéologies d'affrontement d'abord, puis de substitution ensuite, au communisme, les USA et l'Arabie saoudite.
Voici un article synthétique et éclairant sur les éléments qui ont participé au succès de ce grand renversement :

L'islam sunnite et le protestantisme évangélique sont les deux courants religieux qui progressent le plus rapidement et qui gagnent le plus grand nombre de nouveaux convertis aujourd'hui dans le monde. Ainsi par exemple, en Amérique du Sud, continent d'origine du pape François, le catholicisme perd de très importantes "parts de marché" face à l'évangélisme. Et il est inutile de rappeler que les différents courants chrétiens qui ont connu une présence bimillénaire au Proche et au Moyen-Orient sont en passe d'être quasiment tous éliminés de la région par les extrémistes sunnites - à l'exception notable des 8 millions de Coptes sous protection de l'Etat égyptien laïc.

Pourquoi ce succès mondial de l'évangélisme et du sunnisme? Par delà l'alliance historique, économique et géopolitique nouée entre les USA et le royaume Saoudien ayant permis d'assurer leur succès conjoint au cours du XXe siècle, il convient de souligner que ces deux courants religieux sont les plus "en phase" avec le processus actuel de la mondialisation néolibérale depuis les années 1980, processus dont les deux grands principes fondamentaux sont: l'individualisme et le rejet de toute autorité institutionnelle surplombante - en particulier celle de l'Etat. L'évangélisme et l'islam sunnite offrent ainsi l'avantage d'être deux idéologies universalistes de masse, lesquelles peuvent s'étendre sans limite, sans distinction et sans exclusive à tous les humains sur toute la surface de la planète. Les conditions d'entrée dans la communauté universelle des croyants ou des "frères" y sont minimales (sinon minimalistes!), et les exigences spirituelles et rituelles y sont facilement accessibles à chacun - y compris depuis son ordinateur! Ce sont en quelque sorte deux universalismes "low cost"...

En regard de ces deux idéologies, les autres idéologies universalistes disponibles sur le marché peuvent sembler dépassées et ringardes, voire "archaïques" à un grand nombre de gens, mais aussi élitistes, voire "discriminatoires" ou même "racistes" (sans doute leur plus grave défaut au regard des normes sociales actuelles!), particulièrement aux yeux des jeunes générations plongées dès leur naissance dans le grand bain mondialisé: que ce soit le républicanisme, le socialisme ou bien encore le catholicisme - et même le sionisme (je ne parlerai pas ici du "césaro-papisme" de la Russie orthodoxe de Poutine qui sert principalement de repoussoir aux Occidentaux). Car ces idéologies qui ont pris leur essor au XIXe siècle (à l'exception notable certes du catholicisme, lequel a néanmoins connu au XIXe siècle un durcissement de sa doctrine face aux idéologies modernes qui lui faisaient concurrence), sont toutes liées à l'existence d'institutions particulières dont l'autorité surplombante est censée s'exercer sur une communauté dont les limites sont fixées a priori (tout le monde n'y est pas admis d'office!): l'Etat exerce son autorité sur la communauté des citoyens en République, le parti-Etat exerce son autorité sur le "peuple" ou le prolétariat en régime socialiste, l'Eglise catholique et apostolique romaine exerce son autorité sur la communauté des fidèles, et enfin l'Etat sioniste est conçu dès l'origine comme l'Etat des Juifs par Th. Herzl. Autrement dit, ces idéologies ne disent pas à chacun, à l'instar de Ronald Mac Donald: "venez comme vous êtes", mais plutôt: "faites un effort ou un travail sur vous mêmes, afin de vous conformer à un certain idéal ou un certain modèle de vie". De là à considérer que ces idéologies "exigeantes" seraient l'apanage des "Blancs", il n'y a qu'un pas ... que certains ont déjà sauté depuis belle lurette!

En somme, la mondialisation nous confronte, en ce début de XXIe siècle, à des questions théologico-politiques que la plupart de nos gouvernants se gardent bien de poser publiquement car ils seraient bien incapables non seulement d'y répondre, mais même seulement d'en saisir le sens et la portée - engoncés qu'ils sont dans un économicisme étroit et à courte vue ("seule la croissance nous sauvera") qui les empêche de pouvoir seulement comprendre ce qui nous arrive collectivement. A moins qu'ils n'aient déjà pris leur parti des évolutions en cours...?

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29 décembre 2015 2 29 /12 /décembre /2015 16:38

La liberté n’est pas la facilité.

Jamais sans doute, des hommes n’ont été aussi libres que ceux qui vivent aujourd’hui dans les pays riches. Que l’on songe, pour s’en convaincre, aux longues journées de travail des paysans ou des ouvriers du début du 19ème siècle. Harassés par le labeur physique, ils ne pouvaient guère que se reposer à la fin de chaque journée pour reprendre le travail le lendemain.

La vision bucolique du passé n’est que chimère pour écologiste naïf. Notre liberté repose ainsi sur un temps de travail global faible, 35 à 50 heures par semaine pour la grande majorité, jours fériés, congés payés, retraite, et sur des opportunités multiples, spectacles, lecture, sport, promenades, télévision, internet, voyages pour ceux qui en ont les moyens, etc. Pourtant, les hommes de ce temps doutent plus que jamais de l’avenir.

Certains, en France, évoquent un climat pré-révolutionnaire comparable à celui de la fin de 18ème siècle. Voire.

Non, la liberté n’est pas la facilité.

L’homme n’est jamais aussi libre que lorsqu’il est suspendu entre deux époques de l’histoire. Lorsque les dieux sont morts et que les tyrans ne règnent plus, de courtes périodes apparaissent où presque tout est possible. Mais le besoin de croire aux dieux ou aux hommes providentiels manque à beaucoup.

La liberté leur pèse, la sécurité de la servitude les attire.

Le poids actuel de l’incertitude quant à l’avenir résulte de la perception d’un choix imminent : dans les prochaines décennies les hommes assumeront-ils leur liberté ou prendront-ils « la route se la servitudes « ? Sur le court terme historique, rien n’est prévisible. L’incertitude est presque complète : politique, économique, sociale, scientifique, technologique. Il suffit pour s’en convaincre de faire une petite expérience rétroactive : se placer par l’esprit dans la situation d’un patricien romain du 1er siècle avant J.-C qui réfléchit à l’avenir. Il ne peut envisager ni le christianisme, ni même l’Empire du 2ème siècle. A fortiori, le monde divisé en États-nations d’aujourd’hui, le micro-ordinateur, internet, le big bang ne sont même pas imaginables.

