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  • : Le blog de Jean-Loup
  • : Engagé, depuis plusieurs décennies dans une démarche visant à lutter contre tous les processus d'exclusion, de discrimination et de ségrégation socio-urbaine, je suis persuadé que si nous voulons « construire » une société reposant sur un véritable Vivre Ensemble. Il nous faut savoir, donner du sens au sens, prendre le temps de la concertation et faire des propositions en adéquation avec les besoins de nos concitoyens.
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13 septembre 2016 2 13 /09 /septembre /2016 15:46

Licenciements, inégalités injustifiées, riches de plus en plus riches, bonus immérités… tout cela est la conséquence des politiques publiques conduites depuis quarante ans. L’indignation des élites et des élus responsables est déplacée.

Selon un ancien président, « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ». Elles exercent cependant une attraction universelle de l’électeur, sous toutes latitudes et à toutes les époques.

Pendant longtemps, ces promesses généreuses étaient payées avec l’argent des autres.

Salaires en hausse, semaines de travail réduites, vacances supplémentaires, âge de la retraite abaissé, etc. — sans lien avec la richesse créée, tout cela fut possible. Il suffisait de dévaluer le franc pour permettre au tissu économique d’absorber des cadeaux électoraux, et le tour était joué.

Certes, les quelques privilégiés qui avaient eu le temps de placer leurs économies en dehors de France, en Suisse ou ailleurs, étaient soudainement plus riches, et les Français qui avaient l’intention de passer leurs vacances à l’étranger ou bien plus simplement d’acheter des produits importés étaient pénalisés. Mais qui s’en souciait ?

Puis vint la multiplication des allocations, aides, subventions et primes en tous genres, mais aussi des niches fiscales bien gardées. Il fallut alors trouver autre chose que la dévaluation (désormais impossible avec l’euro) et la hausse habituelle des impôts. D’autant que nombre de ces décisions avaient des effets pervers, comme par exemple l'effet boomerang inflationniste des aides au logement sur les loyers. Ce qui justifiait de nouvelles dépenses publiques pour tenter de corriger ces effets indésirables !

Aussi les responsables politiques commencèrent à recourir de plus en plus massivement à l’endettement (supposé indolore, car remboursé en contractant de nouvelles dettes, indéfiniment… tant qu’il y a des prêteurs…).

Ni vu, ni connu… du moins pas tout de suite

Trente ans après ce tournant majeur en matière de politiques publiques dans presque toutes les démocraties occidentales, les dégâts sont là. L’activité est chaque décennie plus anémiée ; on perd en moyenne un point de croissance annuelle tous les 10 ans depuis le début des années 1980. Sans croissance ou presque, et sans inflation, l’amortissement des dettes est de plus en plus délicat.

En effet, les progrès technologiques permettent aux industriels de fabriquer de nouveaux produits de plus en plus sophistiqués à un coût décroissant (regardez votre téléviseur !). Les jeunes créateurs d’entreprises, surtout avec l’ubérisation, proposent de nouveaux services de moins en moins chers. Ces innovations, dans une société vieillissante, sont déflationnistes. Or les gouvernements surendettés ont besoin d’inflation pour amortir leurs dettes sans douleur.

La parade est cependant bien connue, avec la généralisation des politiques monétaires non conventionnelles, selon les termes de leurs concepteurs eux-mêmes. Quel aveu, comme si nous étions des rats de laboratoire sur lesquels on peut faire des expériences ! Le résultat fut une baisse sans précédent, historique, des taux d’intérêt.

L’objectif est de décourager l’épargne. Au contraire, il faut stimuler la dépense pour acheter des produits que des industriels fabriqueront, créant de nouvelles capacités de production et finalement embauchant.

Mais dans leur course effrénée à la baisse des taux, officiellement pour donner du temps à des gouvernements d’initier des réformes grâce à l’argent gratuit ou presque, les autorités monétaires sont allées très loin. Certains gouvernements, sur lesquels la contrainte financière ne pesait plus, ont profité de l’aubaine pour justement ne rien faire…

Les effets pervers de telles politiques de fuite en avant sont déjà palpables.

Comme chacun peut le constater, l'économie de la vielle Europe, notamment en Zone euro, reste globalement toujours anémiée.

Brutaliser les épargnants pour les forcer à dépenser n’a aucun sens s’ils n’ont pas envie d’acheter. Les seniors, de plus en plus nombreux, déjà largement équipés en biens de consommation, ont peu de besoins nouveaux. Au contraire, les taux très bas les incitent à épargner encore avantage. Par peur de manquer de revenus futurs, ils compensent la baisse des rendements en mettant encore plus d’argent de côté.

Plus les taux d’intérêt sont bas, plus les prix des actions, des obligations, ou de l’immobilier, seront élevés, rendant encore plus riches leurs détenteurs. Les obligations émises dans le passé à des taux plus élevés, les actions dont le rendement, grâce au dividende, devient supérieur aux taux des titres d’État, les biens immobiliers qui rapportent des loyers même modestes sont toujours préférables à rien.

À cela s’ajoute la situation des dirigeants de grandes entreprises, dont les bonus sont en partie indexés sur la performance boursière de leurs titres. La surévaluation de la cotation boursière des entreprises qu’ils dirigent résulte aussi de ces politiques de taux zéro, et non pas uniquement de leur génie. Pourtant, les rémunérations qu’ils perçoivent sont jugées indécentes par des politiciens qui sont à l’origine de ces hausses de cours en partie artificielles.

Les taux bas, une fausse aubaine pour les emprunteurs

Les candidats à l’accession à la propriété acceptent de payer très cher des biens immobiliers, au motif que l’endettement est presque gratuit, faisant ainsi la fortune des,déjà, riches vendeurs. Il est inquiétant de voir augmenter le nombre de primo-accédants sur la période récente. Souvent l’arrivée sur un marché déjà très haut des populations les plus modestes et les moins bien informées est le symptôme de la fin d'une bulle.

Enfin, les industriels, censés profiter de l’opportunité du crédit bon marché bas pour augmenter ou créer des capacités de production, ne se précipitent pas pour emprunter. S’ils le font, c’est pour investir dans la robotisation, accélérant la destruction d’emplois, alors que la population active n’a pas encore eu le temps d’ajuster complètement ses qualifications à cette révolution technologique.

Panne de la consommation, taux de chômage élevé des non-qualifiés, enrichissement des nantis, euthanasie financière des retraités, quels beaux résultats pour des politiques censées apporter l’emploi pour tous, la réduction des inégalités, et la justice sociale.

Pourquoi ne pas laisser les taux d’intérêt s’ajuster en fonction de l’offre et de la demande sur les marchés financiers, en dehors de toute manipulation par les banques centrales ?

Les épargnants modestes qui ne placent pas leurs économies sur des supports spéculatifs seraient enfin honnêtement rémunérés, les industriels n’automatiseraient leurs usines qu’à bon escient, et les baisses des marchés financiers et immobiliers permettraient une redistribution des richesses.

Oubliez tout ça. Aucun gouvernement ne pourra jamais accepter un tel scénario, qui l’obligerait à se déclarer en défaut et à ruiner complètement ses prêteurs (souvent ses électeurs d’ailleurs par le biais des contrats d’assurance-vie) et à en terminer avec le déficit.

Sans recours à la dette, un gouvernement doit présenter des budgets équilibrés, avoir une gestion vertueuse des deniers publics. Comment dés lors pratiquer le clientélisme en distribuant des avantages (allocations, aides, subventions, primes, etc.) à sa base électorale ?

Un tel scénario est tout bonnement inimaginable.

Mais tôt ou tard, la réalité s’imposera. La sortie se fera par l’inflation. Et à ce moment-là, il vaudra mieux avoir de l’or…

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10 septembre 2016 6 10 /09 /septembre /2016 08:01

Quand la Laïcité devient le faux débat du fait religieux en entreprise.....

Le Code du travail encadre déjà de manière satisfaisante le fait religieux en entreprise. En appeler à la laïcité en entreprise est une aberration.

À l’occasion d’une interview au Figaro Magazine en date du 27 août 2016, Nicolas Sarkozy a proposé d’étendre l’interdiction du voile musulman jusque dans les entreprises privées. Cette énième déclaration illustre la tentation tenace de bannir le fait religieux de l’entreprise et la crispation entourant cette question. Serpent de mer des crispations identitaires, comme ont pu l’illustrer certains débats consécutifs à la loi relative au travail, à la modernisation du dialogue et à la sécurisation des parcours professionnels, familièrement appelée loi El Khomri.