Mais si la réflexion se déplace à un niveau de généralité suffisant, le caractère aléatoire du devenir historique n’existe plus. Ainsi, depuis que notre monde, à nous humains, est monde, c’est la puissance de notre intelligence collective qui le gouverne. La rationalité, la passion de chercher et de comprendre ont toujours, sur le long terme historique, balayé l’obscurantisme.

La vie que nous menons aujourd’hui est le fruit des recherches de nos ancêtres, depuis le principe d’Archimède jusqu’à la découverte des micro-organismes par Pasteur.

Ce corpus cognitif constitue le bagage que nous nous transmettons de génération en génération et tant qu’il y aura des hommes, cette longue chaîne ne se rompra pas.

En définitive, les hommes libres ont toujours vaincu les tyrans et les oppresseurs.

Le carcan législatif et réglementaire et la lourde et coûteuse machine étatique caractéristiques des États contemporains ne constituent pas la fin de l’histoire.

Si l’État se fait encore plus pesant et plus avide de tout réglementer et de tout contrôler, il peut à nouveau pour quelques décennies ou quelques siècles instaurer la « douce tyrannie » que craignait Alexis de Tocqueville.

Mais il n’abolira pas notre goût de la liberté, notre soif de connaître et d’entreprendre.

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15 novembre 2015 7 15 /11 /novembre /2015 14:51

Nous n’attendons qu’une seule chose de nos hommes politiques : qu’ils nous évitent les dangers mettant en cause la sécurité nationale.

Les attentats qui ont frappé Paris et sa banlieue nord vendredi soir sont monstrueux, abjects, totalement injustes. Ils frappent des innocents qui n’ont rien à voir avec les pseudo-justifications médiévales d’un État Islamique qui veut soit-disant venger le crime des « impies ». Ceci étant clairement dit, avec près de 130 morts obtenus par le biais de multiples attaques simultanées, le mode opératoire de ces attentats fait froid dans le dos. Il pose une question particulièrement angoissante : la sécurité de notre territoire est-elle assurée ? S’il est si facile d’organiser de tels bains de sang, pourquoi cela ne se répèterait-il pas régulièrement, à Paris comme dans d’autres villes françaises ?

L’ampleur de cette opération, l’organisation qu’elle a nécessité, tout cela montre que nous n’habitons plus un sanctuaire. Notre pays est faillible, notre sécurité n’est plus garantie, si tant est qu’elle l’ait été depuis les attentats de Charlie et de l’hyper casher du début de l’année ! Car faut-il le rappeler, aucun de ces attentats n’a été en effet prévenu. Notre gouvernement, qui parle tant de menaces terroristes, qui ne cesse de jouer sur nos peurs, n’a rien vu venir !

Alors que les antécédents survenus au Danemark contre des caricaturistes avaient suscité des mesures de grande envergure, avec l’intervention de l’armée danoise, rien de tel n’avait été prévu pour sécuriser Charlie hebdo. Deux policiers en faction, c’était tout simplement ridicule. Et depuis janvier 2015, nous en connaissons le résultat. Il en est de même pour cette série d’attentats simultanés de ce vendredi 13 octobre 2015. Près d’une dizaine de terroristes ont pu préparer puis réaliser leurs coups d’éclat sans susciter la moindre anticipation de la part des services de renseignements. Au beau milieu de la capitale, un vendredi soir en pleine affluence.

Or, cette lacune est d’autant plus inquiétante que plusieurs détails du mode opératoire de ces attentats laissent penser que ces criminels ne sont pas parmi les plus expérimentés : rafales simultanées à la mitrailleuse au Bataclan (chacun rechargeait au même moment), dégâts relativement faibles au regard du potentiel au Stade de France comme au Bataclan (et heureusement !), il est évident que le carnage aurait pu atteindre d’autres proportions s’il s’était agi de professionnels. À l’identique des attentats de Charlie hebdo, tout laisse donc à penser que nous avons affaire à des terroristes de la dernière heure, à des jeunes français fraîchement recrutés, et rapidement formés par les cadres de l’État Islamique. Et c’est bien cela qui est dramatique ! Alors qu’il est nettement plus facile de prévenir des crimes perpétrés par des acteurs faiblement préparés et peu entraînés, force est de constater que notre gouvernement n’y parvient même pas ! L’État Islamique a frappé violemment en Turquie, en Arabie Saoudite puis au Liban. Et maintenant, en Europe, il a choisi la France. À croire que c’est un peu plus facile que chez nos voisins nettement mieux organisés… D’ailleurs, n’oublions pas que les auteurs de l’attentat de Charlie étaient connus des services de police !

Les auteurs des attentats de ce vendredi étaient-ils également connus ?

Peut-être payons-nous également le côté « va-t-en-guerre » de notre Président, qui, bien que totalement tétanisé à l’idée d’engager la moindre réforme désagréable sur le plan économique, n’a pas hésité une seconde à se lancer dans des aventures militaires au Mali et en Syrie… Des aventures d’autant plus dangereuses que la France s’y trouve plus ou moins seule…

Décidément, ce gouvernement aura échoué sur tous les plans. Il aura accéléré le déclin économique relatif de notre pays ; presque partout en Europe, depuis deux ans environ, le chômage a entamé sa décrue, et la croissance est revenue. Il nous aura continuellement menti sur son programme et sur ses réformes. Il aura abusé du Verbe pour masquer son inaction, il aura même abondamment utilisé les attentats de Charlie pour faire diversion… Et summum de l’inefficacité, il n’aura même pas été capable d’empêcher une série d’attentats sanglants sur notre propre sol : janvier 2015, octobre 2015. Faut-il tenir une comptabilité exacte du nombre de victimes de ces terribles attentats pour démontrer la faiblesse de l’action gouvernementale ?

Ces tueries soulèvent une émotion bien naturelle. La compassion pour les personnes et les familles touchées dans leur chair est totalement légitime. De tels événements sont d’une tristesse affligeante. Mais au-delà de tous ces sentiments d’impuissance et de révolte, une injustice encore plus pernicieuse se prépare, qui touche nos mentalités et nos réactions face à la peur : le resserrement de la Nation Française autour de ses leaders politiques dans une communion et une effusion dont le Président F.Hollande et son Premier ministre M.Valls sortiraient grandis.

Non ! Nos leaders politiques n’ont pas vocation à montrer qu’ils tiennent leur rang lors des cérémonies d’après attentats. Non ! Nos leaders politiques n’ont pas à être jugés sur leur façon digne d’assister à l’enterrement des victimes de ces attentats. Non ! Nos hommes politiques n’ont pas à être appréciés sur leur manière de déposer des gerbes de fleur, la mine déconfite, le regard brisé. Non ! Nous n’attendons pas de nos hommes politiques qu’ils conduisent une fois de plus les marches silencieuses dans les rues pour protester contre le terrorisme religieux qu’ils ne parviennent pas à circonscrire dans le cadre de leur fonction.

Nous n’attendons qu’une seule chose de nos hommes politiques : qu’ils préviennent les catastrophes, qu’ils nous évitent les dangers mettant en cause la sécurité nationale. Ils doivent ainsi faire preuve d’anticipation et de ruse. Ils doivent prendre de vitesse les organisations criminelles. Ils doivent se montrer plus roués qu’elles. Ils doivent engager les actions nécessaires au moment opportun.

En un mot, ils doivent faire leur job.

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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 20:50

Émile Zola, que l’on ne peut soupçonner de sympathie libérale, interviewé par un journaliste du New York Herald Tribune le 20 avril 1890, observé :

« …Je suis en train de travailler à un roman, L’Argent, qui traitera des questions concernant le capital, le travail, etc., qui sont agitées en ce moment par les classes mécontentes. Je prendrai comme position que la spéculation est une bonne chose, sans laquelle les grandes industries du monde s’éteindraient, tout comme la population s’éteindrait sans la passion sexuelle…

…Aujourd’hui les grognements et grommellements émanant des centres socialistes sont le prélude à une éruption qui modifiera plus ou moins les conditions sociales…

Les hommes sont-ils en quoi que ce soit en réalité plus égaux qu’ils ne l’étaient il y a cent ans ? Pouvez-vous donner à un homme la garantie que sa femme ne le trompera jamais ? Pouvez-vous rendre tous les hommes également heureux ou également avisés ? Non ! Alors arrêtez de parler de l’égalité !

La liberté, oui ; la fraternité, oui ; mais l’égalité, jamais !"

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17 septembre 2015 4 17 /09 /septembre /2015 12:59

Les opérations militaires d’encerclement des tâches complexes continuent ; la simplification administrative n’a pas fini de s’étendre partout sur le territoire français et à la fin de ce mois-ci, une intervention de grande envergure va débouler avec ses tanks, ses avions de chasse, ses troupes au sol et son carpet bombing du citoyen trop complexe : les établissements qui reçoivent du public (EPR) ont en effet jusqu’au 27 septembre pour envoyer leur dossier de mise en conformité pour les personnes handicapées. Ça ne rigole plus. Du tout.

Il faut en finir avec les refuges d’alpinistes inadaptés aux paraplégiques. La France doit mettre un point d’arrêt aux parcs de jeux et d’acro-branche incapables d’accueillir correctement les personnes à mobilité réduite ou en fauteuil roulant. Mieux encore, tous les commerces et les show-rooms, toutes les surfaces petites ou grandes doivent maintenant tenir compte de cette évidence : le monde n’étant pas totalement bisou, certains supportent des handicaps qui imposent que tous, oui, tous, y compris vous, là-bas, et votre établissement dédié à des motards, s’adaptent aux aveugles, aux para- et tétraplégiques, aux sourds et malentendants, aux manchots .

Et comme de surcroît, la Simplification Administrative est en marche et ne laissera s’échapper personne, l’évidente solution passera par un formulaire administratif, laïc, républicain, citoyen et surtout très très festif.

Ce formulaire, vous pourrez en prendre connaissance sur le site du Ministère du Développement Durable, parce que les adaptations diverses et variées promettent un bon développement, durable même, des factures à payer. N’oubliez pas : si la lecture de ce formulaire est trop pénible parce qu’il contient des douzaines de termes abscons, qu’il demande une grosse quinzaine de pièces justificatives en un nombre de copies variables, ne vous inquiétez pas. La Simplification Administrative a tout prévu et écrasera d’une botte ferrée toutes les râleries improductives de ceux qui trouvent ça encore trop complexe en proposant gentiment un explicatif détaillé, ainsi bien sûr qu’un mode d’emploi au même format que le formulaire en question.

Le nom de ce formulaire ? C’est le CERFA 13824*03™®, *03 parce que c’est déjà la troisième version (eh oui, certains ne chôment pas au MiniDevDur, et n’hésitent pas à introduire une obsolescence programmée et rapide dans le CERFA 13824*01 et le CERFA 13824*02.

À quoi sert-il ?

Tout simplement, à déclarer la mise en conformité de votre Établissement Recevant du Public (ERP) avec la norme d’accessibilité pour les handicapés décidée en 2005 lors d’une consultation minimale des parties prenantes, et qui devait être universelle 10 ans plus tard, pour janvier 2015. Compte-tenu des difficultés des uns et des autres à s’adapter, un petit aménagement du calendrier a été toléré, d’une part en repoussant la mise en conformité effective au premier janvier 2016, et d’autre part pour admettre que, d’ici au 27 septembre de cette année, seul un calendrier des travaux soit fourni.

Pour faire simple, le législateur a classé les établissement en cinq catégories, en fonction du nombre de personnes accueillies, les plus nombreux étant évidemment les plus petits. La catégorie 5, ceux qui accueillent moins de 100 personnes à un instant T, et qui recouvre donc l’écrasante majorité des commerces et services de proximité et des professions libérales, ceux-là même que le gouvernement ment vouloir protéger tous les jours un peu plus.