En effet, certains ont pu s’émouvoir de lire dans le rapport Badinter, puis dans le projet de "loi travail" que le salarié était libre de manifester ses convictions en entreprise, y compris religieuses, y voyant là un danger pour la laïcité et le bon fonctionnement des entreprises.

Un problème de définition : liberté religieuse et laïcité en entreprise.

La première chose à faire, quand on souhaite aboutir à une meilleure compréhension d’un problème, est de commencer à se mettre d’accord sur le sens des mots utilisés.

La liberté religieuse ne se borne pas à la seule liberté de croire ou de ne pas croire. Elle implique nécessairement une certaine extériorisation des convictions, qu’il s’agisse de l’exercice d’un culte ou de l’expression individuelle de ses convictions. Si un lecteur s’émeut de ce qu’il vient de lire, qu’il pense donc à la liberté politique : elle ne se borne pas à la simple liberté de penser mais implique la possibilité d’exprimer ses opinions politiques, y compris en public, de se réunir avec des personnes partageant les mêmes convictions politiques et éventuellement d’afficher des signes de ralliement politique, qu’il s’agisse de drapeaux, de pin’s, de symboles…

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La laïcité est une caractéristique des institutions politiques sécularisées. Les institutions politiques laïques sont indépendantes des institutions religieuses et neutres vis-à-vis du fait religieux en lui-même (ce qui permet de distinguer la laïcité de l’athéisme). Principe d’indifférence de l’État, la laïcité est également la garantie que l’État assure la liberté de culte1. La laïcité a donc un champ d’application limité : elle concerne l’État et, plus généralement, toute personne chargée d’une mission de service public.

Définition du problème : que doit faire l’employeur pour restreindre le fait religieux en entreprise ?

L’employeur n’est en rien démuni face au fait religieux. En effet, outre le principe de non-discrimination2, le droit du travail français précise déjà très clairement la place des libertés des salariés dans l’entreprise : l’employeur ne saurait apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché. Les libertés individuelles en cause englobent naturellement la liberté religieuse .

Loin d’être contraignantes, ces règles permettent à l’employeur de restreindre la liberté religieuse à chaque fois que la chose est objectivement justifiée. Ainsi, l’employeur peut tout à fait sanctionner un salarié :

  • refusant d’exécuter sa prestation de travail pour des raisons religieuses (par exemple, un boucher refusant de toucher de la viande de porc4, mais ce serait vrai également d’une personne quittant son poste ou arrêtant les machines afin de partir prier) ;
  • refusant de respecter les règles de sécurité et d’hygiène au travail (par exemple un machiniste refusant de raser sa barbe alors qu’il travaille sur des machines dangereuses, ou un salarié refusant le suivi médical obligatoire au motif que le médecin est du sexe opposé) ;
  • tentant d’imposer ses convictions à autrui, par exemple un formateur qui profite de sa position pour tracter pour les Témoins de Jéhovah, la Manif pour Tous, la mosquée du quartier ou pour son candidat politique favori.

Sur ce dernier point, il faut relever que seul le prosélytisme peut être sanctionné. Ainsi, doit être annulé le règlement intérieur qui interdisait, de manière générale et absolue, « les discussions politiques ou religieuses, et d’une manière générale, toute conversation étrangère au service » : une telle mesure n’est pas proportionnée au but recherché et revient à la négation pure et simple des libertés religieuses, politiques et d’expression.

Certes, tout ceci est bien beau, penseront certains in petto, mais quid du principe de laïcité ? Ce principe ne s’applique pas aux entreprises privées : la Cour de cassation a dû le rappeler dans son communiqué relatif à l'arrêt baby loup .

Le seul problème des entreprises est donc de réussir à identifier les éléments objectifs leur permettant de limiter à juste titre la liberté de leurs collaborateurs. Une tâche parfois difficile, mais pas insurmontable, qui ne justifie pas une quelconque intervention législative.

La laïcité, un vœu pieux pour 2017

De nombreuses questions auraient pu être abordées, de la guerre des crèches au restaurant d’entreprise, elles ne le seront pas. Les débats autour de ce sujet sont infinis et nous aurons l'occasion d'y revenir .

À ce stade, il ne reste donc plus qu’à exprimer qu’une chose : le souhait que chacun saura distinguer ce qui relève de l’expression, peut-être jugée déplaisante, de convictions religieuses et ce qui relève du prosélytisme abusif. La préservation d’un équilibre entre liberté religieuse et bon fonctionnement de l’entreprise est à ce prix.

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9 septembre 2016 5 09 /09 /septembre /2016 14:07

Quand !!! François Hollande est en campagne au pays des merveilles… et, bien plus….

Hier, salle Wagram, le discours de François Hollande est tombé à plat. Il parlait d’une France qui n’existe plus et qui se résume à un empilement de clichés dépassés depuis une dizaine d’années.

François Hollande a prononcé son premier discours de campagne hier jeudi 8 septembre depuis la salle Wagram, qui fut en son temps un lieu de bals mondains. Il faut avoir entendu François Hollande expliquer que la France était sur la voie du redressement économique pour comprendre la maldonne de ce discours : bien entendu, il ne s’agit pas (une fois de plus !) de parler de la France et de son destin réel, mais de prononcer quelques formules magiques supposées maintenir les Français dans un état de transe extatique…

Hollande et le redressement économique

Il paraît (selon François Hollande) que la France est sur la voie du redressement économique et qu’elle fait briller dans les yeux du monde entier de petites lueurs d’envie. Nous avons même eu droit à un délire impressionnant sur la notion d’identité, qui n’existerait pas vraiment, et sur l’amour universel que nous inspirerions, avec toutes nos grandes réussites mondiales, notamment notre démographie galopante qui nous permet de figurer parmi les puissances d’avenir et les vertus de la construction européenne.

On avait l’impression de dîner dans les beaux quartiers parisiens, et d’entendre les considérations mondaines les plus plates sur ce qui se passe au-delà du périphérique. Et une fois de plus les Français ont compris que François Hollande ne savait pas vraiment ce qui s’y passait.

Le mythe tenace du redressement économique

Bien évidemment que non ! il n’y a pas de redressement économique en France. Il suffit, là encore, de lire les résultats du baromètre Fiducial et Ifop pour comprendre que, non seulement la grogne chez les chefs d’entreprise est ancrée, mais qu’elle comporte une forte dose de totale désillusion. 83% des chefs d’entreprise ne croient pas un seul instant que le prochain gouvernement baissera les impôts, et une écrasante majorité d’entre eux considère que la fiscalité est confiscatoire.

Dans un paysage aussi dévasté, où la rupture est consommée entre les chefs d’entreprise et le pouvoir, comment François Hollande peut-il vanter le redressement économique ?

La catastrophe familiale française

S’agissant de la démographie, on ne rappellera pas ici le leurre que les chiffres officiels constituent. Si beaucoup d’enfants naissent en France, ce sont majoritairement des enfants d’étrangers reconnus Français par le droit du sol. La situation de la France n’est donc pas meilleure que celle de l’Allemagne.

Qui plus est, dès son accession au pouvoir, François Hollande a abondamment tapé sur les familles moyennes, jusqu’à y réduire la natalité. Les avantages fiscaux que les classes moyennes pouvaient avoir en faisant des enfants ont disparu les uns après les autres. Vanter les mérites de notre démographie après les avoir combattus aussi vaillamment relève donc de la parfaite imposture.

Encore un couplet sur l’Europe

Le discours de Hollande a permis par ailleurs d’en remettre une couche sur le catéchisme eurolâtre qui semble une fois de plus déconnecté de la réalité. Faut-il rappeler que nous sortons d'un Brexit et que nous découvrons que le premier bienfait de l’Union consiste à organiser la défiscalisation en bonne et due forme des entreprises les plus riches du monde ?

C’est pourtant le moment que François Hollande choisit pour réciter ses antiennes à rebours de la réalité. Et pour tordre le cou aux rumeurs, ce n’est pas l’Union Européenne qui a garanti la paix en Europe depuis 1945, mais la confrontation entre le bloc soviétique et le bloc capitaliste, sous les auspices d’une bombe atomique qui a calmé les ardeurs de tout le monde.

Les élites coupées des réalités

Plus que jamais, le discours de François Hollande est donc tombé à plat pour tous ceux qui l’ont écouté avec une oreille critique. Il parlait d’une France qui n’existe plus et qui se résume à un empilement de clichés dépassés depuis une dizaine d’années. C’est à peu près le rythme auquel ceux qui lui ont écrit son discours franchissent le périphérique.