À ces cinq catégories correspondent bien évidemment cinq cerfas qui … ah non en fait, un seul et unique cerfa sera utilisé indifféremment pour tout ce beau monde. La Simplification, ça n’épargne aucun chaton : le législateur est un malin et a finement posé comme principe, par le truchement de cet unique cerfa, qu’un CHU accueillant plusieurs milliers de personnes et une profession libérale accueillant dix personnes tout au plus ont les mêmes conditions de travail et les mêmes exigences en termes d’accessibilité aux handicapés.

Nous sommes en France, et comme de juste, les choses n’ont commencé à bouger qu’après plus de neuf années pendant lesquelles personne n’a pris le temps de bien mesurer l’impact de cette mise en conformité. Et puis, 2005, c’est déjà un passé depuis longtemps révolu. Du point de vue des députés, c’est un peu comme les années disco : une jeunesse frivole, déjà lointaine, et pleine de vigueur un peu fofolle qui excusait sans doute ces petits débordements législatifs. Pas de quoi fouetter un chaton. Peu importe donc si tant et tant d’établissements publics restent difficilement accessibles.

Mais bon, tout de même, il y a un souci : cette catégorie 5, là, truc machin, c’est donc celle où les établissements concernés sont les plus nombreux, certes, mais aussi et surtout où ils sont les moins aptes à simplement comprendre et fournir la liste interminable de pièces à joindre au dossier. En effet, même si les chiffres varient selon les sources, on parle de 80% des ERP en catégorie 5 et de 450000 à 800000 établissements. (Notez la précision diabolique du chiffre, quasiment du simple au double, qui en dit long sur la capacité du législateur à correctement tailler l’effort demandé.)

Ah et puis tant qu’on est dans les petits soucis de dernier moment, il se trouve également que les professions libérales sont souvent installées dans des locaux destinés à l’habitation et mutés en locaux professionnels, locaux faisant partie de copropriétés dans lesquelles les copropriétaires n’ont pas forcément (voire pas du tout) envie de voir des rampes d’accès et autres balises vocales ou visuelles décorer les parties communes. Quant à repousser l’un ou l’autre mur porteur pour accommoder des portes plus larges, … cela peut entraîner des négociations délicates. Or, lorsqu’on les multiplie par plusieurs centaines de milliers, on le fait au détriment de la productivité générale, des affaires et par voie de conséquence, de bonnes rentrées fiscales…

Lentement mais sûrement, et toujours dans le cadre d’unesimplification administrative qui passe maintenant en mode thermonucléaire, puisque la mise en conformité de tout ce bazar risque de coûter cher et prendre plus de temps que prévu, se profile doucement le temps des dérogations (pour des raisons techniques, de coût, ABB, de rupture d’accessibilité) et des délais avec engagement de réalisation (le fameux Ad’ap, cache-sexe élimé d’une loi vraiment trop mal conçue).

Plus amusant encore, arrive aussi le temps des petits malins qui voient un joli business poindre. Eh oui, puisqu’une loi est votée, puisque l’obligation de mise en conformité existe, pourquoi ne pas avoir droit à un beau (pseudo-)diagnostic pour une modeste somme (en moyenne 500 euros HT) assorti d’un dossier type permettant de faire bonne figure ? Après tout, ce n’est pas cher, ce n’est pas l’État qui paye.

Arrive enfin le temps du renoncement : en juin 2015, seuls 2200 dossiers étaient déposés sur les 450.000 potentiels (selon la fourchette basse). Les trois prochains mois qui viennent promettent de grands moments de simplification administrative pour les 447.800 dossiers restants (fourchette basse, toujours), mois bien remplis, peut-être plus même que le Cerfa 13.824*03 du MiniDevDur. Voilà de quoi occuper quelques fonctionnaires.

Mais au fait, qui va vérifier tout cela ? Quel vibrant Gérard Filoche de l’Accessibilité et de la Mise Aux Normes Handicapés se jettera dans la tâche immense de vérifier que tous ces cancrelats de patrons exploiteurs, de professions libérales spoliatrices et d’artisans aux magouilles comptables permanentes seront bien en règle ?

Où trouvera-t-on les cohortes de fiers inspecteurs de la milice citoyenne à l’accessibilité ? Combien d’emplois publics tout ceci va-t-il nécessiter ?

Et puis, au fait, la simplification, le changement, le redressement productif, les handicapés, dans tout cela, que deviennent-ils ???

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24 août 2015 1 24 /08 /août /2015 15:48

"Les mois de juillet et d’août en France sont facilement synonymes de repos pour le Français moyen, qui goûte sans doute au bonheur de retrouver le fruit de son travail, une fois le jour de libération fiscal atteint. Ce repos ne s’étend malheureusement pas jusqu’au parlement et aux politiciens qui profitent justement de l’éloignement des Français de leurs centres habituels de préoccupations pour accumuler les petits coups en douce.

De ce point de vue, l’année 2015 ne fait pas exception, et se caractérise même par un cru particulièrement fruité, puisque le rythme des stupidités étatiques était déjà soutenu avant et, l’inertie aidant, on a donc conservé une vitesse de croisière stupéfiante dans l’amoncellement de lois, décrets et décisions farfelues. L’actualité récente suffit à s’en convaincre.

Il y a eu, bien sûr, la crise agricole qui a rapidement pris des proportions présidentielles dès que François Hollande a décidé de s’en mêler pour transformer, comme à l’accoutumée, une actualité déjà tendue et passablement engluée dans les mauvaises habitudes en situation inextricable, coûteuse pour le contribuable et qui aggrave le problème plutôt que le résoudre : alors que tout indique que l’ensemble de la filière agricole française souffre d’un interventionnisme catastrophique de l’État, alors que les solutions sont connues (et décrites par Vincent Bénard par exemple), alors même que d’autres pays ont déjà testé ces solutions avec succès, le factotum présidentiel aura décidé d’en remettre une couche (à 600 millions d’euros) qui a le mérite d’être à la fois mal calibrée (l’aide représente à peine plus qu’une aumône pour chaque agriculteur concerné), et parfaitement inutile voire contre-productive en ce qu’elle entretient un système d’assistanat délétère.

Parallèlement, on aura pu halluciner sur les gymnastiques statistiques parfaitement surréalistes qui nous furent offertes à l’occasion de la publication des chiffres du chômage de juin. Ce fut encore une fois l’occasion pour l’exécutif de se payer la tête des Français qui, trop nigauds de l’avoir posté là, doivent maintenant gober ses couleuvres de plus en plus épaisses. On ne peut bien sûr pas se réjouir de ce que ces chiffres camouflent (bien évidemment, le chômage augmente), mais au moins peut-on se satisfaire de la mise en péril de la candidature de Hollande pour 2017 : ce mollasson calculateur a choisi de la conditionner à l’inversion de tendance du chômage, ce qui place une pression énorme sur les frêles épaules d’un Rebsamen absolument pas à la hauteur. D’ailleurs, il se casse et ne plie pas, au contraire des prochaines statistiques, dont on pourra éprouver la souplesse prochainement, justifiant le maintien de la candidature hollandogène. Au pire, le petit François se déclarera indispensable pour lutter contre la bête immonde (qu’il aura tout fait pour faire monter) et le retour de l’excité (qu’il s’escrime pourtant à saboter par voie de justice).

Mais en termes de petites ignominies aux effets catastrophiques, ces précédents exemples parviennent difficilement à la cheville de cette loi discrète passée dans la troisième semaine de juillet concernant l’obsolescence programmée.

Soigneusement évitée par la plupart des rédactions nationales (à l’exception du Figaro notamment), le sujet, effleuré par quelques sites technologiques, n’a semble-t-il pas passionné les foules. Il faut dire que la punition par deux ans de prison et 300.000 euros d’amende des faits d’obsolescence programmée a été habilement camouflée au milieu de l’imbuvable loi sur la transition énergétique, définitivement adoptée dans la semaine du 25 juillet dernier par un Parlement déjà largement en vacance intellectuelle.

Pour rappel, l’obsolescence programmée serait cette hideuse technique imputée aux producteurs et autres distributeurs consistant à réduire volontairement la durée de vie d’un produit afin d’inciter le consommateur à en acheter davantage, selon l’adage bien connu que lorsque ça casse rapidement ou que ça ne rend pas le service aussi bien qu’on le souhaite, on en rachète encore (le consommateur, dans cette intéressante vision du marché, est un être à la fois fragile, influençable et borderline idiot). Heureusement, cette technique qui, en réalité, n’existe pas, est maintenant un délit.

En effet, comme je l’expliquais il y a quelques mois dans un précédent billet, cette loi à base de poudre de licornes combat des gremlins et des leprechauns. C’est pratique de condamner sévèrement quelque chose qui n’existe pas : avec une définition suffisamment floue, cela permet de trouver de temps en temps de rares coupables fort pratiques pour une expiation médiatique, et cela assure, le reste du temps, que tout le monde va respecter la loi scrupuleusement.

Et si je dis que ça n’existe pas, c’est parce que c’est vrai : il suffira à ceux qui continuent niaisement de croire aux fadaises gouvernementales de se reporter à ces quelques liens pour vérifier l’écart à la réalité et comprendre que cette fumeuse obsolescence, non, ça n’existe pas, du tout.

… Enfin, presque pas du tout puisqu’en réalité, lorsque l’État se mêle de nos vies, l’obsolescence, parfaitement et ouvertement programmée, ne semble gêner personne, ce qui permet d’imposer au citoyen-contribuable de payer pour renouveler son passeport, sa carte d’identité ou tant d’autres papiers administratifs frappés d’une date limite de péremption. Cela permet d’imposer une obsolescence rapide de la voiture dans certaines agglomérations par interdictions successives ; cela autorise la disparition des méchantes ampoules à incandescence (qui ne produisaient, au pire, qu’un peu de CO2) au profit d’ampoules au mercure, terres rares et autres joyeusetés polluantes à des prix très supérieurs ; cela permet le vieillissement accéléré d’un peu tout et n’importe quoi par un incessant changement de normes (pour vot’sécurité, ma brav’dame). Quand c’est l’État, c’est permis, bien sûr.

Mais peu importe : la loi est votée, et tout le monde va s’empresser de l’appliquer, avec le même entrain que le principe de précaution devenu stupidement constitutionnel, et avec les mêmes effets délétères, durables et calcificateurs à moyen et long termes sur la société française.

De ce point de vue, cette loi – qui ne définit même pas ce que doit être une durée de vie normale d’un produit, comment on prouve qu’elle a été réduite, et comment on détermine que ce fut intentionnel – illustre fort bien la mentalité de nos dirigeants et dans une bonne part celle de ceux qui les soutiennent : pour eux, le consommateur est un enfant, niais et impressionnable, régulièrement floué par les producteurs qui, sans les bornes de la loi, s’organiseraient chaque jour pour le détrousser sur tous les chemins nationaux, à chaque commerce, à chaque vente et sur tous les rayonnages de supermarchés.

C’est parfaitement grotesque, mais le flou consternant de cette loi va donner une arme de plus à tous les pourfendeurs de l’entrepreneuriat pour attaquer les producteurs sur tout et n’importe quoi. Forcément, cela va les inciter à venir vendre, produire et embaucher en France. Forcément, cela va améliorer la situation. Forcément, cela aboutira à d’excellents produits d’extraordinaire qualité.

Forcément, cela va bien se passer".

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28 juin 2015 7 28 /06 /juin /2015 08:15

Le public se moqua de lui pendant des années. Lors de ses premiers discours, il fut chahuté et humilié… Puis les Athéniens se mirent à l’écouter, reconnurent en lui un véritable orateur… Et plus de 2000 après, il est toujours cité comme un modèle d’éloquence.

La vie des grands orateurs est une source riche d’enseignements et d’inspiration pour quiconque souhaite éprouver son leadership. Parlons du plus célèbre d’entre eux : Démosthène.

Démosthène vécut au IVe siècle av. J.-C., de -384 à -322. Souvent cité par Cicéron comme un modèle d’éloquence, il fut l’un des plus grands orateurs de la Grèce antique. Pourtant, ce n’était pas gagné…

À ses débuts, Démosthène était en effet peu doué. Son premier contact avec la tribune et le public fut un échec. On raconte que sa voix manquait de force, que son articulation était peu soutenue, et que sa prononciation était mauvaise (il avait notamment du mal avec les « R »)… En plus de cela, le trac et le trouble le paralysaient, ses gestes étaient maladroits, et il soulevait sans cesse une épaule, par une sorte de tic.