L’abus de champignons hallucinogènes et autres substances est semble -t-il mauvais pour la santé.

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6 septembre 2016 2 06 /09 /septembre /2016 13:43

Pour les Républicains, l’enjeu ne se situe pas au mois de mai 2017, mais bien en novembre 2016. Celui qui gagnera les primaires aura tout gagné. Une erreur stratégique ?



  • L’université d’été de La Baule, qui réunissait les Républicains agités par leur primaire, a donné un spectacle étrange : celui d’une tribu en guerre si sûre de gagner qu’elle passe plus de temps à choisir son chef qu’à se battre contre ses adversaires.

Gagner la primaire ou la présidentielle ?

Les Républicains semblent avoir une idée sotte en tête : celle qui veut que le vainqueur de la primaire sera automatiquement le vainqueur de la présidentielle. Comme si le suffrage universel était une étape symbolique, ou une formalité de second ordre.

On comprend bien le calcul sous-jacent à cet état d’esprit. Il part du principe que le candidat des Républicains aura gagné une sorte de ticket automatique pour le second tour. Et, à ce moment-là, de deux choses l’une : soit Les Républicains sont face au Front National, et, avec l’appui des voix de la gauche, ils ne feront de Marine Le Pen qu’une bouchée. Soit Les Républicains sont face à François Hollande, et, avec les réserves des voix de droite, ils n’en feront qu’une bouchée. Donc, dans tous les cas, l’élection est une partie de plaisir.

L’effet pervers de l’excès de confiance

Pour Les Républicains, l’enjeu ne se situe donc pas au mois de mai 2017, mais bien en novembre 2016. Celui qui gagnera ce jour-là aura tout gagné. La véritable bataille n’est pas contre le camp adverse, mais bien contre son propre camp. D’où cette espèce de tombereaux de petites phrases qui visent les hommes et non les idées, et ce sentiment de déchirement permanent entre des personnalités qui se détestent entre elles et qui, par-dessus tout, détestent Nicolas Sarkozy

C’est le propre de l’excès de confiance : puisque l’élection est gagnée, il faut y être à tout prix.

L’incertitude sondagière

À une époque pas si lointaine, les militants des Républicains s’accordaient pour dire que l’élection à la primaire serait intimement liée à l’état des sondages. Serait élu celui qui, dans les sondages, aurait le plus de chances d’être élu président de la République. Malheureusement, les sondages sont incertains, et les Français donnent autant de chances à Juppé qu’à Sarkozy. Les Républicains n’éviteront donc pas les mauvais coups entre eux, et ils ne pourront compter sur les sondages pour leur éviter un combat des chefs.

Les arguments sous et sur la ceinture de François Fillon

D’où les arguments sous la ceinture de François Fillon, qui a épinglé les justiciables candidats à la Présidence. Ce va-tout vise autant Nicolas Sarkosy qu’Alain Juppé. La manoeuvre est un peu rustique, mais elle pourrait produire son effet. Toujours est-il que Fillon a refait une partie de son retard, et présente aujourd’hui le programme le plus libéral de tous les candidats Rien n’exclut donc qu’il ne parvienne à surprendre, au moins en partie, ses adversaires.

Sarkozy plus que jamais bonapartisé

Reste que Sarkozy inquiète le plus ses rivaux et concentre le feu de leurs critiques. Cette convergence est suprêmement contre-productive. Il y a, dans Sarkozy, un profond relent de bonapartisme que cette solitude met en exergue. Les Républicains voudraient forger une légende, ils voudraient donner l’impression d’un destin unique, d’une réussite seul contre tous, qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Et Sarkozy leur devra sans doute une fière chandelle, car l’intensité des petites phrases, des allusions, des critiques dont il est l’objet font d’eux ses meilleurs ennemis et ses plus fidèles alliés.

Ce n’est pas tant que Sarkozy ait besoin de Juppé et compagnie pour gagner. En revanche, il a besoin d’eux pour reprendre les habits de l’hyper-présidence, avant même d’être élu. Il a besoin de ce feu nourri pour donner la pleine dimension de sa bestialité électorale.

De là à penser que le vainqueur de la primaire sera automatiquement élu, il y a un gouffre que Les Républicains franchiront seuls.

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31 août 2016 3 31 /08 /août /2016 13:55

Quand le Chômage est en baisse ? ce que disent vraiment les chiffres…et, bien plus!!!

Les chiffres du chômage sont annoncés en baisse à la satisfaction générale. Le détail des chiffres semble pourtant cacher un subterfuge électoraliste.

Les chiffres mensuels du chômage sont tombé. On nous avait dit que ça allait mieux. On nous avait aussi dit que quand la croissance était inférieure aux prévisions, c’était pas de bol. Le bol semble être revenu et ça va effectivement mieux puisque le chômage baisse en juillet. Près de 20 000 chômeurs de moins. Comment ne pas se réjouir d’une si bonne nouvelle ? Suivez le guide…

Chômage : pour aller plus loin dans les chiffres

Un petit rappel semble à ce stade indispensable. Qu’entend-on par catégorie de chômeurs ? Le très officiel site du service public nous informe :

  • Catégorie A : Personne sans emploi, tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi, à la recherche d’un emploi quel que soit le type de contrat ( CDI, CDD, à temps plein, à temps partiel, temporaire ou saisonnier).
  • Catégorie B : Personne ayant exercé une activité réduite de 78 heures maximum par mois, tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi.
  • Catégorie C : Personne ayant exercé une activité réduite de plus de 78 heures par mois, tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi.
  • Catégorie D : Personne sans emploi, qui n’est pas immédiatement disponible, non tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi (demandeur d’emploi en formation, en maladie, etc.).
  • Catégorie E : Personne pourvue d’un emploi, non tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi.

Autrement dit, pour tout gouvernement qui se respecte, le chômage, c’est avant tout la catégorie A, soit des personnes qui ne travaillent pas du tout. Tant que ce chiffre baisse, c’est que ça va mieux sur le front du chômage. Tenez-le vous pour dit.

Les catégories B et C représentent les personnes qui ont tellement peu travaillé qu’on ne peut même pas considérer qu’elles ont trouvé du travail. La catégorie D est réservée aux personnes en formation et en maladie pour l’essentiel. La catégorie E est enfin destinée à comptabiliser les personnes qui ont un travail, meilleur que celui des catégories B et C, mais pas suffisamment meilleur pour les sortir des statistiques.

La satisfaction du gouvernement…

Le Figaro rapporte que la désormais célèbre ministre du Travail se satisfait de la situation :

Ces résultats globaux sont bien le fruit d’une politique volontariste et ciblée. Les mesures déjà mises en œuvre (Pacte de responsabilité et de solidarité, CICE, aide Embauche PME notamment) vont continuer à stimuler la création d’emplois de qualité (nous avons enregistré le 5e trimestre consécutif de créations nettes d’emplois). L’accélération de la baisse du chômage demeure une priorité du gouvernement, tout comme la sortie de l’activité réduite vers un emploi durable à durée indéterminée, notamment pour les plus jeunes. (…) Le Plan 500.000 formations supplémentaires poursuit son déploiement et permettra aux personnes en recherche d’emploi de saisir des opportunités professionnelles dans les mois qui viennent.

… et la réalité des chiffres du chômage

Pour commencer, nous pouvons noter que le détail des variations du mois de juillet par catégorie est beaucoup moins flatteur. Le chômage total augmente. Ceux qui sont sortis de la catégorie A ont, peut-être et pour partie, trouvé un emploi stable mais ils ont aussi clairement alimenté les catégories B, C et D. Pire, le total de toutes les catégories augmente de 10 900 personnes ce qui montre qu’il y a au total de nouveaux demandeurs d’emplois.

On peut noter que, sur les derniers mois, la ministre du Travail a raison de mettre en avant son plan de formation. On peut observer une très belle anti-corrélation entre la catégorie A et la catégorie D. Les mauvais esprits (dont je fais partie) penseront qu’il s’agit là de faire baisser artificiellement les statistiques. En effet, comme on ne sait rien sur l’efficacité des formations suivies par les demandeurs d’emploi, on ne peut pas réellement parler de baisse du chômage sur la base de la baisse de la catégorie A.

Dans le même temps, les catégories B et C qui correspondent à des emplois précaires ont augmenté de près de 50 000 personnes depuis un an et de plus de 45 000 personnes depuis avril, quand ça allait mieux.