C’est ainsi que, lors de sa première intervention en public, il se fit carrément huer. Les gens se moquèrent de lui et critiquèrent violemment sa façon de s’exprimer. Malgré cela, il continua d’intervenir en public, entre autres pour défendre ses idées politiques. Et finit par devenir l’un des meilleurs et des plus célèbres orateurs de l’Antiquité. Voici comment Démosthène s’acharna à remédier à ses défauts…

Les fameux « cailloux de Démosthène »

Démosthène avait des soucis d’articulation et de prononciation. Pour délier sa langue, il s’entraîna à parler avec des galets dans la bouche. Cette technique, désormais appelée « les cailloux de Démosthène », est encore utilisée par certains orthophonistes pour améliorer la diction. En voici le principe :

En plaçant quelque chose dans votre bouche, vous gênez les mouvements de celle-ci ; et si vous voulez vous mettre à parler dans ces conditions, vous êtes alors obligé d’articuler exagérément pour que vos paroles soient un minimum compréhensibles. Ce travail d’articulation permet d’exercer les muscles buccaux, ce qui améliore nettement votre expression orale.

Faites le test ! En remplaçant les cailloux ramassés par terre par des bonbons au miel par exemple. Ou encore en vous coinçant simplement un léger cure-dent entre les dents de devant. Choisissez quelques formules et prononcez-les à voix haute deux ou trois fois en vous efforçant de parler de la façon la plus correcte possible malgré cette gène. Enlevez ensuite les bonbons ou le cure-dent, et reprenez vos formules : vous serez surpris de voir à quel point votre expression se révélera aussitôt bien meilleure, plus fluide et plus agréable…

Démosthène avait également une méthode originale pour travailler le volume de sa voix. C’est sur la plage qu’il ramassait les galets, qu’il mettait ensuite à la bouche. Et il profitait d’être face à la mer pour s’exercer à parler fort face au bruit des vagues (cf. le tableau de Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ, Démosthène s’exerçant à la parole, réalisé en 1870 – détail ci-dessus). De façon similaire, mettez votre radio à fond, et essayez de couvrir le bruit en haussant le ton !

La préparation physique

L’art oratoire est une discipline bien plus physique qu’on ne le pense. Le talent d’un orateur ne dépend pas seulement des mots qu’il emploie, de ses idées et de sa façon d’argumenter : encore doit-il exécuter les bons gestes, occuper l’espace, manier des objets, s’exprimer avec force et clarté sans s’essouffler, tenir dans la durée… Parler face à une assemblée devient vite un sport à part entière.

Pour jaillir avec énergie, la parole doit être soutenue par un corps solide et entraîné. La voix de Démosthène était faible, et seul un souffle puissant peut porter une voix forte. Pour cultiver son souffle, il se mit donc à faire de la course à pied…

Pour nous, le vélo est aussi un excellent moyen, plus contemporain. D’une façon générale, le sport permet d’améliorer notre posture et notre allure. Par exemple, un bon gainage au niveau abdominal, combiné à un fessier et des lombaires renforcés, permet de maintenir une posture bien droite et assurée. La pratique physique et sportive devrait être le complément indispensable des études en rhétorique !

L’épée sous l’épaule

Pour son tic à l’épaule, Démosthène se résolut à travailler devant un miroir. Il coinça une épée le long de son corps, la pointe sous l’aisselle : il était ainsi renseigné sur la discipline de son épaule par les piqûres douloureuses qu’elle lui occasionnait quand son tic le reprenait…

Bien sûr, vous n’avez peut-être pas d’épée chez vous, et vous ne voudriez de toute façon pas tenter une technique aussi violente. Voici donc un autre moyen, moins agressif, pour apprendre à contrôler votre gestuelle et limiter vos mouvements involontaires :

Remplissez un bol d’eau, à ras-bord, au point que la moindre secousse devrait le faire déborder ; prenez alors ce bol entre vos deux mains, en coupole, de telle façon que vous ne pouvez en détacher une pour tenir le bol avec l’autre seulement. Puis… commencez à parler, à raconter une histoire, ou à répéter un exposé ! En veillant bien sûr à ne pas tout renverser par terre ou sur vous.

Remarques : cet exercice est à faire debout, dans votre cuisine, ou un endroit avec du carrelage de préférence… Pour les plus entraînés, vous pouvez risquer quelques déplacements, pas trop brusques ni trop rapides : cela vous obligera à vous tenir bien droit même en marchant. Enfin, plutôt que de travailler devant un miroir, ce qui vous contraint à rester concentré sur votre reflet tout en parlant, il est préférable de se filmer ou se faire filmer, et découvrir ensuite son image.

L’isolement et l’entraînement

Comme tout processus d’apprentissage et de perfectionnement, devenir un bon orateur peut se révéler long et fastidieux. Il est donc important de rester concentré, et de garder intacte sa volonté. On raconte que Démosthène s’obstina à progresser en s’isolant dans un bâtiment souterrain pour mieux travailler. Il se rasa même le crâne et la barbe pour s’empêcher de sortir (ne voulant être vu de la sorte).

Dans votre cas, inutile d’aller vous enfermer dans la cave pour vous adonner à l’art oratoire… Mais il est important que vous ayez un lieu dédié à votre pratique. Pourquoi pas votre chambre, votre salon, où encore une salle de formation. L’espace doit vous être réservé, si possible spacieux et dégagé, et vous ne devez pas craindre de déranger qui que ce soit en élevant la voix.

Gardez également en tête que se former à l’éloquence exige du temps, et vous devez pour cela être prêt à y consacrer au moins une heure d’affilée, un ou plusieurs jours par semaine. Prenez cette activité au sérieux, au même titre que vos autres activités, professionnelles, sportives ou familiales, et réservez-vous un moment spécial pour cela. Travailler sa voix est un rendez-vous avec soi-même. Notez-le dans votre agenda comme tout autre rendez-vous important, et organisez votre emploi du temps en fonction.

Ce qu’il faut retenir de l’histoire de Démosthène, c’est que son talent en matière d’art oratoire ne tient pas à un quelconque « don », à une prédisposition ou à une qualité innée. Il était mauvais, et a travaillé dur pour devenir le meilleur. On s’est moqué de lui pendant des années, lors de ses premiers discours, il a été chahuté et humilié… Puis on s’est mis à l’écouter, on a reconnu en lui un véritable orateur… Et plus de 2000 après, on parle toujours de lui comme d’un modèle d’éloquence.