Les élections approchent

Si quelqu’un devait être surpris que les élections présidentielles arrivent si vite, ce ne serait certainement pas François Hollande. Il a passé un mandat à agiter des mesurettes pour réduire le chômage et à repousser l’horizon de son inversion de la courbe, posée en condition de sa future candidature. Patiemment, il a attendu qu’il soit enfin possible d’importer la croissance comme aux glorieux temps de Lionel Jospin. Pas de bol, ce n’est pas arrivé. Il a donc fallu, juste à temps, user du subterfuge de la formation pour faire baisser les chiffres de la catégorie A que la majorité des médias porte aux nues comme l’indicateur le plus pertinent. Les Français seront-ils dupes ?

RIEN n'est moins sûr !!!!!

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28 août 2016 7 28 /08 /août /2016 12:02

Un ami m'a "poussé" cet Article que je soumets à votre sagacité

Vous pouvez devant un verre d’alcool en apprendre énormément sur votre psychologie et préparer votre rentrée sous les meilleurs auspices. Déjà, vous vous rappelez que l’excès d’alcool est une des plus sûres manières de se sentir angoissé ou déprimé. L’alcool est l’exemple même du faux ami. A petite dose, il vous fait croire que le monde est à vous et que personne ne résiste à votre séduction ou à vos blagues. Mais dès que vous continuez à boire, l’ami devient un ennemi. Il vous met doublement en danger. Vous ne vous contrôlez plus, vous vous mettez en danger et vous sentir revenir au galop toutes les angoisses que l’alcool avait semblé vous éviter. Même s’il y a eu quelques excès en vacances, la rentrée va être l’occasion de retrouver une forme sans coup de fouet artificiel.

L’alcool est l’exemple même du faux ami.

Au delà de ce message de santé un peu basique, l’alcool va vous donner une leçon de vie. Faites tomber dans deux verres d’eau différents une goutte d’anisette et une goutte de vodka et regardez ce qui se passe. La vodka ne trouble pas l’eau. Si vous buvez l’eau avec la vodka, elle aura peut-être bien un petit goût aigre mais elle n’est pas complètement modifiée par l’alcool que l’on a ajouté. Faites la même expérience avec de l’anisette. Une goutte suffit. C’est tout le verre qui est troublé. Même si le goût de la boisson n’a pas changé, son aspect est complètement transformé. L’eau est trouble. Elle est troublée et elle le restera.

Cet effet vodka et anisette décrit deux manières de penser.

Cet effet vodka et anisette décrit deux manières de penser. Vous avez celles et ceux qui prennent les soucis comme une goutte de vodka. Ils leur rendent bien l’existence un peu plus difficile, un peu aigre mais ils ne la troublent pas complètement. Et il y a ceux qui raisonnent façon anisette. La moindre difficulté les bouleverse aussi définitivement qu’un verre d’eau avec de l’anisette. Leur vie n’est jamais aussi parfaite qu’ils l’attendaient. Selon l’esprit anisette, ce qui n’est pas complètement réussi est complètement raté. Et c’est irrémédiable. Rien de ce qui a été changé ou perturbé ne s’éclaircira jamais. Pas plus que le verre d’eau troublé par l’anisette ne retrouvera son aspect limpide.

Si nous devions décrire cet état d’esprit avec des mots un peu plus savants, on dirait que l’effet anisette est le raisonnement en tout ou rien ou encore la pensée absolutiste. Quand on pense façon anisette ou absolutiste, on fait subir ses exigences à tout son entourage, en famille et au travail. Les amis sont soit des amis toujours disponibles, complètement clairs, soit des personnes troubles. Un vrai ami ou un ami complet est quelqu’un que l’on joint tout le temps, même en urgence, même pendant ses vacances ou en réunion. On ne le dérange pas, même au milieu de la nuit ou quand il est déjà occupé. Qu’il manifeste tant soit peu d’impatience. Qu’il ne laisse un jour que son répondeur, et on ne peut plus rien attendre de lui. La relation est atteinte par l’effet anisette. Vous imaginez qu’avec de telles exigences, vous ne gardez pas longtemps vos amis et vous agacez vos collègues.

Les vacances ont été l’occasion d’exercer soit son effet vodka face aux imprévus et soucis soit son effet anisette. Avez-vous recherché des vacances parfaites du début à la fin ou avez-vous supporté les jours de mauvais temps, les quelques retards ou rendez-vous manqués, les chambres ou les paysages qui ne ressemblent pas à ce qui était présenté dans l’annonce Internet ?

Entamez-vous la rentrée sur le mode de l’exigence absolue ou allez-vous utiliser l’énergie des vacances pour rentrer sur un mode plus tranquille, plus vodka ?

Le retour au travail va vous donner l’occasion d’exercer votre esprit vodka ou anisette. Entamez-vous la rentrée sur le mode de l’exigence absolue ou allez-vous utiliser l’énergie des vacances pour rentrer sur un mode plus tranquille, plus vodka ? Vous voyez que dans l’un ou l’autre des cas, votre travail va changer. L’homme ou la femme à l’esprit anisette s’épuise et se fâche. Il remarque les détails qui le gênent et en fait un monde. Le bien-être au travail passe par des changements extérieurs mais surtout par un changement de point de vue. Si vous commencez à accepter l’idée que la pensée absolutiste se trompe et vous rend malheureux, vous vous préparez la meilleure des rentrées.

Visualisez si cela vous aide une goutte de vodka tombant dans l’eau à chaque fois qu’un petit souci vous surprend. La pensée absolutiste n’est pas un bon compagnon et elle ne vous fait pas bien évaluer vos collègues et votre environnement. A chaque petit exercice de pensée vodka que vous réussissez, vous avancez vers une vie professionnelle meilleure. Votre entourage vous en saura gré et il aura peut-être lui aussi envie d’envisager la rentrée avec ce nouvel état d’esprit. Les deux esprits sont contagieux au sein d’une équipe ou d’une entreprise.

Je vous avais proposé dans « Tout déprimé est un bien portant qui s’ignore » de tester l’esprit vodka. Celles et ceux qui l’ont essayé n’ont eu qu’à s’en féliciter. La pensée absolutiste va enfin vous aider à supporter les moments de stress ou de découragement. Chacun de nous traîne avec lui une touche de gris ou de blues. La différence tient à la manière dont on vit avec.

Le bien portant ne fait pas disparaître son nuage. Mais il sait que la tristesse ne l’empêchera pas d’éprouver d’autres émotions. Il ne confond pas le petit agacement de la rentrée avec une déprime de l’automne. C’est ce que je vous souhaite. De consommer de l’alcool avec la plus grande des modérations et d’appliquer l’esprit vodka autant que vous en aurez l’occasion...

Professeur Michel Lejoyeux

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27 août 2016 6 27 /08 /août /2016 16:47

Si le burkini n’est pas un délit, il est certain que c’est un joli piège, peut-être doublé d’un contresens sur sa signification, certainement triplé d’arrière-pensées et assurément quadruplé du résultat inverse de l’effet recherché : Daesh est ravi.

Dans Le Tartuffe (1664) de Molière, la Scène 1 de l’Acte I est particulièrement apte à rendre compte des petites crises que nous avons vécues cet été.

Le fameux sein

Au passage, elle n’oublie pas de dire son fait à sa bru Elmire, lui reprochant entre autres choses de se vêtir d’une façon qui ferait volontiers douter de sa fidélité conjugale :


« Vous êtes dépensière, et cet état me blesse,
Que vous alliez vêtue ainsi qu’une princesse.
Quiconque à son mari veut plaire seulement,
Ma bru, n’a pas besoin de tant d’ajustement. »

Nous y voilà. Sans même parler du fameux sein que M. Tartuffe priait Elmire de cacher entièrement tant la vue de quelques cm2 bien innocents dudit sein risquait de l’éloigner de sa constante adoration de Dieu, la tenue vestimentaire des femmes pose depuis toujours un petit problème social dans les sociétés que je qualifierais de « victoriennes. »

Pour les bigots névrosés, une femme « convenable » aura à cœur de s’enlaidir au maximum si son intention est bien de plaire à son mari « seulement ». Au besoin, elle se vêtira d’un sac informe de la tête aux pieds. Toute attitude contraire serait la preuve d’un esprit aguicheur intolérable. Et toute attitude concupiscente des hommes sera bien sûr entièrement de la faute de la femme qui a un grand tort, celui d’exister tout en étant indispensable à la reproduction de l’espèce.

Pas une affaire de mode

Le petit problème social n’est donc pas seulement une affaire de chiffon ou de mode. C’est une question beaucoup plus complexe, celle du rapport entre les hommes et les femmes. Comme je n’ai jamais entendu dire que les hommes fussent soumis à des normes vestimentaires spécifiques afin de stopper le regard des femmes sur leurs charmes, j’en conclus que le rapport s’établit systématiquement et uniquement en défaveur des femmes. Elles seules doivent obéir à des règles strictes visant à garantir « mécaniquement » ou « formellement » leur fidélité et assurer la tranquillité d’esprit de leur conjoint.

La raison en est sans doute que si les femmes ont toute certitude sur le fait qu’elles sont bien la mère de leur enfant, il n’en va pas de même pour les hommes. Sont-ils bien le père de leur enfant ? Il y a deux façons de s’en assurer : établir des rapports de confiance entre homme et femme, des rapports de respect réciproque entre deux personnes considérées à égalité, c’est la méthode qui s’est imposée en Occident au fil du temps ; ou alors exercer un contrôle constant sur les femmes depuis leur plus jeune âge dans tout ce qui concerne leur exposition à l’univers masculin, c’est la méthode que le fondamentalisme islamiste a remise au goût du jour depuis que l’Imam Khomeini a instauré la République islamique d’Iran en 1979.

L’Islam n’a pas toujours jugé cette coercition nécessaire. Dans les années 1950 et 1960, les femmes musulmanes s’habillaient à l’occidentale et suivaient des études sans encourir la malédiction des autorités religieuses. J’ai déjà abordé cette question dans un article écrit à l’occasion des agressions à caractère sexuel qui se sont déroulées à Cologne lors du dernier Nouvel An. En l’occurrence, le sujet était simple. À partir du moment où il y avait crime ou délit avéré, la ligne d’action s’imposait d’elle-même : enquête, arrestation, jugement, sanction.

Le burkini polémique

Mais aujourd’hui, le sujet est beaucoup plus compliqué. Je parle, on l’aura compris, du burkini, lequel a pris rang de polémique n° 1 de l’été sans trouver d’issue satisfaisante car il se trouve que le port du burkini n’est ni un crime ni un délit. Seul le voile intégral, celui qui couvre entièrement le visage, est interdit en France. Le simple voile est par ailleurs exclu des établissements scolaires, qui acceptent par contre des signes discrets de religion tels que petites croix, étoiles de David ou main de Fatma.

Le burkini n’est pas non plus un précepte religieux direct de l’Islam. Il a été créé en 2004 par Aheda Zanetti, une Australienne d’origine libanaise qui trouvait que sa nièce était empêtrée par son voile et son survêtement pour jouer au volley sur la plage. Le nom même de burkini a été forgé par la créatrice qui a joué sur le mot burka (qui, pour elle, est un vêtement qui découvre le visage) et le mot kini qui fait référence aux loisirs de plage et de baignade. Selon cette genèse, le burkiniconstituerait donc plus une adaptation de l’Islam à un mode de vie occidental qu’un retour au fondamentalisme.

Après les attentats islamistes qui ont fait environ 240 morts en France depuis dix-huit mois, il n’est pas étonnant qu’on ait maintenant tendance à lire toute action en provenance de personnes musulmanes à l’aune de l’archaïsme sociétal prôné par Daesh. On pressent plus ou moins distinctement qu’on n’a pas exactement affaire à un innocent bout de tissu, que la place de la femme est en cause et on redoute qu’un tel vêtement puisse servir de vecteur à la visibilité de l’Islam dans la société française.

Mais chacun comprend aussi que les arrêtés d’interdiction pris par un certain nombre de municipalités balnéaires, parfois à titre « préventif » comme au Touquet, manquent de fondement, non seulement juridique, mais aussi moral : comment savoir si telle femme qui porte ce vêtement de bain agit de son propre chef, selon des critères absolument personnels de pudeur ou de confort, ou si elle subit une domination masculine (éventuellement acceptée par elle), ou si elle se fait volontairement l’avocate d’une mode rigoriste conforme à sa religion, ou si elle a trouvé à travers leburkini une façon d’obtenir l’approbation de son environnement social tout en pratiquant ouvertement des activités de plage à l’instar de ses consœurs occidentales ?

Le burkini, un joli piège

Si le burkini n’est ni un crime ni un délit, il est par contre certain que c’est un joli piège, peut-être doublé d’un contresens sur sa signification réelle, certainement triplé d’arrière-pensées en vue de l’élection présidentielle (qui sera « identitaire », cf. déclaration de Sarkozy qui court une fois de plus derrière Marine Le Pen) et assurément quadruplé du résultat inverse de l’effet recherché : Daesh est ravi.

Et tout ça pour combien de burkinis ? Assez peu au total, compte-tenu du nombre (terriblement trop élevé d’après les partisans de l’immigration zéro qui redoutent le « grand remplacement ») de Français ou résidents de religion musulmane.

Il est à noter que dans la rixe de la plage de Sisco, qui a en quelque sorte mis le feu aux poudres, les burkinis incriminés au départ par la « rumeur » seraient inexistants. L’altercation résulterait de la volonté d’une famille maghrébine de s’approprier une plage, selon les déclarations du procureur de Bastia.

Le contresens possible est celui qui consiste à voir dans le burkini, à l’instar de Manuel Valls et de beaucoup d’hommes politiques de droite « la traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l’asservissement de la femme » alors qu’il pourrait être au contraire un petit pas des femmes pour sortir progressivement de cet asservissement. Il est peut-être trop tôt pour se prononcer formellement sur cette question d’autant que comme je l’ai déjà dit les cas effectifs sont très peu nombreux. Mais il serait dommage, par intérêt électoral, par goût du conformisme, par laïcité exagérément pointilleuse, par amalgame temporel et géographique consécutif à l’attentat de Nice, d’étouffer dans l’œuf les efforts d’intégration des femmes musulmanes.

Dans cette affaire, personne n’exige que toutes les femmes se couvrent à la plage, personne n’exige que les hommes et les femmes soient séparés, personne n’exige que les surveillants de baignade soient des femmes. Si de telles demandes devaient être faites, elles relèveraient en effet d’une tentative d’intimidation politique de la part de l’Islam et devraient être sévèrement réprimées. J’ajoute : comme aurait dû être refusée la demande d’horaires spécifiques pour les femmes musulmanes dans une piscine publique lilloise sous la surveillance exclusive d’un personnel féminin. Mais il me semble qu’avec les burkinis de cet été, on n’est pas exactement dans ce type de configuration.

Le joli coup des promoteurs du burkini

Alors que les fondamentalistes islamistes réprouvent le burkini, invention maligne qui risque de donner beaucoup trop de liberté aux femmes, la France leur fournit elle-même son argumentaire sur l’intolérance de l’Occident envers les musulmans, et ils ne se privent pas de capitaliser sur ce brillant épisode de « lutte contre la radicalisation » qui ne manquera pas de susciter quelques candidats au Jihad de plus. Joli coup, vraiment !

À partir du moment où une attitude, qui n’est ni un crime ni un délit, qui ne porte atteinte ni aux biens ni aux personnes, qui ne constitue pas un trouble à l’ordre public (comme l’est par contre le voile intégral qui cache le visage) à partir du moment donc où cette attitude devient interdite dans le but de préserver la liberté, on peut être certain qu’on a quitté le terrain de l’état de droit pour tomber dans les prémisses d’une crise de nerfs totalitaire.

Si la France est un pays de liberté, si elle est bien comme elle le prétend la « patrie des droits de l’homme », elle doit éviter le piège en s’en tenant à ses principes. Selon moi, l’interdiction est une erreur qui, comme beaucoup d’interdictions qui outrepassent la protection des biens et des personnes, va agir comme un puissant coup de projecteur sur quelque chose qui était anecdotique et fondu dans la masse, va créer une victimisation et donner raison à tous les collectifs musulmans qui se plaignent du racisme de la France.

La façon particulièrement musclée dont se sont passées certaines verbalisations, parfois simplement pour le port du voile et pas celui du burkini, confirme hélas que cette affaire est largement instrumentalisée par des maires trop zélés et par Manuel Valls (qui les soutient) dans le but de manifester leur totale dédication à la sécurité des Français, à la lutte contre le terrorisme et à la préservation du mode de vie à la française, quitte à se montrer ridiculement policiers.

La presse étrangère a beau jeu de se moquer de nos méthodes (voir ci-dessous tweet du Daily Mail, journal conservateur et populaire) d’autant qu’à Nice, Christian Estrosi a annoncé vouloirporter plainte contre ceux qui diffusent des photos de la police en train de verbaliser – signe assez convaincant pour moi que quelques dizaines de burkinis nous ont fait tomber dans le grand n’importe quoi.