C’est en ce sens que Démosthène occupe une place à part parmi les grands orateurs de l’Antiquité. Il a marqué à jamais la rhétorique et l’art oratoire. Il nous a laissé de nombreux et ingénieux exercices de perfectionnement à l’oral, qui font encore leurs preuves aujourd’hui. Il demeure une source d’inspiration pour toutes celles et tous ceux qui souhaitent s’exprimer avec brio, porter leurs idées avec force et conviction, et remporter l’adhésion de leur public.

V Becmeur

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16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 15:53

Manuel Valls utilise le 49.3 pour faire passer la loi Macron : politiquement audacieux, économiquement lamentable.

Pour la seconde fois du quinquennat, le gouvernement va utiliser l’article 49-3 pour clore le débat sur la loi Macron. Rappelons rapidement que le célèbre alinéa de l’article 49 de la constitution inverse les rapports de force entre l’exécutif et l’Assemblée : en effet, il permet au gouvernement d’imposer un texte immédiatement et sans discussion sauf à remettre en cause son autorité par une motion de censure.

Bien évidemment, si le gouvernement démissionne, l’Assemblée nationale (enfin, la majorité présidentielle surtout) trinque aussi : la cinquième république, et encore plus avec la réforme du quinquennat, fait des députés majoritaires les éternels suiveurs de l’exécutif, à qui ils doivent postes, réputation et émoluments. Les députés socialistes et plus largement de gauche « frondeurs », dans la majorité mais pas trop quand il s’agit d’assumer les réformettes de la loi Macron, étaient dans une position douloureuse. Qu’ils soutiennent un gouvernement impopulaire ou votent avec la droite, ils risquaient dans les deux cas de perdre leurs sièges aux prochaines élections, et cela au plus grand bénéfice de la gauche de la gauche. Du point de vue de Manuel Valls, il fallait à la fois éviter de voir s’effriter la majorité, de se faire encore plus d’ennemis au sein du parti et surtout de montrer des signes de faiblesse politique sur des réformes attendues avec impatience par Bruxelles.

Maintien de la mascarade socialiste en état

Le choix du 49.3 était donc un choix politique stratégique certes abrupt mais intelligent : il permet de maintenir la mascarade politicienne socialiste en l’état pour quelques temps encore, quitte à passer pour autoritaire, ce qui n’est pas pour déplaire à un certain public lassé de l’image de mollesse du gouvernement.

La situation n’est pas sans rappeler Rashomon (1950), le célèbre film de Kurosawa, dans lequel plusieurs personnes voient la même scène tout en l’interprétant de diverses manières. En jouant sur le 49.3, Valls fait montre de son inflexible réformisme devant Bruxelles, la gauche du PS peut apparaître la tête haute devant son électorat, puisqu’elle n’aura pas à justifier sa « trahison » face au pseudo-libéralisme de la loi Macron, et le gouvernement sauve sa peau jusqu’à la prochaine catastrophe majeure en poussant une réforme mi-chèvre mi-chou. En d’autres termes, contrairement à ce qui a pu s’écrire ici ou là, Valls a fait en quelque sorte une fleur à l’aile gauche du PS en la lestant de toute responsabilité dans cette histoire, lui permettant de mimer une opposition interne au parti présidentiel tout en offrant à l’Allemagne l’image d’un social-libéralisme de carton-pâte.

Seulement, si l’équilibre au sein de la majorité semble sauf, le grand perdant reste tout de même l’État et ceux qui devront supporter sa faillite, c’est-à-dire les citoyens ordinaires : le brouillard médiatique savamment entretenu par les affidés du gouvernement autour du pseudo-libéralisme de la loi Macron permet sans doute d’enfumer nos partenaires européens, mais ne doit pas tromper sur son profond conservatisme : cajoler les clientèles électorales et lancer quelques idées en l’air ne suffiront pas, hélas, pour éviter la faillite du modèle social français.

F MAS

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 07:35

Pillages d’églises, dégradations d’édifices religieux voire de cimetières… nombreux sont les actes antichrétiens qui trouvent peu d’écho dans les médias nationaux.

Ils font quelques fois la une des journaux régionaux mais n’ont rarement de place dans la presse nationale. Pourtant, les dégradations volontaires d’édifices chrétiens sont nombreux, récurrents, et touchent la France entière.

Rien que pour ce mois de mai on dénombre plusieurs actes de malveillance : une voiture a défoncé la porte de l’église de la Frette-sur-Seine (Val-d’Oise) ; celle de Saint-Léger à Delle (Franche-Comté) a vu des individus jeter les bougies au sol et uriner autour de l’autel ; l’église de Villeneuve L’Archevêque (Yonne) a vu certaines statues, dont l’une inscrite au Monuments historiques, dégradées ainsi qu’un départ d’incendie dans la sacristie ; Un crucifix dans l’Orne a été recouvert de peinture style arc-en-ciel ; l’église de Sarpourenx (Pyrénées-Atlantiques) a été souillée d’excréments, des touches de l’orgue ont été abîmées et un vase a été brisé en mille morceaux, etc.

Le plus significatif étant la vingtaine d’églises dégradée depuis quelques mois dans l’Ain : vols de ciboires, d’hosties, destructions de tabernacles… Contacté par Planet.fr, le diocèse de Belley-Ars (Ain) avoue se remettre difficilement des 15 actes malveillants survenus lors des six derniers mois. Même si la communication du diocèse est satisfaite de la couverture médiatique locale de ces évènements, elle aimerait que "plus de gens soient au courant que les chrétiens sont les plus touchés" par ces actes de dégradations.

Le saccage de 200 tombes chrétiennes en avril fut un choc

Des cas loin d’être isolés puisque selon l’Observatoire de la christianophobie, qui répertorie depuis 2010 les dégradations d’édifices religieux, le nombre d’églises profanées depuis le début de l’année et jusqu’au mois d’avril, était d’une centaine.