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19 août 2016 5 19 /08 /août /2016 07:53

Un rapport privé, hélas confidentiel, du “Cercle des transports”, association regroupant 150 spécialistes techniques et économiques des transports en Ile-de-France, vient confirmer, chiffres détaillés à l’appui, mes craintes exprimées il y a 4 ans concernant le projet du “Métro Grand Paris”, trop cher et d’une utilité contestable. Le rapport propose de surseoir à cet investissement disproportionné et de se focaliser sur des améliorations indispensables au réseau existant, pour 5 fois moins cher.

Comme ce rapport est trop complet pour être médiatique, il m’a paru utile de résumer leurs travaux (52 pages, PDF), avant d’y ajouter une conclusion personnelle. Mais tout d’abord, rappelons ce qu’est le projet “Métro Grand Paris”.

À partir d’un bon constat, une mauvaise solution

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Le “Métro Grand Paris” consiste principalement en la construction de lignes de métro automatiques contournant circulairement la capitale, en petite et grande banlieue (cf plan).

Les promoteurs du projet, à savoir la région Ile de France et l’État, constatent justement que les déplacements de banlieue à banlieue augmentent plus vite que les autres dans la région capitale, et que le réseau routier actuel est incapable d’y faire face. Mais au lieu d’investir dans l’amélioration de ce réseau routier, comme l’ont entrepris la plupart des grandes mégapoles internationales, les décideurs publics ont décidé de se lancer dans la construction de métros automatiques autour de la ville de Paris, alors que l’essentiel du réseau ferroviaire urbain actuel est radial (lignes passant par la ville centre).

Or, contrairement à une autoroute, un transport en commun en site propre ne sait pas effectuer de liaison “point à point” sans correspondances, que les spécialistes appellent “rupture de charge”. Ces ruptures de charge ont un effet chronométrique et psychologique particulièrement dissuasif sur les voyageurs : si votre destination n’est pas située à l’immédiate proximité de la station finale, alors vous préférerez presque systématiquement l’automobile… ou ne pas entreprendre le déplacement.

Il y a quatre ans, je m’interrogeais sur la fréquentation potentielle des lignes tangentielles, en constatant que la densité de population desservie au fur et à mesure que l’on s’éloigne de Paris centre diminue. Je concluais qu’il y avait très peu de chances pour que le plateau de Saclay soit plus attractif que le centre de la capitale (ou le pôle de la Défense) pour un habitant de Chelles ou Noisy, et que par conséquent, la fréquentation de ces lignes nouvelles serait très inférieure aux prévisions très optimistes de la société du Grand Paris, qui envisage plus 3, voire 4 millions de passagers quotidiens sur ces lignes nouvelles, là où la ligne A du RER dépasse à peine le million.

Le “Cercle des Transports”, ayant eu les mêmes craintes que moi, a étudié, avec d’autres moyens, la pertinence du projet. Voyons ses griefs.

Le Cercle des Transports appelle à une remise en cause du projet

Le « Cercle des transports » est une association composée d’anciens hauts fonctionnaires, d’universitaires, et de managers d’entreprises privées opérant dans le transport, qui réfléchit aux politiques permettant d’améliorer la compétitivité de l’Ile-de-France par l’amélioration des mobilités, entre autres champs d’étude. Le présent rapport, d’octobre 2014, est l’œuvre d’une petite dizaine de contributeurs, dont l’ancien économiste chef de la section environnement de l’OCDE, Rémy Prud’homme, et a pour auteurs principaux MM. Chapalut et Paul-Dubois-Taine, du Conseil National des Ponts et Chaussées.

Leurs conclusions sont sans appel, quoique rédigées dans une langue très châtiée. Mon résumé sera plus rude :

– Le projet est évalué à 27 Mds Euros, et subira, comme tous les projets publics d’infrastructure, une dérive de ses coûts. Or, le financement de ce projet entrera en concurrence avec le plan d’amélioration (alias “schéma directeur” en langage administratif) des lignes RATP et SNCF existantes, chiffré pour sa part à 16 Mds, soient 43 Mds d’investissement total. En effet, le réseau existant est théoriquement l’un des meilleurs d’Europe en terme de densité d’offre. Mais sa mauvaise gestion et son mauvais entretien font qu’il est dans un état déplorable, et que son exploitation est perturbée par des incidents à répétition transformant la vie des usagers captifs en véritable galère. Les auteurs du rapport craignent donc que, en cas d’impasse budgétaire, le Grand Paris soit privilégié par rapport à la modernisation, pourtant indispensable, de l’existant.

– Or, le Projet de Métro Grand Paris n’améliorera, au mieux, les temps de parcours que de 1 million de voyageurs quotidiens supplémentaires, alors que l’amélioration du réseau existant permettrait d’améliorer les temps de parcours de plus de 3 millions d’usagers existants. Les auteurs calculent que le coût de l’heure gagnée par habitant serait 2 fois plus faible dans un scénario de modernisation que dans un projet d’extension.

– Le métro grand Paris ajoutera aux 9 Mds d’euros de coûts d’exploitation 2,25Mds supplémentaires. Or, les coûts d’exploitation du réseau ferroviaire ont augmenté, en euros constants, de 33% entre 2000 et 2013, et ce sans que ce soit lié à l’augmentation quantitative de l’offre, qui compte pour moins du tiers du total, ni à un gain significatif de part de marché du transport public, qui est passée de 30% à 33% des transports mécanisés entre 1990 et 2013. Le Syndicat des Transports d’Ile de France veut donc ajouter une couche de coûts alors qu’il est incapable de maîtriser ses coûts d’exploitation actuels.

– Or, sur les 9 Mds annuels d’exploitation à ce jour, 4 Mds sont payés par les entreprises, soit au titre du “Versement transport”, une charge patronale (3,2 Mds), soit via le remboursement de 50% du titre de transport du salarié (0,8). Pire encore, le graphe ci dessous montre que ce sont les employeurs qui ont subi la plus grande part de la hausse des coûts de fonctionnement de ces dernières années :

Il est donc à craindre que les entreprises, qui paient déjà en France les charges sur salaires les plus lourdes du monde, voient leur addition augmenter encore. Sans quoi, il faudrait augmenter considérablement soit les impôts locaux, soit le prix du billet de transport.

– Le plan de financement général du Métro Grand Paris fera largement appel à l’endettement public. Or, l’équilibre des opérations de la société du grand Paris semble reposer sur des hypothèses bien trop optimistes, tant du côté des coûts que des recettes. Tout dérapage constituerait évidemment une charge supplémentaire payée in fine par les contribuables, actuels ou futurs, dans un pays qui n’a vraiment pas besoin de cela.

On ne saurait mieux dire que les auteurs du rapport voient bien plus d’inconvénients que d’avantages au projet. Mais que préconisent-ils ?

Les préconisations du cercle des transports : 9 Mds au lieu de 43 !

Chiffres à l’appui, les auteurs montrent que l’offre de transports collectifs ferroviaires, en terme de densité d’offre théorique, n’est pas inférieure à celle d’autres grandes métropoles européennes (Londres, Madrid, Stockholm, Berlin, etc…), et que les problèmes d’engorgement sont principalement concentrés sur deux secteurs : la section centrale de la ligne A (la grande ligne Est-Ouest qui passe par La Défense), et certaines lignes de métro/RER nord-sud. En contrepartie, l’état déplorable du réseau et des procédures de gestion des incidents parfois archaïques rendent l’exploitation de l’infrastructure déficiente, au détriment du service rendu, plombé par d’innombrables retards, voire des annulations de trains qui créent de la congestion sur l’ensemble du réseau.

Les auteurs préconisent de ne retenir qu’une partie du plan d’amélioration des lignes existantes d’un coût de 16 Mds. Ils estiment notamment qu’investir sur l’automatisation des rames des lignes A, B et D du RER, avec quelques réparations d’infrastructures aujourd’hui déficientes, permettrait de résorber nombre de sources d’engorgement en augmentant la fréquence des rames, tout en réduisant les incidents liés à des défaillances de conducteurs. L’amélioration de la ligne de métro numéro 14, et le prolongement de la ligne E (“Éole”) vers la Défense, permettraient encore d’améliorer la performance du réseau, pour un coût d’investissement total de 9,5 Mds. Mieux encore, le coût de fonctionnement global du réseau augmenterait peu, et les auteurs préconisent d’améliorer la gouvernance des transports en supprimant la dualité SNCF/RATP pour supprimer de nombreuses causes de surcoût de fonctionnement aujourd’hui bien identifiées (comme la nécessité de changer de conducteur entre SNCF et RATP sur les lignes B et D du RER à la station “Gare du Nord », pour cause de signalisations incompatibles ! Véridique).