En avril dernier, le saccage de 200 tombes chrétiennes dans le cimetière Saint-Roch à Castres (Tarn) avait suscité un émoi national et choqué les chrétiens surtout après l’annonce du principal suspect : un musulman (souffrant de troubles psychiatriques) qui avait pris soin d’épargner les carrés musulmans et israélites.

Cependant, la chaîne BFMtv, après avoir rappelé que 206 "cimetières chrétiens" avaient été profanés en 2014, a changé le terme en "cimetières municipaux", quelques temps après. Le signe d’un léger malaise au niveau des rédactions nationales ?

Les médias sur-réagissent quand il s'agit de mosquées

Pour comprendre ce malaise, le site Atlantico.fr a interviewé un criminologue, Jean-Pierre Bouchard. Celui-ci explique que "pour des raisons sociologiques, politiques, ou idéologiques, certains médias et journalistes ont tendance à sur-réagir lorsqu'il s'agit des profanations de mosquées par exemple, ou "d'actes islamophobes". Or les édifices liés à la chrétienté sont beaucoup plus souvent la cible des vandalismes ou des actes haineux."

Le professeur de science politique à Grenoble, Vincent Tournier, surenchérit en parlant d’un "exemple malheureusement classique d’aveuglement idéologique". "Le propre de l’idéologie, c’est de retenir ce qui arrange et d’écarter ce qui dérange. Aujourd’hui, la haine anti-chrétienne, voire anti-blanche, fait partie de cet aveuglement.", constate-t-il.

Et le professeur de faire un parallèle historique : "Les révélations sur le goulag ont été minimisées ou rejetées parce qu’elles étaient trop éloignées de la vision idyllique du communisme. Aujourd’hui, les attaques contre les chrétiens perturbent une certaine idéologie issue de l’anti-colonialisme et amplifiée par une interprétation pessimiste de l’histoire nationale."

Le criminologue interviewé avoue que les causes poussant les malfrats à dégrader des lieux de cultes chrétiens ne sont pas suffisamment connues car "les auteurs de ces profanations ne sont pas suffisamment appréhendés". "Si cela peut venir de personnes qui croient en d'autres religions, et où l'islam est très représenté, il peut également y avoir des individus qui pratiquent la démonologie, même si cela demeure marginal.", croit tout de même savoir Jean-Pierre Bouchard.

Dans un rapport de la direction générale de la gendarmerie nationale, datant de 2010, les gendarmes ont pu établir que dans les affaires résolues, le profil du profanateur est celui d’un mineur (83% des affaires) de sexe masculin (79%). Et dans un rapport parlementaire de 2011, il est écrit que la majorité des cas de dégradations était le fait de jeunes désœuvrés agissant "souvent en groupe du fait d’une consommation excessive d’alcool".

Un site chrétien vandalisé tous les deux jours

Selon le ministère de l'Intérieur, les atteintes aux lieux de culte et sépultures de toutes les religions sont en augmentation régulière. En 2014, sur 807 sites vandalisés, 673 étaient chrétiens, soit près de deux par jour. Dans le détail, sur les 216 atteintes à des cimetières, 206 concernaient des sites chrétiens et sur les 591 atteintes à des lieux de culte, 467 concernaient des sites chrétiens.

A titre de comparaison, pour les sites israélites, le ministère a recensé des atteintes à 61 synagogues, un centre communautaire, 6 cimetières et 2 monuments aux morts en 2014 (contre 26 faits en 2013). Pour les sites musulmans, il note une légère diminution des profanations en 2014 : 60 mosquées et salles de prières, ainsi que 4 carrés musulmans dans un cimetière (contre 75 faits en 2013).

Le conseiller sûreté du patrimoine au ministère de la Culture, Éric Blot, indiquait par ailleurs au Figaro que les vols dans les églises avaient doublé : "On était sur une tendance à la baisse depuis plusieurs années. Mais en 2014, les faits de vols dans les églises et cimetières ont plus que doublé, passant de 92 en 2013 à 202"

Toutefois, si les édifices chrétiens sont les plus atteints par des dégradations, c’est parce qu’ils sont également présents en plus grande nombre sur le territoire français qui compte près de 45 000 églises contre un peu plus de 2 000 mosquées par exemple. Ce qui, par ailleurs, n’enlève rien à la gravité des faits.

Peut-on parler de christianophobie ?

Quant à parler de christianophobie à l’instar des "islamophobie" et "antisémitisme", le terme fait encore débat, même au sein de l’Eglise. Pour exemple, cette réponse du ministère de l’Intérieur en 2013 au député UMP Marc le Fur qui demandait que soient recensés les actes antichrétiens : "S’agissant d’une éventuelle recension des actes antichrétiens à l’instar de celles qui sont effectuées pour les actes antisémites et les actes antimusulmans, les responsables des différentes églises (sic) et confessions chrétiennes n’ont jamais fait part de la demande d’un indicateur spécifique auprès des pouvoirs publics."

Pour sa part, l’Observatoire de la christianophobie, bien qu’utilisant ce terme, parle aussi de "christiano-mépris".

Prochaines menaces pour les chrétiens : le terorisme et les destructions

En plus des dégradations et des pillages, les églises de France devront affronter par la suite deux problématiques : le terrorisme et les destructions.

En avril dernier, l’Algérien Sid Ahmed Ghlam, une jeune étudiant versant dans l’islam radical, projetait en effet de commettre des attentats contre une ou plusieurs églises situées à Villejuif (Val-de-Marne). Manuel Valls, Premier ministre, s’était alors rendu dans les églises visées en affirmant que "pour la première fois", ce sont "les catholiques qui étaient visés".

L’émotion avait été grande surtout parmi les fidèles qui redoutaient que les actes de terrorismes visent dorénavant les lieux de cultes catholiques.

D’autre part, l’Observatoire du patrimoine religieux s’inquiète du nombre de destructions d’églises dans les 20 ans à venir. Constatant l’affaiblissement des finances publiques, l’Observatoire pense que "des milliers de monuments religieux pourraient disparaître d’ici à 20 ans !" et déplore déjà que certaines églises soient détruites avec l’accord des communes concernées. "Plus de 200 églises sont ainsi immédiatement menacées en France métropolitaine, tandis que des milliers d’autres sombrent dans l’oubli, attendant une restauration qui ne vient pas.", fait-il savoir.

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