Ils suggèrent en outre de faire auditer le réseau d’Ile-de-France et son exploitation par les maîtres incontestés des grands opérateurs ferroviaires urbains, à savoir Tokyo, Hong Kong, ou Singapour, afin que ceux-ci puissent apporter des éclairages nouveaux que les auteurs du « cercle des transports » ont la modestie de ne pouvoir concevoir, étant eux mêmes conditionnés par leur passé “franco-français”.

Ces préconisations sont de bon sens, mais il m’est apparu nécessaire d’aller plus loin.

Conclusions personnelles : ce qui manque au rapport

Le rapport offre une perspective d’investissement à 10 ans rationnelle et finançable, qui me paraîtrait devoir être intégrée au moins partiellement à la plate-forme de tout parti politique raisonnable, indépendant des effets de mode, et soucieux du contribuable, qui se présenterait aux élections régionales de cette fin d’année.

Mais, comme toute la production française actuelle, il fait l’impasse sur les révolutions qui attendent le transport automobile dans les années à venir. C’est à mon sens un oubli majeur. Rappelons que malgré l’idéologie anti-voiture qui prévaut chez nos politiques, celle-ci reste le seul moyen de transport permettant de faire du porte à porte entre n’importe quel couple origine-destination. Que les inconvénients actuels de l’automobile soient vaincus (coût par km X Passager, insécurité, pollutions résiduelles, et congestion), et tous les arguments auto-phobiques seront renvoyés aux oubliettes. Or, c’est bien cela qui nous attend.

En effet, trois révolutions technologiques majeures vont se télescoper au début de la prochaine décennie :

  1. L’essor des voitures à très faibles émissions polluantes, voire totalement électriques
  2. Les voitures à conduite 100% automatisées, déjà en test grandeur nature en Californie, au Nevada, en Grande Bretagne, et prochainement en France, dont tous les constructeurs annoncent qu’elles seront opérationnelles avant 2020. Et quand bien même ce ne serait “que” 2025, le potentiel disruptif est énorme.
  3. Les applications de type “Uber”, permettant de héler aujourd’hui un “Véhicule de Tourisme avec Chauffeur”, permettront de héler des véhicules sans chauffeur, avec une incidence énorme sur le coût kilométrique.

Aujourd’hui, le coût kilométrique d’un taxi est compris entre 1,7 euros (Journée, Province) et près de 3 euros (Paris, tarif de nuit). Le coût de possession et de roulage total d’une voiture particulière est de l’ordre de 40 centimes du km (coût retenu par le fisc pour ses calculs). Le coût moyen par passager km des transports en commun (TC) à Paris est de 28 centimes, dont un bon tiers payé directement par l’usager.

Imaginons qu’au lieu d’acheter une automobile en arrêt les ¾ du temps, vous louiez, grâce à une application de type “Uber” de prochaine génération (commande vocale ?), une automobile 100% automatique, non polluante, connectée (en 2020, ce sera la norme), qui a très peu d’accidents (l’électronique bugue moins qu’un conducteur stressé moyen), et dont le taux d’utilisation, même hors de pointe, sera supérieur à 50% : Il est facile d’envisager une réduction du coût kilométrique en dessous des 28 centimes actuels des transports en commun. Plusieurs rapports ont évoqué un coût d’objectif inférieur à 20 centimes.

Mieux encore : ces véhicules se contenteront de vous déposer et d’aller chercher le prochain client, ou sinon, ils pourront se diriger vers des zones ou stationner. Prévoir une recharge ne consommera pas d’espace coûteux et ne ralentira pas le trafic des autres véhicules. Comme le même engin servira à plusieurs usagers, le nombre total de véhicules sera plus faible, réduisant encore la congestion. Bref, face aux TC, le transport individuel de génération 3.0 risque de se révéler fichtrement compétitif. On peut même imaginer que les algorithmes d’Uber perfectionnés, avec la puissance des ordinateurs de 2020, permettront à des loueurs de véhicules collectifs automatisés de taille moyenne de proposer des trajets semi-personnalisés à des groupes de 8-10 voyageurs habitant et travaillant aux mêmes endroits, à des tarifs parfaitement imbattables.

Naturellement, le tableau décrit ci dessus ne se mettra pas en place en quelques semaines, le temps de renouvellement du parc sera plus ou moins long, et certaines innovations plus lentes que je l’imagine à parvenir au stade mature. Mais la vitesse d’adoption des dernières avancées technologiques semble à chaque fois plus rapide que la génération précédente (Une ville des Pays-Bas va mettre prochainement en service une ligne de minibus automatisés…), et des développements auxquels je n’ai pas pensé pourraient les rendre encore plus spectaculaires. Il est donc urgent de se demander s’il est pertinent d’engager des milliards pour des investissement ferroviaires (le rail, tellement XIXème…) lourds qui entreront en service entre 2025 et 2030, voire plus tard, et rendront un service de toute façon plombé par les ruptures de charge, au moment où les véhicules automatisés connaîtront leur essor, ou s’il faut donner la priorité à des investissements d’amélioration de l’existant qui peuvent délivrer leur valeur ajoutée dès 2020 à 2025, pour 5 fois moins cher.

Un vrai programme politique pour une Ile-de-France ambitieuse, consisterait à combiner ces investissements raisonnables à une libération de l’offre privée de transport urbains concurrente du STIF, de façon à préparer la venue de ces transports de génération 3.0, et à reporter au moins la moitié de la charge de fonctionnement du STIF des entreprises vers la billetterie payée par les voyageurs, l’augmentation du “ticket voyageur” étant compensée par des investissement majeurs pour la qualité de service des transports existants, en attendant que l’inventivité privée, dans deux ou trois décennies, ne ferme (définitivement ?) la parenthèse ferroviaire publique.

Vincent Bénard.

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Sources citées

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10 juillet 2016 7 10 /07 /juillet /2016 15:31

On aura à peu près tout dit sur le Brexit, non seulement avant le référendum du 23 juin mais surtout après, depuis que l'on sait que les Anglais (évitons de généraliser en parlant des "Britanniques" afin de respecter le choix massif des Écossais en faveur du maintien) ont décidé de quitter l'Union Européenne.

Mais une fois l'émotion retombée, il faudra bien commencer à aborder les sujets qui fâchent, car un peuple, même manipulé par des politiciens aux ambitions populistes, ne décide pas de changer son destin de manière aussi brutale sans avoir de vraies raisons de le faire. Des raisons qui devraient inciter les institutions européennes à s'interroger sur leurs responsabilités, à commencer par le mépris avec lequel elles ont traité les inquiétudes des citoyens européens face à un monde croulant sous le poids d'une dette colossale qui ne semble jamais vouloir se résorber.

Ces inquiétudes, certains ont en revanche parfaitement su les exploiter outre-Manche, trouvant dans l'Union Européenne le coupable idéal de tous les maux de la Grande-Bretagne. Et finalement, lepopulisme comme le nationalisme aveugle auront eu raison d'un vieux mariage sans amour qui ne tenait plus que par les concessions que chacun des conjoints avait réussi à obtenir de l'autre. Un populisme dont les principaux instigateurs ont d'ailleurs avoué, dès le lendemain du référendum, qu'il s'était appuyé sur des allégations mensongères.

Néanmoins, l'Union Européenne est tout aussi coupable du Brexit, en raison de la politique du pire qu'elle mène depuis maintenant plusieurs années, notamment en matière financière, en réduisant tous les problèmes sociaux et économiques à de simples équations qu'il suffirait d'ajuster à grands coups deplanche à billets. Déjà en 2011, la monnaie européenne avait eu a souffrir des dérives financières révélées trois ans plus tôt par la crise de 2008, des dérives internationales (mondialisation oblige) dont Londres fut d'ailleurs souvent l'épicentre, ne serait-ce qu'en sa qualité de première place financière européenne (au passage, selon l'agence de notation Standard & Poor's, un cinquième de l'activité bancaire mondiale est réalisée à Londres).

Mais c'est bien l'arrogance de l'administration européenne qui a précipité le départ du Royaume-Uni ; une administration qui ne croyait pas un seul instant que les Anglais oseraient aller au bout de leur fronde et qui a sciemment poussé les marchés à anticiper massivement un maintien dans l'Union européenne durant toute la semaine qui a précédé le référendum. Comme pour rappeler que la démocratie directe, tout aussi symbolique qu'elle puisse être, n'était en réalité rien d'autre qu'un hochet que l'on tend aux peuples pour faire passer leurs caprices. Un dérivatif entretenant l'illusion de cette fameuse « liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes », mais qui ne faisait pas le poids devant le vrai pouvoir, le seul, celui de l'argent.

Sauf que le résultat est là, et non seulement les Anglais ont cassé la machine (à leur grande surprise, d'ailleurs) mais ils ont également réussi à ébranler les fondements-mêmes de l'Europe unie. Et l'une des premières conséquences de ce séisme institutionnel va sans doute se ressentir au niveau de laconfiancedes investisseurs, mais aussi des ménages, à l'égard de l'économie européenne. En effet, l'Europe ressort fragilisée de ce référendum, et la menace plane désormais de prochaines consultations populaires du même genre au sein d'autres pays de l'Union. Autant de raisons de douter de la solidité d'une construction qu'on savait artificielle dès le départ, mais dont on constate désormaisl'incapacité à maintenir simplement son unité ; une instabilité et une incertitude qui rejaillissent tout naturellement sur l'Euro, construction monétaire tout aussi artificielle contre laquelle de plus en plus de voix s'élèvent pour en dénoncer les effets pervers sur l'accroissement des inégalités.

En France, par exemple, un récent sondage OpinionWay/AuCoffre.com montrait que 81% des personnes interrogées considéraient que l'Euro avait contribué à faire baisser leur pouvoir d'achat. Dans les faits, on sait que la réalité mérite d'être nuancée, mais les peuples votent en suivant leurs émotions, pas leur raison. De la même façon, 3 Français sur 5 estiment que l'Euro est avant tout une monnaie créée pour favoriser la spéculation financière, ce qui revient plus ou moins à la rendre responsable de la crise qui mine notre économie depuis huit ans. Enfin, si seuls 32% des personnes interrogées vont jusqu'à souhaiter la mort de l'Euro pour revenir au Franc, ils sont toutefois aussi nombreux à redouter cette issue... tout en restant persuadés que l'Euro est condamné quoi qu'on fasse. Sachant qu'on ne parle pas forcément des mêmes personnes (ceux qui le souhaitent d'une part et ceux qui l'appréhendent d'autre part), il est possible que près d'un Français sur deux ne se fasse plus guère d'illusion quant à l'avenir de l'Euro.

À ce titre, même si elle était attendue, la brusque remontée du cours de l'or ne doit pas être considérée comme un simple jeu de vases communicants entre crise et valeurs refuge, mais plutôt comme le signe que le système monétaire actuel a atteint une certaine limite, tout au moins dans ce que les gens sont prêts à accepter. Une monnaie basée sur la dette peut avoir des avantages, en particulier le déverrouillage de l'économie, qui devient alors celle de tous les possibles, sans plus aucun plafond déterminé par une quelconque contrepartie "physique" à la richesse créée. Mais quand la dette s'emballe, quand la richesse ne sert plus les intérêts des citoyens et contribue au contraire à les appauvrir davantage au profit d'une élite de plus en plus riche qui ne reverse plus rien aux autres strates de la société (merci les paradis fiscaux), alors l'essence même de la monnaie fiduciaire, à savoir la confiance, disparaît. Ainsi le sondage précité montre que 60% des Français voudraient que l'Euro soit garanti par l'or présent dans les coffres des Banques centrales (par exemple la Banque de France) et 36% vont même jusqu'à affirmer que, selon eux, l'or constituerait une meilleure monnaie que l'Euro.

Quoi qu'il en soit, Européens nous sommes et Européens nous devons rester, ne serait-ce que parce que ce beau projet est né de la volonté de ne plus voir de guerres endeuiller le continent européen. Et, en dépit des attaques répétées envers notre unité (que ce soit de la part d'idéologies obscurantistes réfractaires à la modernité, ou au contraire émanant d'autres grandes puissances économiques qui agissent plus subtilement dans le but de conquérir notre marché commun), force est de constater queles nations européennes sont en paix les unes envers les autres depuis plus de 70 ans maintenant, soit la plus longue période de toute l'histoire connue. Rien que cela mérite qu'on fasse l'effort de préserver l'idée d'une Europe unie, d'autant plus que les jeunes générations se retrouvent totalement dans la plupart des valeurs communes d'une construction européenne forte, axée autour de projets ambitieux qui ne se contentent plus de gérer le présent mais préparent aussi l'avenir. Développement durable, économie collaborative, finances éthiques ou encore commerce équitable sont autant d'objectifs aussi nobles que fédérateurs, mais qui ne pourront pas voir le jour sans un environnement politique redevenu aussi respectueux que respectable.

Et il faudra aussi une monnaie forte, c'est-à-dire dans laquelle les gens auront retrouvé la confiance, adossée par exemple à une richesse tangible, perceptible et compréhensible par tout le monde. Mais cette monnaie ne pourra pas tout faire et il faudra peut-être accepter l'idée qu'au-delà de la devise supranationale, on puisse avoir besoin de monnaies complémentaires solides (donc, oublions lebitcoin) afin d'accompagner le développement d'économies locales, sociales et solidaires dont l'émergence aura été favorisée par un projet communautaire ayant enfin renoué le contact avec les peuples.

A lire "L’or, un placement qui (r)assure" : J-F Faure

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5 juillet 2016 2 05 /07 /juillet /2016 15:41

Avec l’interdiction de circuler qui frappe les véhicules immatriculés avant 1997, Anne Hidalgo fait preuve de plus d’idéologie que d’efficacité

La politique anti-voiture initiée à Paris en 2001 n’a toujours pas produit de résultats significatifs dans la lutte contre la pollution puisque, générant des embouteillages sans améliorer parallèlement l’offre de transports souterrains, elle congestionne sans fluidifier.

Plus qu’une mesure, une idéologie

Mais ces mesures sans cesse durcies sont devenues comme un réflexe identitaire chez les socialistes et les Verts parisiens. S’ils sont de gauche et progressistes, c’est parce qu’ils luttent contre l’affreuse bagnole, synonyme d’individualisme. La ville peut bien s’endetter et s’encrasser, au moins leur reste-t-il ce marqueur pour complaire à leur électorat de bobos qui envisagent sans trop de déplaisir de se contenter de Vélib’ pour aller de leur agence de com’ à leur appartement près du Canal Saint Martin. Non, je ne caricature pas, je les ai vus à l’œuvre comme élu parisien pendant des années …

Cet égoïsme paré des plumes du bon sentiment écologiste a été récupéré par des politiciens cyniques avec Delanoë et Hidalgo pour chefs de file. Gros problème : comme tout penchant dogmatique, il a tendance à se durcir et verser dans l’outrance et l’intransigeance à mesure que ses résultats font défaut.

C’est très exactement ce qui est en train de se passer avec la fermeture de la voie expresse rive droite qui sera la goutte d’eau qui fera déborder le vase des engorgements de Paris. Après tout, laissons Hidalgo faire : il est bon que ceux qui gobent sa propagande finissent par souffrir avec les autres.

Interdiction des véhicules anciens à Paris : une mesure anti-pauvres

Dernière facétie en date : l’interdiction des véhicules immatriculés avant 1997. Peu importe si leurs contrôles techniques révèlent qu’ils ne polluent pas plus que les autres. Peu importe surtout si rien n’est fait, une fois encore, pour offrir des solutions alternatives à leurs propriétaires. C’est la répression qui tient lieu d’action.

Qui en sont les victimes ? Tout le monde s’en est rendu compte, ce sont d’abord ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter des véhicules neufs ou plus récents. « Salauds de sans dents !», crie Hidalgo pour actualiser la formule de Gabin avec les mots de l’ami du peuple actuellement enkysté à l’Élysée.

Il leur faudra se contenter, s’ils ne peuvent plus se déplacer en voiture, de serrer les dents qui leur restent quand même dans des transports malcommodes. Ou de solliciter, s’ils ont quinze ans devant eux et du piston, un des logements sociaux que la mairie fabrique pour y parquer sa clientèle électorale. Sinon, bah … ils n’avaient qu’à être des bobos comme les autres.

Avec un peu de recul, on se dit qu’une fois encore cette engeance politicienne aura raté le virage technique et social qui se négocie sous nos yeux. Le transport individuel, via la voiture automatisée, est l’avenir ; le transport collectif, peu modulable, coûteux et syndicalisé, appartient au passé.

Croyant être innovants, Hidalgo et ses sbires sont en réalité ringards et en retard d’une guerre. Ils s’en prennent aux véhicules d’antan sans comprendre que la liberté qu’ils symbolisent et qu’il faut à tout prix respecter est le seul guide fiable pour élaborer les solutions du futur.

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